Ta réponse est bien devéloppée Tetsuo et je m'excuse d'avance mais je vais répondre que rapidement ici ou là sur certains points vu que ce débat, j'ai l'impression, a déjà été mené 717 fois depuis 3 ans...essentiellement pour ça que j'aurais pas du répondre parce que ça tourne un chouille en rond...
Tetsuo a écrit:
Pas vraiment. Les Cahiers et Mad, qui furent les premiers à le défendre, ne sont pas trés tendre avec lui aujourd'hui...
Ok. Mais va sur allociné pour ses 3 derniers, la tendance est très nettement très positive. Je parle d'un accueil général. Quand on voit ce que Mad porte aux nues à côté...j'aime bien le lire mais c'est pas toujours LA référence. Bref je ne donne pas plus d'importance à leur changement qu'aux autres avis. Et pour
Big Fish,
Charlie et
Les Noces, l'accueil critique et public a été très bon. Après ça c'est juste un point de la discussion, quelque part on s'en fout un peu, mais c'est surtout sur le net qu'il y a "revirement".
Tetsuo a écrit:
Je ne pense pas que ce soit tout à fait ça. Je dirais plutôt que son univers gothique retranscrivait son pessimisme et sa vision cauchemardesque de la vie américaine moyenne (entre autre). Maintenant toutes ces figures tournent un peu à vide, notamment parce qu'il a complètement changé de discours (voir plus bas). Tout ça n'est devenu qu'une formule, une signature comme le dit Noony, qu'il appose a ses film comme une marque de fabrique à la disney. D'où le reniement de soit et le fait que certains qui l'adoraient hier le vomissent aujourd'hui.
J'ai du mal en fait avec ça. Pourquoi ces figures tourneraient-elles à vide
parce que le discours a changé? Le discours évolue, Burton raconte autre chose. C'est la même personne, qui évolue. Des figures voisines, avec un autre éclairage, un autre but. Ca approfondit davantage son oeuvre que ça ne la vide, à mes yeux.
Big Fish apporte vraiment une perspective intéressante par rapport aux thèmes de son oeuvre. En quoi
Big Fish renie t-il
Edward? Il y a une évolution sur le point de vue, mais ils ne se renient pas. Au contraire, les deux se complètent parfaitement.
Tetsuo a écrit:
Je ne crois pas non plus que ce soit vrai. Je pense même au contraire que les marionnettes font parties du "folklore burtonnien", et qu'elles contribuent à vendre son univers. Corpse bride est le symbole même de cette évolution vers un cinéma de figure vide : car s'il n'était pas fait en animation image par image, il n'aurait strictement aucun intérêt (sachant qu'il en a déjà bien peu). Tout ne repose que sur cette virtuosité technique accompagnée d'un visuel estampillé "Burton", là où Nightmare se trouvait une "âme" dans son envie de boulverser les institutions établies de Noël, bref, dans le fait d'avoir une raison d'être.
Bon ça c'est vraiment histoire de taper dessus pour se décharger. On s'en fout des buts lucratifs d'un film non? Tu connais des réals qui font leurs entrées gratis, qui travaillent juste par amour de l'art? C'est pas un mal qu'un film fasse de l'argent. C'est un mal que ça soit sa priorité principale? Moui - si le film est mauvais (tu penses qu'il l'est...bien). Mais, et du coup ça va vite tourner en rond, s'il veut du pognon, son
Corpse Bride, il ne le fait pas avec des marionnettes, folklore burtonien ou pas. Il fera jamais les 200 millions de
Charlie ou de
Batman avec ça.
Batman, c'est du gros blockbuster des familles, bien fait pour amasser du pognon...il n'y a que ça qui l'intéressait donc déjà il y a 12 ans? Voilà ce genre de débat m'intéresse pas, surtout quand l'argument tient sur la pointe des pieds.
Corpse Bride a ses faiblesses mais ça me semble évident que le film part du désir de retenter l'expérience de Jack, avec plus de moyens, et lui en réal. Après on peut voir tout en noir aussi mais je ne partage pas ce point de vue.
Après le débat sur il pose juste sa signature pour le pognon...je trouve ça profondément inintéressant parce qu'il n'y a pas vraiment de possibilité intéressante à débattre là-dessus. On peut dire la même chose d'un
Miami Vice - Mann pose sa signature formelle sur une possible franchise qui peut rapporter un MAX de pognon, avec un scénar' un chouilla prétexte...ce que je ne pense pas. Mais on peut prêter toutes les intentions qu'on veut à quelqu'un si on le veut bien.
Tetsuo a écrit:
Pour ma part je crois plutôt que Burton a finit par se rendre compte de son statut d'auteur et qu'il a commencé à prendre tout ça trés au sérieux. Il est maintenant soucieux de mettre en valeur ce qui fait son originalité au détriment d'une vraie inspiration (et sa coupe de cheveux symbolise un peu cet état d'esprit). Quand on y pense, son cinéma n'est pas trés cinématographique, mais essentiellement basé sur la direction artistique, ce qui expliquerait pourquoi il n'arrive pas à se renouveler.
Désolé, c'est peut-être réducteur, mais théoriser par rapport à la coupe de cheveux d'un réal, c'est vraiment la fin là. Le cinéma de Burton n'est pas très cinématographique, se limite surtout à la direction artistique...ce n'était pas déjà le cas au début, si cela est vrai? Sa mise en scène n'a pas spécialement changé. C'est essentiellement un vrai talent de conteur, avec une sensibilité qui lui est propre, et un univers poétique, où effectivement, la direction artistique joue beaucoup. Après c'est une question de point de vue, je trouve qu'avec un
Big Fish, il y a un net renouvellement par rapport à tout ce qu'il a pu faire avant. Moins visible dans
Charlie mais le film est davantage "cloisonné" dans le travail d'adaptation, et dans
Corpse Bride qui n'est qu'une récréation.
Tetsuo a écrit:
C'est peut-être parce que c'est une parfaite adaption du roman original que Charlie et la chocolaterie est un film douteux. Le bouquin de Dahl était moraliste et réactionnaire (avec un petit relant nauséabond de colonialisme avec l'histoire des Oompa Loompa) et Burton ne fait rien pour le détourner, il va même plutôt dans son sens...
Je comprends ce point de vue, mais je ne vois pas les choses comme ça. Déjà la première chose, mais je tombe sûrement des nues tout seul, j'ai jamais entendu une seule fois de ma vie pas si longue mais quand même, que le bouquin de Dahl était réactionnaire. J'ai commencé à entendre ça au moment du film dans une critique de Chronicart ou Technikart je sais plus. Après ça s'est multiplié comme des Gremlins...mais peut être que ça se disait déjà avant.
Je trouve, mon petit point de vue, que les choses sont beaucoup plus simples que ça. C'est un conte avec des figures purement bouffonnes, un humour bouffon. Que Burton saisit à fond avec notamment la mise en scène des chansons...y'a pas de discours sur le colonialisme là-dessus, c'est pas le sujet du film. On voit simplement une vignette avec Depp qui imite Villeret dans la Soupe aux choux à travers un personnage mi-connard egoïste qui veut se servir des bonshommes pour son usine. C'est quand même purement de la farce quoi, y'a pas de discours exaltant le colonialisme...
Tetsuo a écrit:
Les gamins y sont stygmatisés en raison d'un défaut apparent (dont la gourmandise et la curiosité, bonjour le seuil de tolérence !), n'hésitant pas à tomber dans la caricature le plus rance (la représentation des japonnais, le gros allemand glouton, les pastiches des Oompa).
Ce qui est stigmatisé à mes yeux c'est plutôt l'enfant roi qui obtient tout de ses parents démissionnaires. Pas de quoi en faire un précepte d'éducation - le pb c'est justement que certains voient ça dans le film. Mais un motif à une farce méchante. Le film (et le livre) n'explique pas qu'il faut noyer les enfants. Pourtant on le voit dans le film.
Quant à la représentation des Japonais...désolé Tetsuo, et c'est pas personnel, mais non quoi. Je viens à l'instant de revoir la séquence, tu as:
1. un plan sur la ville. De nuit.
Tout semble normal2. Un travelling avant vers une vitre derrière laquelle des gamins, aux gueules normales (c'est à dire pas grimaçants ou avec des têtes de "cons de jap" si c'était la démonstration)
3. Contrechamp sur la nana à la caisse, qui appuie sur le bouton
4. Retour sur les gamins, tout le monde s'engouffre
5. Les plaquettes sont dévalisées.
Tu as EXACTEMENT la même scène pour New York. Y'a t-il une caricature rance de la New Yorkaise, et si oui, pourquoi n'en parles tu pas, et pourquoi on reste sur "caricature des Japonais"? C'est des images d'Epinal. Comme le président français dans
Mars Attacks, avec son bureau en face de la Tour Eiffel. On contextualise à partir de deux détails rigolos. C'est quand même pas du Philippe Candeloro qui dit d'une Japonaise qu'elle va pouvoir bouffer du riz quoi.
Ces séquences illustrent la folie consommatrice et absurde qui s'empare du monde entier, sur le ton de la farce. C'est pas une peinture du peuple japonais par ses clichés quoi...
Tetsuo a écrit:
Seul s'en tire le fadasse Charlie parce qu'il a le bon goût d'être heureux parmis les siens, malgré sa pauvreté. En gros l'amour familial protège de tout même de la misère. Je trouve ça, personnellement, indécent et écoeurant de divulguer de pareils discours.
Ok (je trouve Charlie fadasse aussi). C'est vrai que pour ma part, je ne trouve pas le discours du film, tel que je le vois, indécent et écoeurant donc je sais pas...