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Les héros sont fatigués



Pour moi, la première histoire d'un film ou d'une série, c'est l'évolution d'un personnage. À quelques exceptions près, je n'aime pas les héros de fiction qui sont figés.
Dans le 5° Mission Impossible (§ top Mission Impossible), j'ai trouvé que certaines scènes d'action ne fonctionnaient pas aussi bien qu'elles le devraient. Je l'attribue au fait qu'on a vu Ethan Hunt accomplir trop de choses extraordinaires dans les films précédents. On a usé le héros. Un problème que j'ai rencontré avec plusieurs franchises. Devant un James Bond, il m'est souvent arrivé de penser : 'cette poursuite est pas mal, dommage que ce soit un James Bond. Dans un autre film, ça aurait été super'. Quand on a vu une vingtaine de James Bond, le perso de 007 est tellement usé qu'il devient un handicap pour le film (financement mis à part). On s'en tamponne le coquillard de le voir pour la cinquantième fois faire des prouesses en bagnole ou avec un flingue. Pourtant, les premiers James Bond qu'on voit sont souvent distrayants : les aptitudes et l'aura d'un super héros dans un être humain normal, plein de gadgets cools, et les méchants finissent entre 4 planches. Mais au bout de quelques opus, 3 ou 4 dans mon cas, on se lasse. Le personnage évolue peu, voire pas du tout. Quel mal y a-t-il à ce qu'un personnage n'évolue pas ? Mêmes émotions signifie peu ou prou même type de relations et mêmes situations. Malgré les efforts des producteurs et les changements d'acteur principal, les films de James Bond présentent entre eux beaucoup de similitudes.

Hélas pour les scénaristes, un personnage qui évolue est difficile à concevoir. S'il change, il ne colle plus à tout un tas de situations. La chute de Matrix 1 est géniale, mais tu es bien emmerdé quand tu essaies d'écrire un combat non ridicule pour le 2. Donc, les scénaristes figent souvent le héros dans ses aptitudes et sa situation générale. La suite peut alors reprendre tous les ingrédients du premier. Un nouveau vampire pour Blade, un nouveau terroriste pour John McClane, une nouvelle chasse au trésor pour Gates. Aprés l'excellent Mission Impossible 3, les producteurs ont rebooté Ethan Hunt en un athlète suicidaire et sans attaches, en gros James Bond. Ça peut marcher deux ou trois fois. Mais au-delà ? Terminator 5 est un mélange soigné du 1 et du 2, mais le problème, c'est qu'on a déjà vu le 1 et le 2.

Un écrivain a le même problème. Un personnage qui évolue beaucoup entre la première et la dernière page est une des marques distinctives des grands bouquins. Mais c'est difficile à faire. Dans les romans à héros récurrents, les polars par exemple, l'auteur renonce à faire évoluer le personnage principal et le fige : métier, finances, centres d'intérêt, personnalité etc. C'est facile à écrire (le héros est indéfiniment compatible avec le même style de scènes), souvent agréable à lire, mais le lectorat sent qu'il manque quelque chose.
Autre stratégie, le récit choral. Exemple : le trône de fer. Chaque personnage n'a que 5 scènes par tome. Chaque tome tourne sur une douzaine de personnages "limités" chacun à 5 scènes. Heureusement, cette stratégie d'écriture est rare au cinéma. Les films qui s'en servent en payent le prix en se privant d'un personnage principal fort, dont on partage les émotions et l'itinéraire.

Quelques héros qui présentaient des signes de fatigue au 4° volet ou qui se sont sagement arrêtés au 3 : L'arme fatale, John McCLane, Bourne, Indiana Jones, Benjamin Gates, Marty McFly, Jack Sparrow, Blade, Spider-Man (Maguire), Iron Man, Wolverine, Ripley, Harry Potter, Matrix, Karate Kid, Underworld, Mad Max (Gibson), American Pie.

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Tennis de Table Bordeaux

144 suites seraient actuellement en préparation
http://www.denofgeek.com/movies/movie-s ... -the-works

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Mec qui change le titre de son topic pour faire croire qu'il est intéressant...

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Netflix les gars, Netflix.

