Forum de FilmDeCulte

Abram, jeune mécanicien de vingt ans, revient chez sa mère qui habite un village de Bavière.
Tous deux sont étrangers au pays. Bientôt les commérages empoisonnent l'atmosphère : on dit qu'Abram a été en prison parce qu'il est homosexuel, on l'accuse d'avoir eu des rapports avec un jeune débile mental. Les persécutions commencent par des quolibets et des remarques perfides. Quand Abram veut fuir, il est déjà trop tard.

Dans le genre film de meutes dans ce que ça peut avoir de plus purulent, c'est une découverte majeure à ranger à côté du cauchemardesque Réveil dans la terreur.
Un jeune libéré de prison pas tout blanc non plus retourne dans une société rurale de beaufs finis et se voit accuser d'être pédé. Niveau persécution morale c'est aussi funky que d'être coincé dans un ascenceur une heure trente entre Christine Boutin (qui déclare dans le dernier Optimum au fils Dorcel qu'elle veut réouvrir les maisons closes!) et Christian Vanneste. Toute la haine et les brimades ordinaires sont poussés à leur paroxysmes, se déchargeant contre un gamin simplet ou encore une fille qui s'est faite coller une étiquette de catin locale. Les parallèles avec des scènes de porcheries, où les cochons se bousculent pour aller béqueter dans leur auge avant d'aller se faire taser à l'abattoir, où de bovins qui copulent versus une scène de viol dans les champs, sont saisissants, jusqu'à une battue chasse à l'homme dans la forêt à grands coups de fourches et de hâches qui glace les sangs.

Zobculte!

5/6

Bon c'est décidé, demain j'y vais !

Ca déboite. Ce qui m'a le plus impressionné c'est la maîtrise totale de Fleischmann sur son sujet. Tout à l'air vraiment hyper minutieux comme le démontre la scène du porc, de son abattage à sa cuisson chaques actions est filmé comme s'il s'agissait d'un documentaire sur l'industrie alimentaire.
La portée du film n'est pas des moindre non plus puisqu'au delà de dénoncer l'homophobie encore bien installé à l'époque, c'est à une réflexion sur les dangers d'une norme et d'une morale trop bien ancré que veut nous mener Fleishmann.
Dans ce petit village rural refermé sur lui même (alors qu'il semble pourtant entouré de zones urbaines comme nous le fait comprendre des plans sur une autoroute ou sur des avions) la tranquillité est mise à l'épreuve à partir du moment ou l'un des leur est suspecté d'être différent, ne correspondant pas à ce qui peut être appelé la norme du village. Bafouant leur moral, c'est à dire celle de l'église qui juge explicitement l'homosexualité "contre nature", l'homme se verra donc rejetter par l'ensemble du village, sa propre mère comprise.
Les habitants semblent comme prisonnier du village : l'homme persécuté met longtemps à vouloir quitter ce port d'attache alors qu'il est de plus en plus en danger. Ou encore un étranger (Turc il me semble) qui a pourtant l'air victime du racisme des habitants ne se décide pas même à partir lorsque certains de ces compatriotes prennent le bus pour retourner chez eux. Il les quitte alors en pleur.
Cet enfermement est clairement montré comme malsain et semble rapidement être un danger pour ceux qui éprouverait une quelconque envie de liberté, que ce soit l'homme jugé homosexuel ou bien la jeune femme prostitué.

J'ai pensé à plusieurs films ou réalisateur pendant ou après la projection, que ce soit Bresson pour Mouchette, Peckinpah pour Chien de paille, Bunuel pour la première partie de son oeuvre ou même Haneke, on sent l'influence que le film à pu avoir ou a pu être.

5 (qui tend de plus en plus vers le 6)/6

J'ai trouvé ça très bon également et d'une noirceur absolue. Il y a un regard quasiment d'anthropologue sur ces villageois intolérants et détestables qui font des blagues salaces en dépeçant un porc et qui n'ont rien d'autres en eux qu'une vulgarité crasse et un regard limité au frontière de leur village et de ses moeurs acceptables (choc effectivement quand on découvre la route et ses voitures, comme l'impression que le reste du film se passe au 19ème siècle). Le cinéaste n'est vraiment pas tendre et ne cherche pas la main compassionnelle au milieu de tout ce cynisme poisseux et cet étouffement permanent. Tous sont perdus et le resteront. Et ceux pour qui on pourrait avoir de l'espoir finissent par, poussés par l'abrutissement de leurs congénères, à tomber aussi bas qu'eux, voire pire.
C'est un déséspoir total et physiquement effrayant qui contamine tout le film et qui le rend si fort. Incroyable qu'il soit si méconnu.
5/6

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