Forum de FilmDeCulte

Quitte à paraître monomaniaque, je signale que ce modeste documentaire passe actuellement en matinée au MK2 Beaubourg, à l'occasion d'un cycle La Comédie du travail, engagé pour accompagner Ils ne mouraient pas tous... en salles.

Et c'est tout à fait passionnant de regarder ce doc 6 ans après la fermeture de l'usine Epéda de Mer. On s'aperçoit que la lutte avait atteint ses limites. On sent une désillusion, une panne de lutte, l'impression que les grèves et les mouvements sociaux n'ont plus d'impact, plus d'utilité, qu'il y a démission des pouvoirs publics et de l'opinion - et par extension du prolétariat déçu, que tout le monde s'en fout, désormais, que c'est comme ça et pas autrement, qu'il faut se résigner (et de cet état d'esprit désormais répandu, je m'en aperçois tous les jours, et pas seulement sur ce forum).

L'ambiance générale de Rêve d'usine est annonciatrice des "nouvelles formes de lutte", théorisées après les événements du type Cellatex, qui ne sont justement pas des formes pensées comme telles, mais bien des formes sans forme, des surgissements, des appels au secours, des nouvelles du bout du rouleau, des expressions d'urgence... Quand plus personne ne vous écoute et que vous n'avez plus rien à perdre, alors vous hurlez et vous vous débattez.

Rêve d'usine annonce cela, rappelle que la lutte fut tuée dans l'oeuf sous un gouvernement de gauche, et annonce l'actuelle régression sociale.

Pour tout cela, cette ressortie est bienvenue.

4,5-5/6

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