Forum de FilmDeCulte

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Nelly, une survivante de l'Holocauste revient chez elle sous une nouvelle identité. Elle part à la recherche de son mari, qui ne la reconnait pas et l'a peut-être trahie en la dénonçant....

Christian Petzold retrouve ses deux acteurs de Barbara, Nina Hoss et Ronald Zehrfeld, pour cette ébauche de film noir qui ne se sert de son contexte historique que pour mieux scruter une histoire intimiste reposant sur ces deux personnages. La première scène voit donc Nelly entièrement recouverte de bandages avant de se reconstruire un nouveau visage, évoquant immanquablement Les yeux sans visage de Franju. Pourtant même ensuite il ne sera finalement question que de cicatrices dans Phoenix, ces failles psychologiques béantes qui offrent à Nina Hoss un rôle renversant de pathétisme, dans cette femme dont le seul désir est de retrouver son mari qui ne la reconnaît pas et se sert de la vague ressemblance qu'elle lui évoque pour monter une arnaque visant à récupérer un héritage. Avec sa froideur clinique coutumière, Petzold délave le film d'après-guerre et le mélo dans les méandres d'un trauma fassbinderien parfois sursignifiant mais implacable d’ambiguïté, culminant dans un final déchirant comme un coup de poignard en plein coeur.
4/6

Le film noir mêlé à la mémoire des camps est quelque chose de totalement inédit, c'est donc d'abord le scénario qui m'a frappé dans Phoenix. Vraiment le sentiment d'être face à un grand scénario qui parvient le tour de force de faire du coeur de son intrigue "criminelle", une parabole sur le retour des camps, l'humanité qu'on y a perdu, le visage a jamais changé. C'est vraiment très fort. D'autant plus que Petzold semble se battre en permanence pour ne pas tomber dans le mélo, le pathos, la complaisance. L'histoire de Nelly au camp est résumée par exemple par une scène extrêmement simple et courte où elle raconte un souvenir précis (d'ailleurs pas vraiment un souvenir d'horreur même si l'image est frappante). Il y a dans le film une vraie économie, une forme d'efficacité sèche (le film ne dure qu'1h38) qui pourrait passer pour de la froideur mais qui au contraire, dans ses meilleurs moments, s'avère bouleversante.
Cette économie est poussé jusqu'au bout dans une dernière scène magnifique (très belle expression de DPSR au dessus "déchirant comme un coup de poignard en plein coeur") mais un peu frustrante, ne concluant rien ou presque du scénario entamé jusque là. Une manière de replacer à juste titre l'humain par dessus l'intrigue, l'Histoire par dessus l'histoire. Une manière de renaître également en tant qu'être humain après l'horreur absolue qui a tout emportée. La mise en scène de cette conclusion est magistrale

Un grand et beau film, Nina Hoss y est exceptionnelle (j'aime de plus en plus cette actrice).

4.5-5/6

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CroqAnimement votre

Heu, il y a déjà au moins the Good German de Soderbergh récemment, et surtout le remarquable "the Stranger" de Welles dès 1946, qui est justement un des premiers films à avoir montré des images réelles des camps au public.

L'unanimité autour de ce film
La filmographie de Christian Petzold est un véritable repoussoir, et ça fait au moins le quatrième de lui que je vois. Encore un téléfilm coincé du cul d'allemand. C'est d'un ennui, d'une lourdeur et d'un académisme absolus. L'histoire est complètement incroyable mais bon.

Ce qui est bien avec une critique de Caribou, c'est qu'on sait du premier au dernier mot qu'elle ne dira rien d'intéressant.

And he never fails to deliver.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je m'étais déjà fais avoir par Barbara. C'est pas déshonorant, tu sens l'écriture soignée mais c'est le genre de film super sage à la réalisation lambda et un beau sujet inexploité. Par contre,sa direction d'acteurs est son fort à Petzold mais je te rejoins sur le côté académique. En fait, je ne sais pas si c'est le bon terme. Si je compare dans le cinéma allemand avec un cinéaste génial comme Matthias Glasner (Le libre arbitre) ou Benjamin Heiseinberg (Le braqueur), tu as avec Petzold un cinéma très carré qui manque de folie et qui me touche très peu pour ma part.

Bah c'est justement la vision du Braqueur et de bons articles d'une certaine Amélie Dubois à l'époque dans et sur chronicart qui m'avaient donné envie de me lancer dans ce qu'on appelle (de manière un peu idiote et si je ne me trompe pas) "la nouvelle nouvelle vague allemande ou (de façon plus pédante) "l'école de Berlin". Tous les films, même les meilleurs, que j'ai pu voir ont en commun une morgue et un sérieux franchement rebutants et qui font même froid dans le dos. Des films qui affectionnent les histoires d'adultères (Sous toi la ville) ou les errances sans buts, avec un malaise uniquement petit-bourgeois et une vision de la réalité involontairement sinistre.
De Petzold, j'ai vu Jerichow, une adaptation du Facteur sonne toujours deux fois avec ce qui ressemble à quelques références à Que la Bête Meure, Yella, vendu à l'époque comme un thriller hitchcockien (comme veut l'être Phoenix), mais qui ne m'a laissé aucun souvenir. Contrôle d'Identité qui raconte à peu près la même histoire qu'A Bout De Course de Sidney Lumet et qui fait un joli usage de "Hang On To A Dream" dans sa première scène, mais bon, c'est pas vraiment intéressant.
La direction d'acteurs est correcte mais toujours dans le même genre, dans ce jeu en sourdine, vraiment chiant. J'ai pas l'impression que Nina Hoss propose quelque chose de nouveau de film en film.
Là dans son dernier on a le droit à une chute genre Inconnu à cette adresse inversée, c'est complètement invraisemblable mais le film est surtout monstrueusement chiant. Film qui veut éviter le mauvais goût à tout prix mais racoleur finalement.
Aucune prise de risque dans ce cinéma.
J'avais trouvé Dealer de Thomas Arslan pas mal. Et un autre des ses films qui raconte une rencontre amoureuse dans le tramway je crois, mais au bout de trois, voire deux films c'est insupportable.
Angela Schanelec, pareil, chiant et sinistre à mourir .Everyone Else de Maren Ade, pareil, même si j'avais trouvé ça pas mal à la sortie.
Mortellement ennuyeux, en plus d'être sans queue ni tête, Bungalow, Montag, et Schlafkrankheit, les films de son copain. Pris dans son ensemble, le manque d'imagination de ce cinéma est effroyable, et ce n'est pas une apparence de rigueur, notamment dans les cadres, qui va l'en sauver, au contraire.
Mais tu me donnes envie de tester Le Libre Arbitre (ce titre ferait pouffer mon cher Todd Solondz, et même Hal Hartley ne l'aurait pas osé).

Va sur Le libre arbitre,c'est le genre de mélodrame qui ne laisse pas insensible. Soit tu rejettes, soit tu adhères et c'est le film qui te bouscule et te prends aux tripes. En tout cas, on ne peut pas dire que c'est le film qui ne prends pas de risques vu le pitch et la scène d'ouverture. Par contre, ça doit être dur à trouver.
Il y avait aussi un film allemand récent vu à Beaubourg dont je ne me souviens plus le nom. C'était l'histoire d'un flic allemand qui était battu par sa femme à la maison. Si tu le retrouves, je te le conseille, c'est mieux que Le braqueur (que j'aime bien sans plus).

Ouais je vois de quel film tu parles, même si j'ai oublié le titre aussi; ça avait l'air pas mal. Je crois que je me souviens de l'acteur principal dont je le retrouverais facilement.
Mais je te jure ces gens-là savent pas sortir du fait-divers traité cliniquement. C'est grave. Même s'il y a quelques petites velléités d'en sortir, d'où ma qualification de "coincé du cul". Bon, je serais presque aussi critique avec la production d'auteur française et américaine dans ses grandes lignes.

Bon Ok tu devrais aimer Le libre arbitre.

J'ai chopé un torrent là. La durée est un peu rebutante mais je te vais te faire confiance .

Beau film auquel il manque un je ne sais quoi dans la mise en scène - du nerf sans doute. Nina Hoss est parfaite et le final déchirant.
4-5/6