Forum de FilmDeCulte

Sergey, sourd et muet, entre dans un internat spécialisé et doit subir les rites de la bande qui fait régner son ordre, trafics et prostitution, dans l’école. Il parvient à en gravir les échelons mais tombe amoureux de la jeune Anna, membre de cette tribu, qui vend son corps pour survivre et quitter l’Ukraine. Sergey devra briser les lois de cette hiérarchie sans pitié.

Joie de l'enfumage critique et de la hype disproportionnée, The Tribe a tout raflé à la semaine de la critique cette année, film choc en langue des signes, sans sous-titrage, sans voice over, sans musique ajoutée. C'est l'histoire d'un sourd muet qui a envie de baiser, et qu'on n'aurait pas apprivoisé en lui installant twitter. En plus, il déboule dans un pensionnat que des chefs de meute organisent entre racket et proxénétisme, dans une cité dortoir avec plein d'armoires normandes. Le concept est clair: Montrer l'ultra-violence sans le son, avec une succession de plans séquences sordides étirés à n'en plus finir (vive les scènes de couloir) avec de temps en temps un petit cuni ou un petit avortement en digestif. Sauvagerie, nihilisme, insensibilité, Slaboshpytskiy fait surtout penser à du Lars Von Trier mal dégrossi avec ses gimmick gadgets censés rembourrer un film d'un vide, mais d'un vide... Une purge!
0/6

Je pense que Prout Man a exactement le même avis...

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je suis sûr que même les vacances du petit Nicolas est meilleur.

Une purge, peut-être pas, mais un court étiré en long, hyper programmatique et pour ma part dépourvu d'émotions.

Comprends pas la hype

1-2/6

Pas rassuré par vos avis, j’ai été surpris de découvrir un film bien moins terroriste que je ne l'imaginais. A part une scène de débile mental qui fait subir sur toute sa longueur un avortement de fortune, la violence est je trouve assez franchement désamorcée par l’incongruité du parti-pris (= le refus de traduire le langage des sourds, qui renvoie chaque situation à la nudité de ses enjeux), et désamorcée par la mise en scène : rarement un plan tendu par l’explosion soudaine de la brutalité, on est presque toujours prévenus, et les rares occurrences contraires (la fin) sont presque comiques par l’absurdité avec laquelle elles flirtent.

En fait c'est surtout le début du film qui m'a enthousiasmé. La mise en scène est moins clinique que "ferme", en plans-séquences tendus évoquant ceux de Mungiu, il y a quelque chose d'immédiatement captivant. Les premiers pas dans le pensionnat (notamment cette cérémonie d’ouverture), à la manière d’un bon film d’horreur, laissent suggérer tout un monde. Sur cette lancée, le film a une ampleur certaine, l’institution passablement abstraite jouant comme avatar de tous les romans d’apprentissages du monde. Le parti-pris permet de plus au réal de retrouver tout un art du cinéma muet, de la narration par le cinéma seul, qui donne par moments au film un sacré charisme.

Mais le film systématise la violence de ses personnages, la coupant de plus en plus des rapports à l’institution (l’école disparaît vite au profit du seul dortoir, aux adultes absents). Plus de barrière à la violence : par là-même plus d’enjeu, plus de réelle évolution pour les personnages, et un film tournant rapidement à vide (trois scènes de prostitution, vraiment ? Je pense aussi à tout le passage dans la file d’attente qui ne sert à rien). C’est le comble : le principal problème du film, ce n’est pas le choc qu’il voudrait provoquer, mais le fait qu’il est assez rapidement très ennuyeux.

Premier film un peu concon donc, mais un réalisateur que je trouve tout de même talentueux (ce n’est pas juste un sous-Haneke punitif qui se contenterait d'une frigidité austère - ou en tout cas pas seulement). Attendons deux ou trois films qu’il grandisse un peu, son cinéma pourrait donner de belles choses dans l'avenir.