Forum de FilmDeCulte

Kraven, un homme dont la relation complexe avec son père, l’impitoyable Nikolai Kravinoff, l'entraine vers une vengeance aux conséquences brutales, devient non seulement le plus grand chasseur du monde, mais aussi l'un des plus redoutés.

Tourné en 2022 pour une sortie initialement prévue le 13 janvier 2023 avant d'être repoussé TROIS fois, Kraven The Hunter est le dernier film du Spider(-Man-less)-verse de Sony, dans tous les sens du terme, le studio ayant annoncé mettre fin, pour le moment en tout cas, à ses tentatives désespérées de créer un univers partagé à partir d'adversaires du célèbre super-héros pendant que les droits du tisseur sont cédés à Marvel. Si la présence - au demeurant inexplicable pour un cinéaste de cette trempe, même avec la difficulté de monter ses projets - de J.C. Chandor derrière la caméra pouvait laisser espérer un résultat supérieur à ces prédécesseurs - on parle quand même de la trilogie Venom, Morbius et Madame Web, tous bien placés dans le Flop 10 des pires films du genre - je peine à trouver le produit éventuellement livré après tous ce temps, ces reshoots et d'évidents triturages en post-prod, marginalement meilleur que les autres.

Perso, j'ai toujours trouvé le personnage de Kraven ridicule. J'avoue ne pas avoir lu Kraven's Last Hunt, BD assez réputée qui lui est consacrée, mais vraiment, le concept d'un chasseur hors pair qui fait de Spider-Man le gibier ultime, ça passe pas chez moi, même pour du comic book. Sur un numéro éventuellement mais en méchant pérenne?
Mais là, on ne parle même pas de Kraven comme antagoniste de Spider-Man, on parle d'une énième origin story sur un bad guy qu'on essaie alors de transformer en anti-héros à peine anti (c'est Rated R donc y a des effusions de sang numérique, wizzzz) et il serait charitable de parler de clichés pour ce récit aussi algorithmique - tu sens les inspi Indiana Jones, Batman Begins, Spider-Man...Aquaman - qu'arythmique, les séquences se suivant de façon inorganique, sentant le rafistolage au montage (impression qu'il manque des liants, des plans et, comme pour Madame Web, plusieurs répliques sont en post-synchro).

Au début, c'est juste mauvais, très, avec chaque punchline/vanne lâchée par Aaron Taylor-Johnson, pas franchement investi, qui tombe complètement à plat, puis ça va de mal en pis, de raccourcis en débilité, dans un tout qui n'a ni queue ni tête.
Pour compenser l'absence de Peter Parker, les scénaristes jouent la surenchère de personnages et, comme Kraven est d'origine russe, ils ont cru malin de foutre TOUS les méchants d'origine russe de la licence mais recontextualisé en tragédie familiale dans un univers de gangsters. Ainsi le frère de Kraven n'est autre que le Caméléon (version Michaël Gregorio), annonçant une suite qui n'aura jamais lieu, et l'un des innombrables antagonistes du film est le Rhino (Alessandro Nivola dans une performance consciente de soi mais avec tout de même un moment nanardesque). Y a aussi un méchant méconnu des comics, le Foreigner, au pouvoir (littéralement) flou et nul, et au rôle complètement superflu dans l'intrigue.
C'est un gros bordel qui pense sans doute tisser (vous l'avez?) un propos intéressant sur l'héritage de la violence mais cela ne s'incarne évidemment jamais dans le film qui revêt davantage l'aspect d'un serial, d'une péripétie faiblarde à une autre, comme s'il suffisait d'avoir Russell Crowe en papa mafieux ruskof, s'éclatant à nouveau avec un accent grossier (vous aurez compris mon principal intérêt à voir le film), et un épilogue verbalisant la chose tardivement.

Outre le fait d'avoir accepté de faire ce film, je ne comprends pas non plus pourquoi Chandor est parti chercher Ben Davis, chef op de CINQ films du MCU, pour signer la photo et signe sa pire. Le film est esthétiquement générique au possible, quand ce n'est pas carrément cheap (les VFX, les "pouvoirs").

In fine, le tableau de chasse le plus impressionnant n'est pas celui de Kraven mais celui du Sonyverse : une telle constance dans le niveau de merde, c'est improbable. Même par accident, ils auraient dû faire un film un peu moins nase. Je rêve de lire un ouvrage consacré à cette entreprise damnée.

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Je n’avais jamais entendu parler de ce film/projet ; quelle dégringolade pour Chandor.

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There is no such thing in life as normal

Oui c'est incroyable, c'est quoi les CVs des producteurs? Si même avec un vrai réal c'est nul... comment on peut balancer de l'argent comme ça..
(en soi un Chandor était un peu surestimé, notamment par Bégaudeau &al, mais quand même ça fait mal pour lui..)

ça donne presque envie, du coup.

Oui je le rattraperai je pense par pure curiosité. Mais vraiment triste pour Chandor.

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CroqAnimement votre

Quelle tristesse cette casserole pour Chandor.
La suite c'est quoi, Sonic 4 par Bennett Miller?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

La génèse de ce type de film doit être passionnante. Qu'est-ce qui a été promis au réalisateur ? A quel moment il a laché l'affaire ? Quel était le script de départ ? Qu'est-ce qui a déraillé en cours ?

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Bon après, A Most Violent Year et All is Lost, c'est sympa mais pas ouf non plus, l'aspartame des vétérans du Nouvel Hollywood.



C'est un peu ça, le sujet de Kraven's Last Hunt, DeMatteis reprend un vilain qui a passé son temps à se faire laminer et qui est effectivement un brin ridicule (euphémisme) pour le faire vriller et apposer le ton grim'n gritty dans l'air du temps (fin des 80s). D'ailleurs, en replaçant dans le contexte, c'est un peu le combo de tous les éléments à placer pour un succédané de Dark Knight Returns/Watchmen : ambiance nocturne/pluvieuse, baston dans les égouts, insécurité urbaine avec agression à la clé, monologue intérieur incessant, réflexion sur sa propre mortalité, costume noir et blanc, poème de William Blake etc... Le dessin de Mike Zeck tabasse.

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Je suis pas du tout un fanatique de Chandor (ça dépasse pas le 4/6 chez moi) mais quand même...on parle d'un vrai gars qui enchaîne 4 films originaux...puis ça.

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C'était si original que ça triple frontier ? J'ai souvenir d'un film vraiment pas top que seul le casting sauvé de la banalité voir pire.

Par contre, j'adore all is lost et Margin call.

Personne ne pouvait rien faire de ce personnage déjà tout pourri à la base.

Pas vu Triple Frontier mais l'enchaînement All is Lost / Margin Call / A Most Violent Year (trois excellents 4.5/6 pour moi) promettait quand même un jour un vrai chef-d'oeuvre, pas une bouse dégueulasse.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

C'est un phénomène assez courant à Hollywood dernièrement, Barry Jenkins, Renee Zhan, des "auteurs" récupérés pour faire des blockbusters...

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CroqAnimement votre

Ca a été réussi en bd, je vois pas pourquoi ça ne pourrait pas être réussi au ciné.

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

Ils se disent tous sûrement qu'ils peuvent faire une Nolan et pas une Ang Lee.

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Bah le média est pas le même, y a des trucs qui passe en BD via le dessin & la narration elliptique, qui ne peuvent pas bien passer en prise de vues réelles et longues séquences.