Allez je balance l'interview d'Excessif ici...Vive Mocky
http://www.excessif.com/news.php?13454&page=6
Dans le supplément de Litan, on peut voir la bande-annonce où vous faîtes un bras d’honneur en citant John Boorman et Brian de Palma. Qu’est ce qui s’est passé à Avoriaz, cette année-là ?
Dans le jury du festival d’Avoriaz, il y avait quatre personnes. Il y avait John Boorman, Brian de Palma, Georges Lautner et je crois Edouard Molinaro. Le film se déroule. Et pendant que le film est diffusé, parce que le jury est avec les spectateurs, figurez-vous, mon cher, qu’ils ricanaient comme des baleines. Alors, à la fin de la projection, Lautner se lève et fout une paire de baffes à l’autre là, je crois que c’était De Palma parce que je n’étais pas là. Je ne vais jamais aux projections, j’ai peur quand je suis dans la salle. Lautner était en colère et se demandait comment on peut rire aussi bêtement du film d’un confrère. Ce n’était pas déontologique. Alors j’ai eu la récompense suprême : Spielberg a trouvé le film très bon et l’a acheté. Ça a été ma revanche. Mais je dois dire que Brian de Palma est un personnage odieux. Je l’ai noté. Vous savez, comme je ne suis pas quelqu’un de prétentieux, je ne supporte pas Tavernier, je ne supporte pas Boorman, je ne supporte pas David Lynch et je ne supporte pas celui que je supporte le moins, c’est Théo Angelopoulos. Alors celui-là, n’en parlons pas ! Ce sont des gens qui se croient tout permis…
Ce qui me fait rire pour revenir à David Lynch. Les gens ne comprennent pas ses films mais ils y vont quand même. Un jour, j'étais avec Alain Resnais. Il venait de réaliser L’année dernière à Marienbad. Resnais est un homme extraordinaire qui faisait des films que lorsqu’il ne comprenait pas le scénario. Alors, il a dit une fois à un journaliste, et Alain déteste les journaleux ; alors, je me souviens qu’on était avec ce fameux journaliste dans un café qui existait à côté du Normandie. Puis il y a le journaliste très intellectuel qui lui dit qu’il y a un chat noir et un chat blanc dans Hiroshima mon amour. Lui il acquiesçait puis quand le type est parti, il m’a dit : "J’ai jamais mis de chat dans mon film". En tous les cas, il ne l’avait pas remarqué. Alain est quelqu’un de très pince-sans-rire. Un jour, il y avait L’année dernière à Marienbad qui se jouait au Publicis. Pendant que le film est projeté, il y a Alain qui vient me chercher dehors et qui me dit : "viens voir !". Alors, on est descendu dans la salle, puis il y avait des gens qui ronflaient et l’ouvreuse tapait sur l’épaule des gens pour qu’ils se réveillent (rires). Les spectateurs s’étaient endormis tellement ils se faisaient chier mais ils y étaient allés parce qu’il fallait aller le voir. Resnais savait très bien que c’était chiant comme la pluie. C’est ça qui est génial avec Alain, c’est qu’il fait des trucs terriblement emmerdants tout en le sachant. C’est ça qui est beau. Je sais qu’il apprécie beaucoup mes films parce que ça le fait rire. Les journalistes ne se permettront pas de dire que ses films sont chiants alors que Resnais en est parfaitement conscient qu'ils sont fastidieux. Parfois, il ne comprenait même pas ce qu’ils écrivaient. C’est l’une des plus belles rencontres que j’ai faite de ma vie avec Billy Wilder qui était un homme remarquable. Fritz Lang, quelle merveille aussi. C’étaient des personnages !