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MessagePosté: 11 Mar 2024, 12:59 
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Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
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et pourtant, ça va finir à 200K en france, vous autres hétéros du forum et y en avait plein dans la salle, et des filles aussi, parce que le film tire le meilleur de la 'représentation', c'est à dire une experience de vie specifique à une catégorie sociale pour en tirer quelque chose de plus vaste, dans lequel un spectateur empathique peut se retrouver, et qui chope une beauté et une vérité et une profondeur que vivent les gens avec ce parcours là mais qui peut être utile à d'autres.


J'avoue avoir trouvé bizarre qu'on puisse s'offusquer d'une trace de sperme sur un torse (Baptiste et Arnotte) et d'un baiser qui suit. Mais peut-être est-ce that big a deal? Le film est très WKWien, rien que son titre me laissait penser à une histoire d'amour non-concrétisée, ce dont finalement nous ne sommes pas loin, les thèmes de l'addiction, du déphasage, de l'incommunicabilité, de l'asexualité subie, des relations taciturnes avec ses parents, ça reste très universel et ça va bien au-delà de l'homosexualité. Ça a été moult fois traité (Xavier Dolan, Tom Ford), avec un plébiscite des spectateurs de tout bord. Eternel centriste, j'avoue également ne pas comprendre cette insistance sur la manière dont la sexualité des spectateurs pourrait jouer sur leur vision du film, ce réflexe que je qualifierais d'identitaire et qui va à l'encontre de la notion d'empathie. Cela dit, je comprends qu'il joue un rôle chez la poignée de spectateurs hétéros un peu coincés sur la question (case in point, Baptiste et Arnotte) ou qui ne connaissent pas Guillaume Dustan.

Envie de revoir Avant que j'oublie de Jacques Nolot maintenant...


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MessagePosté: 11 Mar 2024, 14:12 
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bmntmp a écrit:
Citation:
et pourtant, ça va finir à 200K en france, vous autres hétéros du forum et y en avait plein dans la salle, et des filles aussi, parce que le film tire le meilleur de la 'représentation', c'est à dire une experience de vie specifique à une catégorie sociale pour en tirer quelque chose de plus vaste, dans lequel un spectateur empathique peut se retrouver, et qui chope une beauté et une vérité et une profondeur que vivent les gens avec ce parcours là mais qui peut être utile à d'autres.


J'avoue avoir trouvé bizarre qu'on puisse s'offusquer d'une trace de sperme sur un torse (Baptiste et Arnotte) et d'un baiser qui suit.


Chacun a sa sensibilité sur tout ce qui a trait à l'intimité et les fluides qui circulent donc évite de juger. On est tous le "coincé" de quelqu'un... En faire un très gros plan me paraît être une petite faute de goût comme s'il voulait choquer le bourgeois mais c'est pas bien grave non plus.


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MessagePosté: 11 Mar 2024, 14:16 
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Mais enfin, je ne me suis pas du tout "offusqué"... :roll: relis-moi please

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 11 Mar 2024, 14:28 
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Arnotte a écrit:
Lol, oui, j'avais oublié ce détail.. On aurait pu s'en passer, oui. C'est pas spécialement gênant, mais c'est un peu gratos/inutile.


Baptiste a écrit:
Chacun a sa sensibilité sur tout ce qui a trait à l'intimité et les fluides qui circulent donc évite de juger. On est tous le "coincé" de quelqu'un... En faire un très gros plan me paraît être une petite faute de goût comme s'il voulait choquer le bourgeois mais c'est pas bien grave non plus.

Non mais on s'en branle (tiens), c'est quand même drôle de voir des types qui doivent se branler s'offusquer d'une présence de sperme dans un film, au point de dire qu'on aurait pu s'en passer.
Tu sais que le sperme contient des vitamines d'ailleurs ?


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MessagePosté: 11 Mar 2024, 14:32 
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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je le répète, ça ne m'offusque pas, mais bon, je sais pas pourquoi je réponds à un gars que j'ai bloqué.

