L'école des facteurs (1947) 4,5/6. Je ne retrouve pas ici le Tati que j'adore, encore trop influencé par le music-hall dans ce premier court-métrage. Mais ça reste vraiment bon dans l'ensemble.
Jour de fête (1949) 5,5/6. Les passages dans l'esprit de "L'école des facteurs" ("Hélicoptère !") ne me font guère rire mais toute la douce atmosphère du film me réchauffe le coeur. Ce village d'après-guerre, ces enfants qui jouent, ces petites ritournelles, ces vieux gentils, ces animaux ... Et ces couleurs ! Un portrait superbe de la "vieille France" qui paradoxalement n'a pas trop vieilli, contrairement à certains films de la même époque (ou aux derniers films de Jean-Pierre Jeunet, hihihi) qui collent des expressions impossibles dans la bouche des paysans ...
Les vacances de monsieur Hulot (1953) 6/6. Début des choses sérieuses : après les "petites" expériences passées, Tati commence réellement à penser sa mise en scène. Le film est un vrai régal pour les yeux et pour les oreilles. Et puis en plus d'être un enchaînement ininterrompu de gags, le film baigne tout du long dans une douce mélancolie. Je ressens un vrai sentiment de plénitude à chaque fois que je le vois.
Mon Oncle (1958) 6/6. La profonde humanité, l'humour doux et la mélancolie des "Vacances ..." se retrouvent ici, cette fois-ci accompagnée d'une ironie féroce vis-à-vis de cette modernisation à outrance, qui selon moi ne rend absolument pas le film réactionnaire contrairement à ce qu'on a pu dire ... Et puis à chaque vision je suis toujours sidéré par la modernité du film. "Mon Oncle" ne fait clairement pas son âge et figure presque comme plus moderne que tous les glands qui aujourd'hui disent réaliser des films "tatiesques" (c'est à dire avec une petite ritournelle, un chien et un grand personnage gaffeur qui ne parle pas, lol). La mise en scène, le montage, le travail sur le son atteignent des sommets, c'est immense.
Playtime (1967) 6/6. Parce qu'on ne peut pas mettre plus. Ca fait longtemps que j'essaie d'écrire une critique dessus pour ensuite pouvoir la poster sur le forum mais je n'y arrive pas, j'en viens toujours à parler de ma vie et du hasard qui m'a miraculeusement conduit vers le film, que j'ai acheté 30€ en dvd (une fortune pour moi, à l'époque, et d'ailleurs depuis je n'ai jamais mis plus d'argent dans un seul film) en étant quasi certain que ça allait devenir mon film préféré. J'ai l'impression que "Playtime" a été fait pour moi. Quand j'ai déménagé à Paris en avril, la rétrospective Tati à la Cinémathèque commençait. Tati et son "Playtime" m'accompagnent absolument partout. Je l'ai vu des dizaines de fois, je continue toujours à remarquer des gags et à être impressionné par la beauté majestueuse et hors-normes et par la force tranquille de ce film sans ascendance ni descendance ...
Trafic (1971) 5/6. Quelques scènes respirent le génie mais globalement je suis un peu gêné par le manque de rigueur formelle et les concessions faites par Tati. En même temps je ne lui en veux pas dans le sens où c'était un film de commande fait se relever après l'échec de "Playtime". Cette "libération" permet également la présence de scènes assez curieuses pour du Tati, qui font que le film mérite tout de même qu'on s'y attarde : gros plans, découpage rapide, le tout sur des riffs de guitare électrique ...
Parade (1974) 4,5/6. Un film très curieux, tourné en vidéo, où Tati refait ses numéros de mime de jeunesse avant de laisser la place à des enfants qui jouent ... Un vrai-faux spectacle filmé, formellement bien différent de ses précédents films (gros plans, mouvement de caméra, etc.) et vraiment étonnant dans l'ensemble. Intéressant, j'avoue le surnoter un peu, rien que pour les numéros de mime et le chant du cygne de ce vieux cinéaste qui avait tout perdu.
Forza Bastia (1978) 5/6. Avant toute chose, merci à "So Foot", meilleure revue du monde par ailleurs, qui a offert le dvd du film, introuvable, avec un numéro spécial. Je n'attendais rien de ce court-métrage documentaire basé sur la finale de coupe d'Europe de 1978 à laquelle Bastia participait, et pourtant, à nouveau, Tati m'a cueilli comme par magie. Tati fait à nouveau preuve de son grand sens de l'observation et choisit de nous montrer des images de la ville en fête, des supporters d'abord heureux puis désabusés ... La fin du film est une fin dans la lignée de ses précédents films : mélancolique. Du vrai Tati, un vrai bonheur ...
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Le fait qu'il n'est jamais pu réaliser son projet "Confusion" est un de mes plus gros regrets de cinéphile. Un film sur la manipulation des images, avec des scènes "objectives" tournées comme celles de "Mon Oncle" et "Playtime" et des scènes en vidéo qui auraient "exagéré" le réel ... Et puis des courts-métrages au sein du film, des doubles de monsieur Hulot partout (j'avais même entendu que Tati rêvait de tuer monsieur Hulot au tout début du film, et un imposteur ensuite aurait pris sa place ...). Wow. Comme quoi il était loin d'être un vieux papy sénile à la fin de sa vie.
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