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MessagePosté: 31 Jan 2024, 20:15 
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Oui, l'info sur la famille catho pratiquante explique les remarques sur mes films et rêves de "détraqué" (ou était-ce "déviant"? je sais plus).

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 22:58 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?
Je suis issu d'un milieu qui me semble assez proche de ce qu'Art Core décrit, mes parents étaient artisans dans un tout petit village de Normandie, les racines de mon arbre généalogique jusqu'à ma génération ne devaient pas s'étendre à plus de 20km du noyau central. Ni mes parents ni ma sœur n'ont le bac, mes grands parents étaient agriculteur et livreur laitier. Culturellement, c'était musette le dimanche matin et revue de jardinage + quotidien local pour ce qui est de la lecture. Je pense donc m'être effectivement émancipé de leur milieu, géographiquement, professionnellement et culturellement (surtout culturellement en fait).

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?
Culturellement avec évidence comme une ascension. Pour le reste je ne possède rien, je ne fraie pas avec des personnes de milieux aisés, bien qu'ayant un salaire confortable je n'ai pas forcément l'impression d'une quelconque ascension vis-à-vis de mes parents (qui ont passé leur vie à gérer leur argent de manière bien plus modérée et intelligente que je ne le fais).

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?
Absolument pas. J'étais un gamin curieux et studieux, le premier de la classe par excellence (je connaissais toutes les capitales du monde à 8 ans, un vrai petit chien savant). Jusqu'au jour où j'ai compris que les premiers de la classe n'avaient pas bonne presse. J'ai commencé à reculer vers le fonds de la classe, à devenir passablement odieux avec certains professeurs, tout en continuant à assurer en sous main pour que les résultats scolaires ne s'en ressentent pas trop. Au lycée j'ai commencé à angoisser face aux étapes du passage à l'âge adulte qui semblaient se présenter à moi et pour lesquelles je ne me sentais absolument pas prêt (je considère en fait ne pas avoir eu d'adolescence, avec tout ce que cela sous-tend), j'ai donc choisi la solution de facilité de poursuivre le plus loin possible les études pour y échapper : succès partiellement couronné de succès (j'ai échappé in-extremis au service militaire). Pour se faire, plutôt que de m'orienter dans une voie qui m'aurait plu (l'histoire par exemple), j'ai choisi celle qui me semblait à la fois la plus simple et m'offrir le plus de possibilités futures. C'est à peu près la seule ligne directrice qui m'a conduit jusqu'au doctorat. En gros, tout cela n'est que le résultat d'une fuite perpétuelle.

Sinon pour en revenir à l'aspect culturel, j'ai heureusement toujours eu la même curiosité, je ne me suis jamais contenté de ce qui me procurait du plaisir sur l'instant, je cherchais à comprendre pourquoi certains réalisateurs ou auteurs avaient une certaine reconnaissance alors que de prime abord ils m'emmerdaient, je me suis donc continuellement poussé en dehors de ma zone de confort pour comprendre, avec plus ou moins de réussites.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?
Beaucoup moins qu'à une certaine époque, où je les détestais viscéralement (parce que je les jugeais pleinement responsable de mon malheur). Je pense que mon père a d'une certaine manière mal vécu que je poursuive mes études aussi loin, qu'il le prenait comme une sorte de défi à son encontre (alors que c'était toute la fierté de ma mère). Moi à l'inverse je leur en ai voulu, longtemps, de ne pas m'avoir préparé à la vie adulte. Ce qui rétrospectivement me semble assez antinomique avec ce que j'ai vécu, puisque j'ai pour ainsi dire toujours été livré à moi-même. J'en étais arrivé à la conclusion que face à une absence totale d'autorité, je m'en étais construit une mentalement totalement castratrice. L’absence total d'amour filial ressenti n'a pas non plus aidé (le mot amour n'est certes pas celui que l'on lâche le plus facilement dans les campagnes normande, personnellement je ne l'ai jamais entendu).

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?
Mon rapport avec ma sœur et identique à celui que j'ai avec mes parents. Le reste de la famille, j'en vois encore très peu. Les amis d'enfance, comme j'ai passé ma vie à fuir, j'ai aussi passé ma vie à recycler mes cercles d'amis en fonction des époques.


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MessagePosté: 01 Fév 2024, 09:49 
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En tout cas excellente idée de topic, c'est passionnant tous ces récits.

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MessagePosté: 01 Fév 2024, 10:16 
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Je cherchais pas forcément à faire remonter les rancoeurs et les traumas non plus.


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MessagePosté: 01 Fév 2024, 10:42 
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Je viens d'écrire à ma mère pour lui demander pardon.

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MessagePosté: 01 Fév 2024, 10:59 
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MessagePosté: 01 Fév 2024, 12:17 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Economiquement, c'est assez difficile à dire. Ma mère ne travaillait pas. Mon père gagnait très bien sa vie, d'autant que nous habitions en banlieue où le coût de la vie n'était pas forcément très élevé. Il devait avoir à peu près le même salaire que moi aujourd'hui, mais dans les années 80, donc un pouvoir d'achat deux ou trois fois plus élevé, qui nous permettait de partir un mois aux USA en plein mois d'août deux années de suite, de partir une ou deux semaines à Courchevel chaque année, ou d'aller même passer deux semaines à Hawaï en 88... Mais tout le fric était dépensé, sans exception. Nous n'avions pas un sou de côté.
De mon côté, j'ai un salaire plus bas (ramené à l'inflation), mais je suis propriétaire à Paris, avec très peu de dépenses. J'ai assisté à un tel gâchis de fric, et j'ai eu de telles difficultés à mon démarrage dans la vie active (par ma faute, par ma flemme, sans doute), qu'aujourd'hui ma principale préoccupation financière est la sécurité. Donc dans un sens, sans parler d'élévation ni d'abaissement, je fais tout l'inverse d'eux : j'économise, je place, je compare les prix. Je dépense, bien entendu (paire de chaussures encore hier), je vais au resto, dans des bars, j'achète des fringues ou des BR. Mais je profite par exemple des réductions que je peux trouver. Ca ne viendrait pas à l'esprit de mes parents de chercher sur Internet un bon de réduction de 10 ou 15% pour le nouveau frigo, ou pour la voiture de location cet été. Ou de réserver un billet de train ou un appart en Airbnb six mois à l'avance pour profiter des meilleurs tarifs. Un collègue (assez fortuné d'ailleurs), m'avait dit il y a peu qu'il "ne comprend pas ces gens qui aiment tant claquer du fric". Lui part en week-end à l'autre bout du monde trois les deux mois, pour assister à un tournoi de tennis ou une connerie comme ça, mais les billets et les hôtels sont réservés aux meilleurs tarifs près d'un an à l'avance.

Culturellement, nous allions beaucoup au cinéma (quasi toutes les semaines dès l'âge de 3 ans), mais je me suis vite détaché des films familiaux. Pour mon père, un film réussi est un film qui a du succès.
Par contre, mes parents ne lisaient quasiment pas (un peu plus aujourd'hui), donc rien à voir avec moi. Là où je les rejoins, c'est niveau peinture, théâtre, photographie, danse, musique... Mes parents étaient du genre à visiter la statue de la liberté plutôt que le MOMA. J'avoue que j'en ai moi-même rien à foutre de tout ça. Mes collègues sont allés au Louvre la semaine dernière, avec des places payées en notes de frais, je les ai rejoins directement après pour le resto.


Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Je ne sais pas. Plutôt comme une fierté de ne pas avoir suivi le schéma famillial, même si dans un sens, j'occupe comme mon père un poste confortable qui n'est qu'alimentaire. Là où je suis assez content, c'est d'avoir su (récemment) éliminer une bonne partie des envies inutiles. Déjà il y a quelques années, j'avais arrêté (comme beaucoup ici) de payer le prix fort le jour de leur sortie des BR que je n'avais pas le temps de voir, et qui seront en tarif réduit dans six mois. Mais je me suis rendu compte assez récemment que l'argent ne me servait pas à grand chose, à part à assurer cette fameuse sécurité. Que concrètement, si demain on me donne un million, je ne sais pas quoi en faire pour me faire plaisir. Je les place, je les sécurise, je les donne à mon fils, je les partage avec mes parents et ma soeur, mais concrètement, pour moi, je n'ai envie de rien : pas de voiture, pas de bâteau, pas de vacances dans un palace à l'autre bout du monde.... Eventuellement 10m² de plus, mais que ferais-je de 50 ou 100m² de plus.
Ce discours là est absolument inentendable pour mes parents.


Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?

Oui c'était conscient. Quand j'ai eu ma première "vraie" petite amie, j'ai halluciné devant le nombre de livres chez eux, ou devant la façon dont les choses (et l'argent) étaient gérées. Et pourtant ces gens avaient et dépensaient du fric.


Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Une barrière oui, vu que pour eux la réussite se mesure à l'argent gagné et à ce qu'on possède. Mon salaire correct et mon appart sont pour eux des marqueurs de réussite. Mais ils ne pigent pas que je n'ai pas de voiture, que je prenne si peu de vacances (ou que je parte l'été dans un appart réservé six mois à l'avance), que j'achète mes fringues ou les cadeaux de Noël sur Vinted...


Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?

Ma famille pense comme mes parents. Ils ne sont pas dans la sécurité, chacun de mes cousins en est à sa douzième SARL créée (enfin, certains ont aussi des postes plus stables). Quand une boite fait faillite, on en monte une autre. Dans un sens, c'est admirable. Mais seul le fric (dépensé si possible) compte, il n'y a rien d'autre.

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MessagePosté: 01 Fév 2024, 16:37 
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Ah, comme Cosmo, mes parents n'ont jamais placé d'argent, s'il y en avait, il était dépensé, il l'était parfois même inexistant. Je suis plus beaucoup plus prudent.

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MessagePosté: 01 Fév 2024, 18:27 
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En même temps c'est une autre époque, avec une inflation haute mais plus de croissance que maintenant, sans doute aussi une meilleure protection sociale, mais des crises monétaires que l'Euro a malgré tout permis d'atténuer (L'Euro est d'ailleurs une protection face à Poutine qui, s'il n'existait pas, ne manquerait pas de jouer par des leviers boursiers, ou gaziers ou bien par le jeu du change une monnaie européenne contre l'autre, sans doute en défaveur des plus grands pays de l'UE).
Claquer pouvait se comprendre.

Personnellement mon père est assez avisé pour inverstir. J'ai un sentiment mitigé : ses enfants en bénéficient, mais c'est aussi une forme de pouvoir sur eux, et induit une certaine psychologie, à la Balzac.
Si j'avais de l'argent, je trouverai plus intéressant de tenter d'en faire une entreprise que de la placer dans l'immobilier, la part de risque (mais aussi de fun) est plus grande, et les retombées collectives plus importantes. Sociologiquement et politiquement les entrepreneurs sont en fait bien moins conservateurs et moins spéculateurs que ceux qui investissent dans l'immobilier ou les rentiers (qui sont plus ménagés que les premiers par le discours politique à droite mais aussi à gauche, la sociologie éléctorale et la mentalité françaises étant ce qu'elles sont).
Récemment j'ai emménagé dans un assez grand immeuble dont le rez-de-chaussée est tenu par de petits commerces indépendants, et dont la plupart des propriétaires des étages visent la localion et la plus value à la revente, et c'est marrant de voir dans les A.G de copropriété la différence de mentalité et de discours entre les deux catégories, vraiment une sorte de clivage gauche-droite, une mini lutte des classes locale mais nette.

Mais cela ne correspond pas à mon tempérament (ni à l'histoire de ma famille paternelle), et c'est un peu trop tard vu mon âge. Dans le domaine où je bosse le plus réaliste serairt d'assumer la partie informatique et SIG d'un bureau d'étude environnemental, mais c'est un type de société bien particulier, de taille réduite, à forte valeur ajoutée mais à perspective de croissance faible, plutôt intéressant et même nécessaire socialement, mais très lié aux commandes du secteur public plutôt qu'au marché (et que la montée du climatoscepticisme politique menace fortement) - mes clients seraient sans doute plus ou moins mes employeurs actuels (qui ont il est vrai, malheureusement, intérêt à externaliser ces type d'activité, surtout si elles marchent bien au plan technique paradoxalement).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 01 Fév 2024, 22:13 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Oui, dans les souvenirs que j'ai gamin/ado des conversations de mes parents concernant leurs salaires, dans les alentours de 10000 francs par mois, je suis dans ces eaux-là. Un peu plus suite aux revalorisations salariales dans mon milieu depuis le COVID, mais loin du double. Je suis devenu propriétaire plus jeune qu'eux, mais grâce à leur aide financière. Ils se sont organisé niveau épargne au cours des 20 dernières années pour garantir que mon frère, ses enfants et moi ne manquions de rien quand ils ne seront plus là. De ce point vue, ils sont tout sauf représentatifs du cliché du boomer flambeur qui ne se soucie pas des générations suivantes.