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MessagePosté: 11 Mar 2024, 15:42 
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"On aurait pu s'en passer."

Ok. C'est juste quelques gouttes de sperme, ÇA VA... Bientôt fingercrossed va nous expliquer que le sperme - et la dopamine qui va avec - sont deps.


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MessagePosté: 11 Mar 2024, 15:54 
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MessagePosté: 23 Mar 2024, 23:29 
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J'ai trouvé le film à la fois morbide et superficiel, et ai été horripilé la bande son, exagérèment menaçante, qui force les émotions.
Il relève d'une vision du monde où ce sont les morts qui doivent à la fois se justifier culturellement des aspects réactionnaires de leur passé et justifier sentimentalement les vivants, perpétuellement débiteur, au fond plutôt martiale, qui se marie mal avec le sentimentalisme du propos.

En outre j'y ai retrouvé la même maladresse et le même baclage que dans d'autres films anglais comme High Rise et Last Night in Soho, le cul entre trois chaises entre fable initiatique et mélancolie postmoderne du passé récent, une point de vue sur la ville qui ne distingue pas la critique de l'aliénation et une tendance à en faire un patrimoine, un recours au surnaturel qui sert commodément à figer la caractéristion des personnages. Le film n'est pas long (1h45) mais a une demi-heure de trop.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


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MessagePosté: 09 Déc 2024, 19:47 
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Quel mauvais pédé cinéphile je fais, même si je ne suis pas vraiment cinéphile et techniquement, pas pédé, mais j'avais jamais entendu parler d'Andrew Haigh, ni donc de All of us strangers, avant que mon meilleur ami ne le mentionne à l'occasion d'une discussion sur Adam Scott.

Il m'a conseillé le film tout en soulignant qu'il ne valait mieux pas que je le regarde seul un soir de déprime.

Je n'ai évidemment pas suivi son conseil et me le suis imposé hier soir, décidant de soigner le blues du dimanche soir par un film a priori déprimant.

Je n'en savais strictement rien, mais je subodorais qu'il devait y avoir une histoire de veuvage et les quelques secondes précédant l'appui sur la touche "play", j'ai vu la photo de Scott et Mescal enlacés dans une lumière rose et me suis dit "Bon, bingo, un couple de mecs et l'un des deux va mourir".

Bon, ceux qui ont vu le film savent que ce n'est pas tout à fait cela, mais je vais commencer par mon impression générale, évidemment courte, avant de réagir à certains messages sur certains passages du film, Art Core n'ayant que presque tout dit.

Bon, évidemment, des spoilers à partir de maintenant, je veux dire des spoilers plus spoliants que ce que je viens décrire.

Lors de la première scène entre Harry et Adam, je me suis demandé : est-ce qu'Harry est un vampire ? il veut entrer, Adam hésite et Harry dit littéralement "There are vampires at my door".

Bon, la suite m'a donné tort.

J'avoue avoir particulièrement aimé ce voyage dans le temps, remarquables Jamie Bell et Claire Foy, traité comme une évidence, sans explications vaseuses. J'en suis venu à me demander si en fait, Adam n'avait pas réellement le pouvoir de voyager ainsi et qu'il ne s'agissait donc pas du tout de simples projections de son esprit - je me comprends.

Arrive alors la romance et le second sujet du film, mais j'y reviendrai. Et là, je me suis dit, Adam va vraiment emmener Harry chez ses parents, il va les voir, il a ce pouvoir.

Bon, non en fait, et je me dis que je préfère ma version, car en l'état, le personnage monolithique d'Adam ne me passionne pas tant que ça, je me dis qu'Harry est bien plus intéressant, sans parler du père.

Puis, cette fin, qui laisse manifestement cours à de nombreuses interprétations, et Déjà-vu va encore se moquer de moi, car une n'a semble-t-il pas encore été évoquée ici. Bon cette fois, je mets des balises spoilers, just in case, pour ceux qui suivent, dans ma tête, je me réponds Just in case of what? Just in case.

Lorsque Adam rentre de sa dernière entrevue avec ses parents, qui disparaissent exactement comme dans l'accident, le père immédiatement, la mère plus lentement et en ayant perdu la vue dans le processus, il retourne donc chez Harry pour probablement essayer de construire une histoire avec lui.

La séquence qui suit dans l'appartement de Harry, que l'on n'avait jamais vu avant, ne me semble pas propice à la moindre interprétation : Harry s'est suicidé la nuit qui a suivi l'entrevue avec Adam, qui ne l'avait pas laissé entrer chez lui ce qui aurait pu le sauver. Voyant des dead people, Adam a continué à communiquer et vivre avec lui.

SAUF QUE

Je n'avais pas entendu The Power of Love depuis deux mille ans et encore, à l'époque, j'écoutais surtout Relax ou Two Tribes, ce qui fait que je n'avais jamais fait attention à certaines de ses paroles et que dit Adam à Harry lorsqu'il lui demande de lui chanter une chanson à la toute fin ? Le début de The Power of Love donc, mais plus précisément I'll protect you from the hooded claw - Keep the vampires from your door, et je me dis "Merde, c'est exactement ce que lui avait demandé Harry au tout début, alors qu'il ne connaissait pas forcément cette chanson" - il y a une plaisanterie à ce sujet à un moment "We will watch Top of the Pops with songs that were played before I was born", je cite vaguement de mémoire.

Puis, je me dis : mais il y a constamment The Power of Love sur la télé lorsque Adam est seul chez lui et notamment juste avant qu'Harry ne sonne pour la première fois et évoque les vampires à sa porte.

Et j'écoute les parles de The Power of Love, qui font référence au feu, plus ou moins purificateur.

Bref, une interprétation possible, c'est que la fausse alarme d'incendie au début n'est pas fausse et que Adam et Harry soient déjà morts ou en train de mourir dès le début du film. Cela pourrait d'ailleurs être une référence à l'incendie qu'il y a eu dans une tour, beaucoup plus "populaire", à Londres, mais dont l'environnement semble comparable. Je pourrais ajouter qu'on découvre Adam au lever du jour dans un halo de lumière orange, qu'il a constamment chaud/de la fièvre, qu'il tousse et suffoque à plusieurs reprises.

Cela dit, peu importe les interprétations, le film s'apprécie presque au premier degré et je me demande comment il arrive à éviter le cheesy kitsch dans sa dernière scène, c'est fort et fait penser à Mysterious Skin effectivement, mais peut-être davantage le livre que le film.

Bref, un slow burn, indeed, puisque si j'avais trouvé cela pas mal hier, j'y repense sans arrêt, j'ai écouté The Power of Love toute la journée, et je suis encore bien plus déprimé qu'hier soir.



Baptiste a écrit:
Ce qui est fort c'est que le film montre bien que l'homosexualité est un accélérateur de solitude dans le monde actuel, que chaque fragilité (être orphelin) est démultiplée par cette caractéristique toute simple qu'est le penchant vers son propre genre.


Je ne crois pas, non, ça, c'est l'avis de la mère, qui est, ou j'espère était, une idée très répandue - "mais tu vas finir seul" - et il me semble d'ailleurs que le film balaye tout cela, surtout Harry, et en sus du deuil, plus que la solitude, le film traite justement de la différence entre de jeunes gays et d'autres un peu moins jeunes.


Baptiste a écrit:
J'ai aimé que le film nous déplie l'argumentaire du parent, avec quelque chose qu'on n'entend pas si souvent, "tu veux le beurre et l'argent du beurre", ligne de dialogue assez mystérieuse de prime abord, mais qui signifie la jalousie des hétéros pour la simplicité de vivre avec une personne du même sexe. Une jalousie qui explique tant de haines, de postures.


