Forum de FilmDeCulte

Anton est médecin. Il partage son existence entre son foyer installé dans une ville paisible du Danemark, et son travail au sein d'un camp de réfugiés en Afrique. Il est séparé de sa femme, Marianne, et tous deux songent à divorcer. Leur fils aîné, Elias, âgé d'une dizaine d'années, se fait brutaliser à l'école par certains de ses camarades, jusqu'au jour où un autre garçon, Christian, décide de prendre sa défense. Ayant quitté Londres avec son père pour s'installer au Danemark, Christian est profondément marqué par le décès récent de sa mère, terrassée par un cancer. Des liens étroits se tissent bientôt entre les deux camarades. Mais quand Christian implique Elias dans un acte de vengeance particulièrement risqué où des vies humaines sont en jeu, leur amitié s'en trouve durement éprouvée. Dans des mondes que tout oppose, ces enfants et leur famille seront appelés à faire des choix difficiles, entre vengeance et pardon.

J'aime beaucoup les mélos de Susanne Bier, beaucoup moins ses remakes et pas du tout son film américain avec Halle Berry et Benicio del Toro. La reconnaissance internationale vient donc pour ce In a better world et pendant la première heure, on retrouve ses immenses qualités de directrice d'acteurs, son aisance à façonner des personnages forts, et à créer des moments climax sur des rapports de force intime (un père se fait agresser devant ses enfants, qui chercheront à se venger de l'humiliation). Bier touche également à quelque chose de juste sur la violence à l'école, avec beaucoup plus de force que le Neds de Mullan.

Malheureusement, on retrouve davantage dans la seconde partie les tics factices qui ont du plaire à l'académie, notamment toute la partie dans le camp du médecin en Afrique qui appuie lourdement sa parabole moralisante, ou par une fin décevante qui veut dénouer sa pelote de noeuds. En parallèle, on retrouve les plans dits de cinoche de nana (Bertucelli, Bertaud...) avec des vols d'oiseaux à tire-larigots... Revenge se dilue ainsi dans une certaine douceur réconciliatrice trop appliquée pour prétendre au grand film qu'il aurait pu être.

3-4/6

C'est pas passé du tout pour moi.

Évidemment, je vais pas faire la pierre tombale, ça fonctionne. Prendre un gamin trognon comme tout, le rendre froid et dur, faire attendre tout le film qu'il accepte de se blottir dans les bras de son papa... Faut être sinistre pour pas s'y retrouver un peu. Mais à ce point, c'est limite du chantage : c'est comme se filmer une scène d’exécution, comme disait l'autre danois c'est impossible de se rater.

Bier (que je découvre avec ce film) ne fait rien de toutes les possibilités de scènes (et elles sont nombreuses) qu'elle sait mettre en place : on la sent douée pour se créer des occasions, mais aussi complètement inconsciente du fait que ça ne peut se suffire à soi-même. Et ça commence sérieusement à me gonfler, d'un bout à l'autre du ciné international, cette mise en scène pensée comme du coloriage, qui donne des films de chef-op - que dis-je : d'étalonneur et de cadreur - qui sous le prétexte louable de ne pas sacrifier l'immersion et les personnages au maniérisme, ne fait que réunir des pitchs ou archétypes touchants (gamins violent, ici) et une direction d'acteurs savante, empaquetant platement le tout sous une coulée de cadres élégants, et qui pense que ça suffit pour nous donner l'impression qu'il y a de la personnalité derrière la caméra. Un joli package prêt-à-devenir-un-film, rythme et tempo pré-réglés, photocopié quelque soit le sujet, de sortie en sortie. Un traitement à appliquer sur scénar, trois fois par jour... Tout ce qui pourrait être inspiré (des trucs comme le père avec ses deux enfants sur le banc, la conversation par internet, le lynchage...) passe par une seule et même machine qui normalise pêle-mêle l'ensemble sans laisser à quoique ce soit la possibilité de se trouver la durée, l'ampleur, le souffle qui lui seraient propres et singuliers - ne serait-ce qu'une chance de pouvoir être une scène avec sa propre identité, et non juste l’exécution racée et froidement professionnelle d'un pitch de séquence. La VF et la vision sur petit écran ont pas du aider, mais c'est tellement pas la première fois que je vois ça... Je pense à un autre film danois, tiens, Adam's Apple, et il y en a tant d'autres.

Il y a aussi ce côté dissert des plus irritants, voire assez limite quand il faut aller chercher l'Afrique et ses massacres (avec imagerie ethno-humanitaire habituelle, importée et photocopiée à l'aveugle là encore) pour servir de contrepoint signifiant aux tracas des petits danois. Mais c'est loin d'être le plus gros problème...


Désolé Susanne, c'est pas contre toi, le film se suit, il est plaisant, mais j'en peux juste plus de voir autant de potentiel gâché, partout sur la planète et depuis plusieurs années, par des réals en kit. On peut être simple, direct, humain, accessible et populaire, et on a surtout le droit de se rater sévère, du moment qu'on a une idée un peu plus haute des possibilités du cinéma.


EDIT : j'y suis quand même allé un peu fort, des revisions de passages en VO relèvent un peu le film. Ça peut le faire, j'imagine...

Personnellement si je trouve aussi que le film se permet trop de facilités tirant sur la corde sensible qui nous obligent presque à l'émotion, je trouve que le film n'est pas si raté, notamment les scènes en Afrique qui auraient pu être bien pires (mais qui sont loin d'être parfaites, c'est sûr), je trouve qu'il y a quelques morceaux de fulgurance, comme la scène de l’agression au couteau, qui donnent au film une froideur exacerbée purement scandinave.

Mais c'est sûr qu'on échappe pas aux poncifs du genre...

Enfin pour moi ça vaut son 4/6.

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I am the constant. You were always a variable.