Il y a toujours eu beaucoup de livres à la maison (des classiques du côté de mon père, des polars du côté de ma mère), beaucoup de VHS, puis beaucoup de DVD, sans non plus que ce soit sacralisé. Ils ont toujours été très musées, quelque chose que je n'ai jamais apprécié peu importe ce qu'ils contiennent. Comme mon père a longtemps travaillé pour un grand groupe hôtelier en tant que formateur pour les équipes de direction, il avait droit à des tarifs dérisoires, ce qui nous permettait de partir en vacances sans que cette partie du budget n'entre en ligne de compte. Donc plein de voyages plus jeune. Je voyage forcément moins maintenant, faute de temps (et c'est dur d'avoir des vacances en même temps que Madame), mais à chaque fois c'est du lourd et on se met bien.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Ascension non, et puis il faut dire que je ne suis pas très ambitieux professionnellement. Ou plutôt que mes ambitions portent plus naturellement vers une amélioration de mes compétences plutôt qu'une promotion, même si l'on m'y pousse. A la rigueur une reconversion professionnelle. Déclassement non plus, financièrement ma femme et moi sommes dans la classe moyenne, dans des carrières qui ne casseront jamais la baraque, avec le même niveau vie que mes parents il y a 20 ans. Mon frère par contre est ingénieur, sa femme aussi (poste à responsabilité dans un ministère), propriétaires à Paris depuis un bon moment, et leur crédit immo est fini. Tous les deux sont de bons exemples d'ascension économique et professionnelle.

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?

C'est un luxe de ne pas avoir ou ressentir la pression de devoir faire mieux que ses parents (ou que qui que ce soit d'autre). Je cherche sans doute à reproduire la sécurité de ce que j'ai connu, et limiter les risques. C'est vraisemblablement de la reproduction inconsciente de conditions que je considère instinctivement comme "idéales" : stable et sans excès, avec un budget adapté à nos dépenses.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Oui, il y a des incompréhensions majeures qui subsistent, notamment en termes de choix de communication. Ma mère est une éternelle prisonnière de névroses et angoisses en lien avec une enfance difficile, carencée. C'est une excellente gestionnaire des ressources de son foyer, et une bonne planificatrice, très dévouée au bien-être matériel de ses enfants. Mais niveau rapport à l'autre, c'est un sac de noeuds, avec beaucoup de dépendance affective, une terreur du vide et du silence et une obsession pour le contrôle (qu'elle compense avec sa générosité materielle, qu'il faut aussi canaliser). Très intrusive, intolérante à l'incertitude. J'ai longtemps lutté contre ça. Je pourrais dire que ça n'a servi à rien car elle n'a pas changé d'un iota, mais en réalité ça m'a considérablement endurci et rendu apte à naviguer les eaux troubles de la féminité toxique, y compris dans mon travail. Mon père est atteint d'Alzheimer, et la profonde tristesse que cela suscite chez moi m'a aidé à me faire une raison. L'important c'est d'être là autant que possible. Chacun ses démons. Ma femme me compare souvent à lui, elle retrouve chez moi son calme, sa gentillesse, l'humeur égale et la dévotion qu'il a pour ma mère malgré tout. Si je ne me compare pas particulièrement, je fais confiance à son regard extérieur.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?

Mon frère et moi on se voit aux repas de famille, sans plus. Pas fan outre-mesure de ma belle-soeur, ni de sa famille à elle. Je trouve qu'ils manquent de sincérité, sont un peu sans gêne, sûrs d'avoir les bonnes opinions sur un peu tout, ils s'écoutent parler peu importe le sujet. Surtout, ils s'incrustent. Je ne trouve pas ça assez grave pour en parler, donc de là à parler de barrière... Ma femme et moi on traîne de plus en plus des pieds pour noël, mais bon. Très attaché à mes oncles et tantes aux US, qui vieillissent loin et vite, ce qui m'attriste aussi.