Le nombre de fois où on a entendu "mais si ce n'est plus caché, TOUT LE MONDE va devenir homosexuel" avec curieusement en ligne de mire, que la seule homosexualité masculine.


Arnotte a écrit:
Baptiste a écrit:
Par contre euh, j'ai été un peu choqué par la présence au premier plan de sperme, en plus que Harry entreprend de lécher consciencieusement, pour un film qui ne montre pas de bite contrairement à par exemple L'Inconnu du Lac, c'était surprenant :o

Lol, oui, j'avais oublié ce détail.. On aurait pu s'en passer, oui. C'est pas spécialement gênant, mais c'est un peu gratos/inutile.


J'y ai presque vu un clin d'oeil à The Doom Generation d'Araki, dans lequel la provocation était patente, mais en rapport justement avec un des sujets du film : un gay "boomer", Andrew Scott est d'ailleurs un poil trop jeune pour le rôle à mon goût, et un autre jeune, qui a sans doute découvert la sexualité à un moment où les trithérapies existaient déjà, que le safe sex hyper strict emmerdait, a commencé à prendre de la prep dès que cela s'est retrouvé sur le marché et surtout, qui n'a vu aucun de ses amis mourir du SIDA. Bref, pour Harry, le rapport au sperme n'est pas du tout le même que pour Adam et c'est une façon de le montrer. Accessoirement, je suis persuadé que Haigh a dû se dire "Je ne peux pas montrer de nu frontal, je vais faire passer un truc encore "pire"".


latique a écrit:
Film Freak a écrit:
Et avec un incroyable plan final qui m'a d'abord fait dire "oula" avant d'en voir le kitsch transcendé.
Tu as vu par quel plan commence le clip de "The Power of love" ? L'idée vient peut-être de là.

https://www.youtube.com/watch?v=WtdRv6GT9Zg


Très bien vu, ce qui confirme l'importance de la chanson dans le "dispositif" du film - je ne trouve pas de mot plus approprié, là.


FingersCrossed a écrit:
il vit une histoire avec un mec, mais n'est pas capable de dire que c'est son copain.


N'importe quoi : à ce moment là, il ne pense pas encore pouvoir le considérer comme son copain/compagnon, et je le comprends. Bref, le décalage du film se confirme aussi sur le forum.

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MessagePosté: 09 Déc 2024, 23:45 
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MessagePosté: 10 Déc 2024, 10:43 
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Billy Budd a écrit:

Bref, une interprétation possible, c'est que la fausse alarme d'incendie au début n'est pas fausse et que Adam et Harry soient déjà morts ou en train de mourir dès le début du film. Cela pourrait d'ailleurs être une référence à l'incendie qu'il y a eu dans une tour, beaucoup plus "populaire", à Londres, mais dont l'environnement semble comparable. Je pourrais ajouter qu'on découvre Adam au lever du jour dans un halo de lumière orange, qu'il a constamment chaud/de la fièvre, qu'il tousse et suffoque à plusieurs reprises.


Il me semble qu'au milieu du film, lors d'un long passage en musique, il y a un plan où un des deux considère de loin et en contrebas une tour en feu, sur laquelle s'adosse une grande échelle, comme Greenfell, que l'on voit comme un reflet dans la vitre (soit une des raes actions directes du dehors qui affecte la tour). Cela correspond avec ton interprétation et avec le concept du film, se voir mourant.

Bien vu ta remarque sur le décalage de classe entre Grenfell et la tour du film. Dans le dispositif du film la morbidité est l'occasion d'un rapport ou recul réflexif individuel des personnages sur l'historie et leur personnalité, mais aussi à une promotion vers la classe sociale supérieure, - peut-être imaginaire, mais directement valorisante. Seulement il n'y a personne d'autre que les parents pour consater ce confort matériel. L'ambiguïté politique ou sociale possibles est directement évacuée par la solitude puis la mort. Même dans la bourgeoisie ils ont une position d'enfant en dette. Et les parents échouent à assumer la mort à leur place, ce qui leur est reproché je crois.

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