Forum de FilmDeCulte

un documentaire en (petite) immersion au tribunal de marseille pour des procès liés au trafic de drogue, je ne pouvais pas rater ça.
petite immersion, parce qu'en vrai ils ont pas eu accès à grand grand chose : une dizaine d'audience en comparution immédiate + un de mineur. c'était une contrainte devenu l'angle du film, j'imagine.

il se trouve que je connais un peu le sujet, j'ai déjà assisté à ce genre d'audience, donc je n'ai pas appris 1000 choses, ça n'était pas une révolution. le film étant très contraint, ce sont surtout des observations qui naissent, vraiment comme une aprem au tribunal mais bien condensé.

il y a, évidemment, ce monde parallèle complet, vraiment le bottom 0,1% de la société. ce sytème économique développé, efficace, qui donne donc du boulot à ces gens qui, sinon, franchement...

il y a littéralement un blanc dans tout le lot.

blanc qui est cocasse : un monsieur spatelli, 65 ans, issu du faille spatio-temporelle, vraiment sorti d'un film avec alain delon dans les années 80, vieux papy vaguement mafieux qui transporte des dizaines de kilos de cannabis. il a déjà été arrêté, fait de la prison pour avoir fait la même chose. à l'époque, c'était avec son fils, arrêté en même temps et qui s'est suicidé en prison. cette fois-ci, c'était avec son petit fils. vraiment des vies parallèles.

il y a cette manière systématique de nier, mentir, en bloc, en détail dire ouvertement n'importe quoi. il y a le fait de protéger le réseau, ne pas être un rat, certes, ok. mais enfin un autre truc se joue dans ces dénégations systématiques, absurdes, ce refus mordicus de dire l'évidence.

il n'y a rien de plus hilarant au monde que les mauvais avocats et y en a 2-3 où j'étais vraiment mort de rire.

d'une manière générale j'ai pas mal rigolé, peut-être que c'était nerveux, il y a des effets comiques de fait dans le surréalisme de certains parcours et personnages... ça avait une certaine puissance comique.

le ton de maman de la juge pour enfant était assez surréaliste. elle est face à un mec de 17 ans, autant de condamnations (!), manifestement irrécupérable, et elle lui parle vraiment comme à un enfant turbulent qui a dessiné sur les murs pour la deuxième fois.

ils consomment tous, et ça illustre un peu ce que je pense, c'est à dire que le cliché des gens des beaux quartiers qui vont exploiter les gens des moches quartiers pour satisfaire leur petit kiff n'est plus que très partiellement vrai. et ça explique l'explosion du biz ces 10 dernières années. ce milieu social là, pauvre et d'origine immigrée, consomme massivement et ça accentue l'impression de société totalement parallèle.

mais bon, tout ça était assez douloureux. il y a différents âges, des hommes et des femmes, des petits délinquants qui n'ont aucune autre alternative que de devenir les mieux mecs pourris qu'on voit trois séquences plus tard, des cas sociaux certifiés dont tout la vie est un chemin de croix pour eux et tous ceux qui les approchent... rien ne sert à rien, vraiment, impossible d'imaginer une quelconque peine pouvant avoir un quelconque sens, le destin de tout le monde semble tout tracé quoi qu'il arrive, ils semblent tous globalement imperméables à tout raisonnement du monde réel, c'est vraiment douloureux.

tout petit doc, mais si ça vous intéresse c'est pas mal. (et ça dure 1h24)

Non-tombage dans l'oreille d'un sourd.

(même si le film m'intéressait déjà)

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste