Forum de FilmDeCulte

aka Contrat sur un terroriste.

Ne rien connaître d'un film donne lieu à d'excellentes surprises quand même.

Le style de Duguay, entre stylisation kitsch venue des eighties et violence baroque à la Peckinpah, est affirmé dès la séquence d'ouverture. La caméra s'élève dans un mouvement de grue plongeant dans un Paris en toc et ancien qui ne fait pas mystère de son matte painting représentant de part et d'autre de l'écran le Sacré-Coeur et la Tour Eiffel. Des gémissements proviennent d'une chambre d'hôtel (?) dont la fenêtre est barrée par des planches de bois et une toile d'araignée, fausse elle-aussi. On ne verra rien de l'accouplement qui s'y déroule alors que la caméra s'alanguit sur un lit où se trouve juste une femme nue, avant que ne surgisse à l'arrière plan, devant la fenêtre celui qui l'instant d'avant était avec elle. Pour aller plus vite, le mec nu enfile une perruque, revêt une fausse moustache, sort, demande du feu à Donald Sutherland attablé à la terrasse d'un bar, va à l'étage (encore ces plans plongeant à la verticale que semble affectionner Duguay) et balance une grenade au milieu de la foule.
Concision, stylisation, art de la litote, que des choses qui me prédisposent très favorablement en faveur du film et peu importe que son esthétique ait un peu vieilli.
Puis j'apprends que ce type représente Carlos, le terroriste fameux, et donc qu'il se passe dans les années 70. Je vais faire court, c'est un excellent film d'action, avec cet exotisme qui fait l'attrait auprès du public de James Bond par exemple, mais un exotisme qui semble mérité, même quand il est gratuit et aléatoire (pourquoi l'entraînement se déroule-t-il à Montréal ? Parce Christian Duguay est originaire de la ville et le film est une coproduction canadienne) : la poursuite qui est censée se passer en Libye, tournée probablement en Israël, a quelque chose de viscéral qui annonce le tournant stylistique du film d'action qui aura lieu d'abord avec Bourne puis avec le Bond de Craig sans doute et qui entretient en même temps certains liens avec le cinéma hong-kongais de l'époque, assez influencé par Peckinpah. Aidan Quinn excelle dans son double-rôle et le film a une sorte d'amertume qu'on s'attend plus à trouver chez un John Le Carré que chez Ian Fleming. Je crois que j'aime aussi qu'il prenne son temps, l'exposition dure quasiment une heure, où le film ressemble à un film de braquage ou de sport, en suivant les étapes classiques du recrutement et de l'entraînement en vue de réaliser la mission du titre. Il est bien secondé par, quand même, Donald Sutherland, dont le sourire crispé, toutes dents apparentes, est quand même impayable et Ben Kingsley. Le portrait essentiellement psychosexuel de Carlos est marrant et peut-être pas tout à fait débile quant à ce qu'il dit de l'attrait exercé par certaines figures de ce genre.

Découvert en salles et ça m'avait vraiment fait croire à Duguay, après l'efficace sous-The Thing qu'était Planète hurlante et avant le sous-Mission : Impossible qu'était L'Art de la guerre. Puis après il a fait l'innommable The Extremists et on s'est dit au revoir.

J'en garde un excellent souvenir mais je ne l'ai jamais revu. J'ai un peu peur aujourd'hui de le revoir.

Mais j'adorais le pitch, les persos, le cast...

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Quelle étrange carrière d'ailleurs, de films d'horreur DTV canadiens (Scanners II, Scanners III) aux films d'action de série B américains au ciné (Explosion immédiate), aux téléfilms historiques (Jeanne d'Arc, Hitler, Coco Chanel, Anna Karénine), pour finir en France avec des "classiques" pour enfants et seniors (Jappeloup, Belle & Sébastien 2, Un sac de billes).

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J'ai vu que tu mettais un 4,5 dans tes souvenirs. Ce serait intéressant de savoir si ça a le goût de madeleine... Je note après Color of Night quelques épisodes marquants mais pas assumés sur le long terme.

Pourquoi pas assumés? Je parle d'un ressenti d'époque mais j'ai pas revu les films depuis longtemps. Je suis honnête.

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Parmi les films qu'on aimé dans sa jeunesse, il y en a qu'on assume plus ou moins à cause de préjugés qui se surimposent a posteriori (oui c'est un paradoxe).

Bah là de base, pour ce film ou Color of Night, ce sont même pas des films que j'avais acheté en VHS (alors que j'avais acheté par exemple des Souviens-toi l'été dernier, The Arrival ou Sex Crimes que je n'ai jamais racheté en DVD parce qu'entre temps, mes goûts avaient changé) donc je ne les avais pas non plus aimé tant que ça.

Y a des choses qui se font naturellement et non pas à cause de l'opinion générale.

Je défendrai toujours Jumper.

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L'âge joue mais peut-être pas autant que l'époque.
C'est d'ailleurs un peu le principe du film culte: le film de qualité sans être un chef d'œuvre mais dont la personnalité lui permet de palier ses propres défauts et surtout le temps.

