Assez étonnant le début de l'Argent des Autres, mélange entre le film français à sujet en triple (affairisme UDF-RPR[*], dénonciation de la finance mais en demeuranr dans la fascination de son pouvoir et de l'aisance matérielle, pyramide de Ponzi et malaise des cadres, aliénation subie non.pas par le dominé mais le parvenu), une distribution énorme et oecunémique (Trintignant, Deneuve, Serrault, Brasseur, François Perrot le vrai second rôle, Raymond Bussière mais aussi dans des petits rôles Juliet Berto ou Michel Delahaye et Liza Braconnier proches de Vecchiali et Diagonale), et quelque chose qui lorgne sur le thriller dystopique et métaphysique ou ce que Karloff appelle le film-cerveau, dans lequel le sujet se perd mais aussi se libère façon Seconds de Frankenheimer, Mickey One de Penn ou Conversation Secrète de Coppola et derrière cela l'ombre d'Orson Welles, peu tenté en France (sinon par Resnais et Rivette). Le montage est dirigé par une belle musique à la Ligeti, d'un inconnu, Patrice Mestral, qui fait passer celle de 2001 pour du Jacques Demy. Il y a même un passage animé entre the Wall et Picha, habilement intégré de façon diégétique.
Malheureusement une fois la situation exposée ce dispositif (qui marchait bien) s'efface et laisse place à un récit en flashback soigné mais beaucoup plus linéaire et convenu, fonctionnel (en plus d'être incohérent :
) et ronronnant, où l'enjeu est moins de lutter que de prouver l'aliénation, car elle donne au personnage une importance historique et un prestige social rétrospectifs: il n'est reconnu que de ceux qu'il a d'abord désiré de l'extérieur (pour un bourgeois : la gauche des jolies syndicalistes plus actives que sa femme et des juges fatigués).
En conservant le rythme de la première demi-heure tout le long il devançait Darren Aronofsky de 20 ans.
[*]mais un des perso s'appelle Cahuzac lol
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