Forum de FilmDeCulte

Chez Bresson les émotions ne viennent ni du jeu des acteurs, ni de la musique, ni de mouvements de caméra alambiqués, etc. mais du montage, des relations entre les images et les sons, etc. Enfin c'est dur à expliquer, moi même j'avais du mal à concevoir tout ça avant mais en voyant mon premier Bresson c'est devenu limpide, j'ai cru découvrir le cinéma pur. Ses films tiennent presque de la magie pour moi, j'ai du mal à comprendre leur fonctionnement.

Le cinéma n'est-il pas un art hybride, notamment par l'importance de la musique? Du coup, le cinéma pur ne serait-il pas celui qui manie le mieux cette hybridité essentielle?

En quoi la musique doit elle être importante au cinéma ?
Cinéma = images + sons

Ce que dit Marlo me semble assez juste. Si j'ai bien compris (j'espère), les autres cinéastes font un cinéma qui est en quelque sorte la somme de talents et d'arts différents. Chez Bresson, il y a une sorte d'épuration totale, il ne reste plus rien, ses films ne sont pas "beaux" ou "bien joués" ou "bien écrits", ils sont un peu au delà de ça, et ça les rend très brutaux, très purs... Enfin, j'ai toujours eu du mal à parler de ses films, à les expliquer. J'ai beau avoir lu beaucoup de trucs sur lui, son cinéma m'échappe (du moins je ne sais pas l'expliquer correctement et je ne suis pas certain qu'ils se prêtent facilement à la discussion de toute façon).

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La musique ne DOIT pas être importante, mais en quoi le fait qu'elle le soit dans les films de Kubrick n'en fait pas du cinéma pur, sachant que la musique c'est du son?

A vrai dire, le propre du cinéma c'est surtout l'image en mouvement, et à la limite le montage.

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Ok je crois que j'en materai aucun, je sens que je vais détester.

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Oui mais tu comprends la musique "force" l'émotion, elle souligne un effet qui ne devrait passer que par la mise en scène, donc c'est pas pur.


Votre cinéma pur, j'appelle ça du cinéma limité moi.

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Disons qu'avec l'utilisation d'une musique très puissante le réalisateur prend le risque de ne toucher le spectateur que grâce à elle. La musique a tendance à écraser les images (surtout que l'oreille est plus sensible que l'oeil je pense). Elle peut aussi servir de cache-misère, ce qui n'est pas mieux. L'émotion qui découle de son utilisation n'est plus purement cinématographique et images et sons semblent souvent faire chambre à part.



Alors ça ce n'est pas sûr du tout. Je suis sûr que tu pourrais aimer "Un condamné à mort s'est échappé".

Ce que j'en avais vu en cours de ciné ne m'avait guère séduit.

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C'est compliqué de parler sur ce thème en invoquant Kubrick car son utilisation de la musique est très particulière. Quand tu invoques le cinéma pur, tu veux retourner à ce qui fait la spécificité du cinéma à l'origine, comme invention des frères Lumière. Donc tu parles d'images en mouvement et de montage des plans, comme dit Film Freak. Soit. Mais le cinéma est un art qui évolue et qui est bien plus riche que ce seul postulat-là. Ce qui fait que le cinéma est unique aujourd'hui par rapport aux arts qui l'ont précédé, c'est non seulement le mouvement mais aussi la fusion de nombreux courants et procédés des arts précédents dans ses outils. Le concept de cinéma pur fait très "fondamentaliste", en fait.

J'ai toujours le sentiment de films qui cherchent la pureté pour Bresson, plus qu'ils ne le sont. Je trouve ça souvent assez artificiel et sur-pensé même si intéressant car il y a de la recherche...mais plus intéressant dans les intentions mise à l'écrite des "notes sur le cinématographe" à la limite. Le cinéma pur en fin de compte je crois qu'en prétention, ça reste une nostalgie ou un idéal et ça n'est pas très intéressant.

Mais est ce que j'ai dit le contraire ? J'adore Kubrick, j'adore De Palma, j'adore Spielberg (à vrai dire je suis autant attiré par la pureté que par le baroque, le maniérisme, le pompiérisme, etc.), même s'ils ne font pas du cinéma "pur" pour moi. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait qu'un type de cinéma possible, j'ai dit que Bresson était un des rares pour moi à avoir réussi à en faire, et à un niveau assez sidérant qui plus est.
Pour un Kubrick qui utilise la musique avec génie, combien de tâcherons qui s'en servent de cache misère ou d'accompagnement, sans chercher à comprendre en quoi la musique peut soutenir les images, en quoi son utilisation est judicieuse.

Le problème c'est peut-être plutôt l'utilisation de l'expression "un des rares réalisateurs à avoir totalement compris le cinéma". C'est ça qui donne l'impression que le cinéma c'est avant tout telle forme et rien d'autre.
Genre les autres ont pas compris le cinéma parce que, oh!, ils utilisent de la musique.

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Oui c'était peut être un peu maladroit.