une histoire en mode balek, la terre va rentrer en collision avec jupiter (!) et il faut éviter ça. destructions et héroisme sont au programme ensuite.je n'ai jamais cru aux chiffres du box office chinois, ni quand les trucs américains faisaient des chiffres délirants, ni quand ils se sont effondrés. mais en revanche, certains points sont incontestables : le développement du cinéma là-bas, leur appétence pour les gros blockbusters us, puis le développement des blockbusters locaux.
du coup j'ai essayé d'en voir quelques uns, je trouvais ça marrant. j'avais vu l
a brigade des 800, qui était chouette ressemblait fondamentalement à un film de guerre occidental (avec quand même de l'action guerrière decomplexée qu'on trouverait sûrement de mauvais goût ici, et surtout un patriotisme chinois totalement exacerbé qui serait carrément de la science fiction et serait fraîchement accueilli sur les réseaux sociaux). mais aussi
funeral killers réalisé par... renny harlin, et qui était un pur actionner américain basique des années 90 - bien nul. et
skyfire, film catastrophe à mi chemin entre jurassik park et le pic de dante, réalisé par... simon west.
et j'en avais conclu qu'ils n'avaient pas tant développé des blockbusters locaux que des contrefaçons chinoises de blockbusters américains, avec une méthode qui a fait ses preuves des économies en voie de développement : 1. importer le produit 2. faire venir des talents étrangers sur place pour acquérir le savoir-faire 3. le faire soi-même, en moins bien peut-être mais osef.
et
wandering earth est l'étape 3 du processus, puisqu'ils se sont passés de roland emmerich pour faire cette énorme rolandemmericherie (pendant que lui se plantait avec
moonfall, l'occident est vraiment mal barré). ça m'a tapé dans l'oeil à l'occasion de la sortie du 2, sorti cette année avec beaucoup de succès en chine et qui sort bientôt en blu-ray chez les jokers - ça se plantera donc sûrement. (et ça dure 3h !).
et l'imitation est vraiment parfaite. le petit twist est que l'histoire se situe
après l'effondrement climatique, lorsque l'humanité vit dans des galeries souterraines alors que la terre a été projetée en orbite en dehors du système solaire (!). donc oui, c'est bien débile comme un film de roland emmerich, ils ont fait les choses sérieusement. ça reste intéressant comme postulat : la chine est loin d'être à la pointe du combat contre le changement climatique, et ils font ce film qui présente la catastrophe comme acquise et inévitable
mais l'humanité s'en sortira grâce à la technologie, au génie humain et à l'effort héroïque de quelques uns. l'autre petite analyse géopolitique est la réticence manifeste de la chine a adopter nos normes sur les représentations multiculturelles, parce qu'il n'y absolument que des chinois à l'écran, à l'exception d'
un blanc, collaborateur brillant et essentiel de l'exploration spatiale et qui est... russe. mais sinon, ça reste assez fascinant ce pays si protectionniste, à la culture si forte, à l'exigence de cohésion sociale si impitoyable et qui fait donc un film reprenant absolument tous les codes d'une culture étrangère mais en version totalement locale, manifestement sans aucune perspective de s'adresser à qui que ce soit d'autres qu'aux clients autochtones.
à côté de ça, j'ai parfois eu les pires difficultés à suivre l'intrigue parce que c'est les narrations modernes avec des segments de 15 minutes à l'ordre un peu aléatoire et totalement hystériques et à un moment tu ne sais plus qui est qui (...), qui est où, et qui fait quoi et pourquoi ?
mais c'est assurément un beau produit, les effets spéciaux sont parfaits, il y a beaucoup de décors en durs à l'imaginaire connu mais très propres, quelques beaux plans très "art of" qui là encore reprennent totalement l'imaginaire des blocks us, quelques scènes d'action sont nawak marrantes, on a dépensé sans compter.... on a les petites scènes d'adieux larmoyantes du héros qui se sacrifient avec juste du piano en son et sans les bruits des trucs qui s'effondrent autour, on a de la mort d'un personnage important-mais-pas-trop à 1h, tout est en place. j'ai trouvé aussi marrant de retrouver un sidekick débile et grimaçant, comme adorent les coréens.
mais ça m'a au final fait penser aux concerts de pop stars à las vegas : tous les oripeaux sont là mais c'est sans idées neuves, sans âme, sans coeur, sans artistry, sans aucune sorte de proposition personnelle jamais. les images défilent devant les yeux sans jamais te faire ressentir quoi que ce soit. un pur produit d'usine, du divertissement en boite de conserve, intégralement fait par des gens qui font du cinéma comme on ferait un sac à main, quoi. de contrefaçon, donc.
vous aurez donc deviné que c'est disponible sur netflix.