Forum de FilmDeCulte

Premier long-métrage de fiction d'un jeune documentariste, Nickel Boys, adaptation du roman de Colson Whitehead (que je n'avais guère apprécié) arrive avec une réputation plus que flatteuse de la presse US. Surtout d'un critique que j'aime beaucoup et à qui j'ai tendance à faire confiance David Ehrlich d'Indiwire qui en parle comme d'un immense chef-d'oeuvre.

Bon j'ai déchanté assez rapidement. Non pas que ce soit un mauvais film mais je n'y ai jamais décelé la grandeur que d'autres y ont vu. Il faut déjà le dire c'est un film dispositif, "high concept", intégralement filmé à la première personne. On alternera selon le point de vue des deux personnages principaux mais on n'en sortira jamais à part pour des inserts (à l'utilité un peu douteuse d'ailleurs, impression parfois d'inserts totalement random sur la conquête spatiale, la course à pied etc...). Je n'ai jamais vraiment réussi à comprendre l'intérêt de cette idée. Nous faire vivre ce qu'ont vécu les personnages ? Nous mettre à leur place ? Je sais pas, je trouve l'idée presque déjà désuète et surtout artificielle. Difficile de ne pas y voir une affèterie un peu dispensable.

Parce que si on enlève ça, c'est un film finalement très classique, sur deux adolescents qui se rencontrent dans une prison juvénile injuste et raciste et qui tente de survivre comme ils peuvent. Alors on peut être gré au film de ne jamais trop appuyer sur le pathos ou le misérabilisme, au départ on se dit même que c'est pas si terrible que ça cette prison mais rapidement et disons insidieusement l'horreur apparaît de plus en plus ouvertement. Comme dans le roman on alterne également avec des passages plus contemporains à New York où l'on suit l'un des deux personnages. Et là encore, boum, dispositif à base de caméra accrochée dans le dos.

Le film est beau, il a quelque chose d'éminemment malickien dans sa manière de filmer le végétal, les gros plans, une certaine sensualité. La photo est vraiment chouette mais j'ai trouvé le temps très long (2h20) et le film ne m'a jamais vriament ému (peut-être parce que j'en connaissais l'issue). Je ne regrette pas de l'avoir vu, le réalisateur a clairement du talent (ça reste assez impressionnant pour un premier film de fiction) mais j'ai eu un peu le même sentiment qu'avec The Brutalist, je vois trop les intentions, la prétention du réalisateur, ça manque d'organique, de naturel, c'est trop fabriqué en somme.

3/6

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CroqAnimement votre

Je me demande si on aurait droit à la même hallucination collective qu'outre-Atlantique si le film avait été distribué en salles en France et non sorti dans l'anonymat sur Amazon Prime Video.

Quoiqu'il en soit, voir le film haut placé dans tous les tops critiques US et des dithyrambes du type "invents a new cinematic language" et "revolutionary" avait tout de même attisé ma curiosité malgré l'hyperbole éveillant ma méfiance.

Et effectivement, 140 LONGUES minutes plus tard, je ne vois vraiment pas ce que le film propose d'original. Qu'est-ce qu'on aurait pas déjà vu dans un Enter The Void par exemple, pour citer un autre film adoptant à la fois une vue subjective et une caméra placée dans le dos en mode Third-Person Shooter avec cette effet Snorricam lassant?

Pour être tout à fait honnête, j'ai toujours trouvé le parti-pris d'un film intégralement à la première personne comme étant contre-productif, l'identification et l'immersion souhaitée ne pouvant être atteinte par une forme trop ostentatoire et limitante. Le choix d'adopter ce point de vue est tout à fait pertinent, de faire un film qui redonne littéralement leur regard aux noirs américains plutôt que de poser un regard sur eux mais en dépit des entorses (quelques gros plans impressionnistes ça et là), je trouve le dispositif plus aliénant qu'autre chose, me sortant constamment du film.

Et comme le film n'a rien à raconter de très original non plus...

Alors on évite le traitement le plus classique, qui serait une sorte de outrage porn plein de pathos et aisément qualifiable d'Oscar bait, mais rien ne sort vraiment des sentiers battus dans cette histoire de racisme/prison, si ce n'est une double temporalité tardive en mode Aftersun associé à une structure délibérément elliptique comme un travail de mémoire difficile.

Pour un film qui se veut expérientiel, j'ai surtout ressenti de l'ennui.

Je veux dire, c'est même pas le meilleur film en vue subjective sorti en en France en 2025.

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