Perso, j'ai découvert The Warriors ya 15 and, sans en connaître le statut et de la part d'un gars de ma génération mais dont j'étais plutôt méfiant niveau goût, me le présentant comme son film préféréà 12 ans, sans parler de la jaquette du truc. Je m'attendais à une vraie daube alors que c'est très bon.

Ou récemment, Bernie que j'ai vu et revu à l'époque. Je ne suis pas vraiment sûr de vouloir le revoir, par peur que la magie n'opère plus justement. Mais je l'ai conseillé à un gars de 25 ans qui a adoré. Gars dont un des films préférés est Battle Royale (et qui kiffe la prélogie SW et aime bien Marvel).

Je pense plutôt que l'a priori "j'ai adoré plus jeune mais bon depuis pour x raisons c'est plus hype" n'a pas plus de valeur que "j'ai adoré plus jeune, j'adorerais toujours".

Je pense plutôt l'effet inverse : l'époque poussait à penser que c'était bien alors que non. Ça m'a fait ça avec Besson en cherchant à voir tous ses films alors que je ne les aimais pas vraiment, voir pas du tout (Le Grand Bleu, Subway argh). mais sans l'assumer. Jusqu'au 5e élément quoi.

Bon, après ya des trucs comme les Goonies ou Harry Potter. On peut objectivement reconnaître les qualités des films mais vraiment aimer ça passé un certain âge, c'est qu'on a raté un truc dans sa jeunesse.

Je me disais que ce message était trop sensé et puis est arrivé le dernier paragraphe et j'ai retrouvé mon disasterclassiste sûr.

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C'est amusant car je pensais précisément aux Goonies - le découvrir à l'âge adulte risque de provoquer un ennui poli.

Le découvrir tard, oui. Il y a nombre de films du même genre que j'ai découvert trop tard et qui ne sont pas cultes pour moi alors qu'ils le sont pour d'autres, genre Le Secret de la pyramide (pour citer une autre prod Spielberg à bon concept écrite par Columbus et réalisée par un bon faiseur).

Et il y a des films cultes d'enfance que tu revois à la baisse en grandissant, genre Explorers ou Hook pour ma part.

Mais Les Goonies n'a jamais bougé chez moi. Je n'en fais pas un chef-d'oeuvre mais je le trouve parfait dans ce qu'il entreprend.

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Mais graaaave... Remarquable tentative de condescendance bien grasse (je dis ça mais j'ai sans doute raté un truc dans ma jeunesse du coup)

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Netflix les gars, Netflix.

Quand j'écris "vraiment aimer", c'est dans le sens de développer un rapport affectif à ce genre de film. Ce qui n'empêche pas de reconnaître leurs qualités.

Après, je n'ai jamais vu les Goonies en entier. Je crois que c'est la famille de méchants qui m'a saoûlé alors que j'aurais très bien supporté la bande de gamins même passé l'âge permettant l'identification facile.

Quant à HP, je n'en ai vu que la moitié du 1er,et des bouts des autres par ci par là, mais j'avais vraiment trop l'impression d'avoir vu 100 fois ça avant, avec le héros outcast et sa destinée là. Zzzz.
Et les échos de l'univers me donnent vraiment l'impression d'une compile d'éléments culturels, très certainement brillamment agencés, mais qui, ouais, si passé 20 ans, ça répond à une demande, c'est qu'on a été sevré d'histoires de donjons, dragons, de sorcières, de mythologies pendant son enfance. ReZzzz
À la limite, ça peut être plaisant de le regarder comme un jeu de piste (et j'imagine avec assez de malice pour aussi surprendre de temps en temps et les CGI qui vont bien) mais sur des machines de 2h30 RereZzzz.Dixit le mec qui pourrit Princesse Mononoké.
Après désolé mais si vous tombez tout seul dans la caricature "les Goonies, totem des adultes ayant grandit dans les années 80", faut pas s'étonner d'être victime de condescendance bien grasse. Le gras, ça donne du goût moins.
Balancez donc le film à n'importe quel pubère qui ne l'a jamais vu gamin et rapportez donc l'expérience de son kiff.

Je ne dis pas que les gamins d'aujourd'hui seraient incapables d'aimer les Goonies (quoi que je l'ai vu il y a une dizaine d'années dans une salle blindée de gamins et ils étaient euphoriques et hilares, mais bon) , mais dire que si on continue d'aimer c'est qu'on a raté quelque chose dans sa jeunesse, c'est juste euuuuh
...Complètement con ?
Et je suis le premier à trouver la seconde partie plus faible hein. Mais ça reste un excellent divertissement.

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Netflix les gars, Netflix.

Toi aussi, va pas falloir t'étonner d'être victime de condescendance bien grasse.


Merci. T'es remboursé par la sécu?


C'est toi qui dresse cette caricature. Moi je dis juste qu'aimer Les Goonies, peu importe l'âge de la découverte, ne signifie pas qu'on a raté quoi que ce soit dans sa jeunesse.
Quand je lis ce genre d'âneries, je ne me sens pas victime de condescendance, je me sens spectateur de présomptions péremptoires infondées.


Manges-en davantage alors.


On s'en bat les couilles? On s'en bat les couilles.

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