Dalton, un ancien combattant de l'UFC tente d'échapper à son sombre passé et à son penchant pour la violence lorsqu'il est repéré par Frankie, propriétaire d'un relais routier dans les Keys de Floride. Elle l'engage comme nouveau videur dans l'espoir d'empêcher un gang violent de détruire son bar bien-aimé. Mais les enjeux deviennent de plus en plus importants lorsqu'il s'avère que les malotrus ne font pas ça par hasard...Depuis l'annonce du projet, je me creuse la tête en quête des raisons qui ont pu pousser Doug Liman, un cinéaste aux choix tout de même plus ambitieux et intéressants même pour ses films moindres, à décider de remaker un film culte uniquement pour une catégorie de spectateurs américains un peu beauf. Quelle allait être sa lecture? Qu'allait-il apporter? Lui qui avait su donner une certaine fraîcheur via une approche réaliste à des genres codifiés comme le film d'espionnage et le film de super-héros et le film de SF semblait absent des bandes-annonces de ce produit Direct-to-Amazon Prime Video, avec sa photo numérique faussement contrastée un peu générique alors qu'il en parlait comme de son
"meilleur film" pour la promo.
La vente de tapis a clairement de beaux jours devant elle parce que si le film est loin d'être déshonorant, je n'ai toujours pas de réponse à la fin du
stream.
Il est évident que ce
Road House 2024 est un film qui s'assume à 100% pour ce qu'il est, ou du moins qui en a conscience et l'affiche directement dans le texte. On blague sur le fait que le
roadhouse en question s'appelle The Road House et le bateau où crèche le héros est baptisé The Boat, l'arrivée de cet étranger dans cette ville isolée est immédiatement comparée par l'employée d'un des rares commerces du coin comme à celle d'un protagoniste de western. La petite valeur ajoutée de cette nouvelle version est de faire du grand méchant non pas un vulgaire bandit trafiquant de drogue mais un criminel en col plus blanc que lui, fils à papa capitaliste, désireux de gentrifier l'endroit via un méga-hôtel. Mas même un giga-vendu à Liman comme moi ne saurait s'appuyer solidement sur cette simple modif pour l'ériger en un quelconque propos politique, vraiment, je crois que le film s'en fout et ne s'en cache pas vraiment.
Mais alors pourquoi passer autant de temps dessus? Pourquoi autant de scènes cliché, à base de romance avec une infirmière mais surtout à base de flics véreux et d'hommes de main qui se font enguirlander, entre chaque baston? Il en va de même pour la
backstory, lentement distillée alors qu'elle est devinable d'emblée, du protagoniste ancien champion d'UFC. J'aime bien la caractérisation Martin Riggs du boug (Joel Silver à la prod!), sorte de martyr à moitié suicidaire, mais ce n'est finalement que de la texture dont le récit ne fait pas grand chose. Par conséquent, le film perd trop de temps avec ces banalités pour être pleinement décomplexé.
Alors qu'il en a envie, à en juger par le nombre de blagues et de vannes, parfois à des moments incongrus, où dans la nature sans cesse détachée du héros, où Gyllenhaal s'amuse bien plus que lorsqu'il doit jouer le côté torturé. Les baffes humiliantes qu'il met à ses adversaires, l'improbable incursion d'un crocodile dans le bail, l'antagoniste campé par Conor McGregor, vrai combattant UFC qui déboule dans les scènes comme un sorte de Sam le Pirate récalcitrant face au Bugs Bunny qu'est Gyllenhaal...le film a un aspect cartoon assez réjouissant dès lors qu'il se lâche et qu'il se rappelle qu'il est un film de tatannes.
Et c'est là qu'on retrouve un peu Liman le formaliste, désireux de filmer les combats un peu différemment, nous projetant au plus proche de l'action, la caméra collant aux acteurs, tournant autour d'eux pour épouser leurs mouvements avec un dynamisme communicatif, quitte à avoir recours parfois à une aide numérique un peu chelou pour les raccords, mas c'est assez kiffant, même quand ça part en gonzo à base de cascades en yachts et hors bord à la fin. Et la baston finale est sympa aussi mais on va pas se mentir, on est à des kilomètres d'un
The Raid 2 par exemple et sans doute plus proche d'un Jason Statham
-movie vaguement lambda.
Reviens aux affaires, Doug. T'étais censé tourner un film dans l'espace avec Tom Cruise.