4 films avant se lasser des suites?
why not, mais on n'est pas tellement avancé.

Rotary, c'est quoi ce topic qui enfonce des portes ouvertes?

C'est un spin-off de mon top Mission Impossible


en particulier les producteurs de James Bond et de films de super-héros

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Abyssin, je te présente Rotary.

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Netflix les gars, Netflix.

Les franchises ciné ne sont pas les seules à échouer sur ce problème de l'évolution du personnage principal. Les séries télévisées ont le même souci pour la même raison.



The Americans montre un couple d'espions du KGB vivant sur le fil du rasoir aux États-Unis. Elle communiste convaincue, lui désillusionné. Au début de la saison 1, on leur impose subitement de risquer leur vie dans des missions mal préparées. Comment chacun va-t-il évoluer ? Cette épreuve va-t-elle souder le couple ou le détruire ? On a la réponse à la fin de la saison 1. Les deux persos changent et trouvent un nouveau modus vivendi. Ensuite le feuilleton laisse la place à une simple série d'espionnage, une mission par épisode, persos principaux plus ou moins figés et story arcs poussifs. La saison 1 est ce que j'ai vu de mieux à la télévision en 2013. Les 2 saisons suivantes, bof. Même si la réal est impeccable, l'évolution des deux personnages principaux était la clé de la réussite de la saison 1. Du moins, c'est comme ça que je le vois.




The Good Wife montre une femme qui a été percutée par un train, au sens figuré. Un des plus hauts magistrats de l'Illinois est incarcéré pour corruption. En prime, révélation publique de ses infidélités. L'héroïne est sa femme. Pour gagner sa vie, elle doit reprendre sa carrière d'avocate abandonnée 15 ans plus tôt. Elle a presque tout contre elle. Son âge, le fait de démarrer au bas de l'échelle dans un grand cabinet. Tout le monde espère qu'elle échouera, collègues, avocats de la partie adverse, juges.
Dans le style mouton qui se dote de crocs, la première saison est formidable. Quoique désabusée et déprimée par le naufrage de sa vie privée, l'héroïne développe une combativité réjouissante qui étonne tout le monde.
Le souci, c'est qu'après 15 épisodes, il n'y a plus d'évolution possible. L'héroïne a terminé sa métamorphose et gagné ses combats. La série se poursuit sur 5 autres saisons d'intérêt décroissant, en essayant de trouver un second souffle sur des persos secondaires certes excellents. Mais on s'en branle. Ce n'est pas ce qu'on a acheté. La série a épuisé son concept initial.

Hart of Dixie reprend peu ou prou la situation de Doc Hollywood. Même souci d'évolution du personnage. Au bout de 5 épisodes, le rat des villes est devenu un rat des champs. Tenir 5 heures sur le concept d'un film d'1h30 est déjà honorable. Une fois que l'héroïne s'est adaptée aux bons et aux mauvais côtés de la pittoresque petite ville, la série perd son seul moteur intéressant et devient un soap poussif.

Justified débute avec un marshal classe, roi de la gachette dans un crypto-western. Le héros est muté dans un bled perdu où le taux de mortalité des criminels ne tarde pas à faire un bond. Pendant une saison, il y a des ajustements nécessaires de part et d'autre. Mais ensuite, le perso principal a tout donné. Les saisons suivantes offrent des persos secondaires de qualité et des intrigues policières plus solides. Mais le héros n'évoluant plus, on tombe dans du Un épisode, une affaire criminelle. Ça perd de son intérêt.

Certains producteurs ne tentent même pas de faire évoluer le personnage principal. Les personnages principaux sont autistes (Les experts), perpétuellement dans le même état d'esprit (The Glades) ou tellement nombreux qu'ils ont chacun trop peu de métrage (The wire). Le résultat ne m'a jamais convaincu.
Pour moi, le génie de Breaking Bad est d'avoir su faire évoluer le personnage sur 5 saisons en respectant la formule de départ, un homme bon sur un chemin vers l'enfer pavé de bonnes intentions.

À chaud comme ça, la seule exception que je vois à cette règle de l'évolution du perso principal, ce sont les comédies.

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