Forum de FilmDeCulte

Un architecte américain est invité à Rome pour réaliser une exposition sur une de ses idoles, l'architecte visionnaire français Etienne-Louis Boullée. Stourley Kracklite arrive avec sa charmante épouse Louisa. Obsédé par son travail, il souffre de maux de ventre et devient paranoïaque tandis que sa femme se tourne vers un jeune architecte italien.

Encore une réussite pour Greenaway qui a le mérite ici d'être plus accessible qu'à l'accoutumé sans perdre pour autant une miette d'éclat et d'intelligence dans son propos et son art. Bien qu'il n'ait pas encore rompu avec Nyman, il a avait embauché cette fois-ci Wim Menters à la musique et on est loin d'y perdre au change puisque la BO est à tomber. Autre caractéristique de ce film chez lui, il est porté du début à la fin par une prestation d'acteur plus centrale. Brian Dennehy, célèbre trogne de second plan, voit ici l'occasion de se défouler comme jamais et c'est en totale adéquation avec la jubilation de cette farce esthético-tragique. On y retrouve dans une variation différente le piège artistique de "Meurtre dans un jardin anglais", ici associé à une obsession où corps et décors, art et vie, se rejoignent de façon troublante et maladive. La plus belle séquence est sans doute celle où Kracklite redécouvre les péripéties du film, pris en photos de l'extérieur et affiché comme une frise le long d'un mur, on se sent complètement abolit dans ses repères avec un cinéaste qui touche sans mot dire à quelque chose de très poignant.

5,5/6 (Lambert Wilson cause presque à lui seul le demi-point en moins)