J'ai un ami d'enfance (ça remonte à la sixième), on se voit plus trop souvent, mais à chaque fois c'est un plaisir renouvelé. Malgré la culture corporate qu'il a développé en bossant, on a toujours 12 ans quand on se capte. Les autres sont plus des potes de lycée, avec des amitiés classiques au long cours, qui supportent l'épreuve du temps. Celui qui était le plus en difficulté au lycée, et le plus rabaissé par nos profs, est devenu enseignant et prépare un doctorat sur la Révolution. Il ne desespère pas de retrouver notre prof d'histoire-géo de Terminale qui lui mettait la misère pour l'humilier à son tour, et c'est sans doute la plus belle histoire d'ascension sociale que je connaisse (même si elle est probablement morte).

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MessagePosté: 02 Fév 2024, 09:18 
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Antichrist
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Mes parents étaient tous les deux fonctionnaires dans une petite ville de province (Yzeure)... Petit pavillon avec prêt sur vingt ans, premier voyage en avion à la retraite (d'ailleurs j'hallucine toujours comment le voyage en avion est banalisé par les Parisiens, si vous avez été aux Etats-Unis pendant votre jeunesse, vous êtes plus riches que ma famille, c'était juste inconcevable pour nous). Economiquement, j'ai donc progressé avec mon appart à Puteaux, les voyages que j'ai faits, les loisirs... Par contre, j'ai une voiture pourrie, et aucun produit de luxe.

Culturellement, en revanche, je ne suis pas sûr. Mes parents sont des rats de bibliothèque, j'ai l'impression qu'ils ont tout lu (les classiques je veux dire), et même si je suis plus cinéphile qu'eux (enfin on va dire que j'ai vu plus de films), dans ma famille, tout le monde est super cultivé et depuis longtemps (ma grand-mère était la première directrice d'école de Saint-Eloi les Mines et la bibliothèque de la ville... c'était chez elle).

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Une ascension... géographique. Ma plus grande hantise avant le Covid était de retourner vivre à Moulins.

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?
Oui conscient, je suis monté à la capitale dès que j'ai pu. Après le métier que je fais doit beaucoup au hasard mais je serai devenu un cadre culturel quelque part, je pense.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Non, pas tant que ça. Quand j'interviewe un réal inconnu du grand public, Rolf de Heer par exemple, ma mère sait de qui je parle (alors que mes collègues non).

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?[/quote]

Le reste de ma famille non, les amis d'enfance, ça dépend, économiquement un peu oui, ceux qui sont restés à Moulins sont clairement largués , culturellement c'est plus incertain (mais c'étaient déjà des mecs cultivés au collègue/lycée en opposition aux gars qui faisaient du sport, ceci explique cela).


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MessagePosté: 02 Fév 2024, 09:29 
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Et est-ce qu'ils savent "quoter" correctement ?

Sinon, oui, clairement au niveau de l'avion. Quand quelques rares copains d'école prenaient l'avion, c'était pour retourner voir leur famille, au bled (et encore, pour certains le voyage se faisait en voiture), au Viet-nam, aux Antilles, etc. Et c'est bien après que je me suis rendu compte de l'envie que devaient susciter nos voyages.

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MessagePosté: 02 Fév 2024, 09:37 
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On est partis deux ou trois fois en Grèce pour les vacances (père né à Athènes), en voiture bien sûr ! De très bons souvenirs lors de ces longs périples... L'avion était effectivement inconcevable.

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MessagePosté: 02 Fév 2024, 09:51 
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Sir Flashball
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Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
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Karloff a écrit:
j'ai donc progressé avec mon appart à Puteaux,


La truth est TELLEMENT dans l'oeil du beholder. :lol:

(grave la flemme de répondre)

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MessagePosté: 02 Fév 2024, 10:12 
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Ah yes, un petit coup de fil de la banque après leurs mails et SMS qui m'intime de renflouer mon compte débiteur depuis plus de 60 jours sinon mon dossier sera transmis au service Recouvrement.

Je vais demander à mes darons s'ils ont connu ça et je vous dis.

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