Forum de FilmDeCulte

michel bouquet en dirty harry franco-franchouille, je l'avais pas vu venir.

ça commençait pourtant mal. ça m'a toujours fasciné comme dans 85% des cas je sais au bout de 5 minutes si le film va me plaire ou non. puis il y a les exceptions : les films qui démarrent très bien et se cassent la gueule, ou ceux - encore plus rares - où le début est cata et ça s'améliore après. le plus dur c'est de reconfigurer son cerveau. en l’occurrence ici, le début est apocalyptique, et à 20 minutes je me suis dit que j'allais souffrir jusqu'à 1h35. tout ça pris 4000 ans dans la gueule (ça date d'avant giscard quand même, ça commence à bien dater), c'est totalement hors d'âge, et ça pourrait avoir un aspect pittoresque - ça permet de voir la manière dont le trafic de drogue a changé de physionomie, disons - mais c'est mal filmé, mal foutu, les scènes sont un peu ridicules, avec 10 balles de budget, vraiment terrible.

mais il se trouve qu'il s'agit d'une petite originalité de structure, puis que le début ne fait que poser les différents faits périphériques qui vont aboutir à la situation qui lance l'intrigue à proprement parler. mais le personnage principal du film n'apparait quasiment pas au début, alors que ceux que l'on suit disparaissent par la suite. ça ne change rien au fait que les scènes soient nulles, mais après coup j'ai aimé l'idée.

et l'intrigue commence donc : un flic qui veut venger la mort de son ami et collègue, mort par balles au milieu d'une minable histoire de drogue, et qui fait fi des états d'âme d'edwy plenel sur les moyens à engager. mais pas en mode je cogne et casse la gueule, non, avec une utilisation profondément perverse et truquée de tous les moyens dont dispose un policier.

et bouquet est absolument génial et iconique. un petit gars, vraiment une tête crédible de fonctionnaire français sans grande envergure, mais avec une silhouette forte, qui avance sans état d'âme, fait des trucs explicitement prohibés par le code de procédure pénal sans aucune nuance avec quand il fait un truc normal.

tout l’intérêt du bail étant que c'est moralement impénétrable. le film a eu des soucis avec la censure à l'époque - sortie retardée, coupes exigées, menaces d'interdiction totale - parce que ça donnait une mauvaise image de la police. et j'ai lu des trucs comme quoi le film "dénonce" ou quoi. mais j'ai pas trouvé. je suis persuadé que les abonnés de mediapart auront le souffle coupé d'indignation et ceux du jdd trouveront que ça montre qu'à un moment donné on ne fait las d'omelettes sans casser des oeufs - et que c'est aussi accessible comme pure badasserie où la manipulation des procédures remplace les châtaignes.
le film explore les différents aspects des choses : les scènes du début permettent efficacement de mettre en parallèle les méthodes des voyous et celles de bouquet, le "regarde, c'est un flic" de rufus à son fils est dévastateur, tout ça est manifestement contraire à la morale, le dégout visible de la soeur face à bouquet est puissant, et les scènes du début explorent bien la complexité de la situation.

et de l'autre, il montre l'impuissance (et la complaisance) de la police face à des faits structurels qui détruisent la société, il fait théoriser bouquet sur le fait que nettoyer le sale en gardant les mains propres est une absurdité, il exprime bien l'horreur du crime commis, et le fait est qu'il règle le problème, et c'est toujours un plaisir de voir des mecs affreux recevoir ce qu'ils méritent.

donc boisset filme une situation en explorant toute sa complexité, et laisse le spectateur, son œil, sa sensibilité, son cerveau se démerder avec ça.
j'ai adoré.

le tout avec un filmmaking parfois crados mais parfois sec et efficace, quand nécessaire il sait juste faire vivre toute la situation sans trop de fioritures et lui donne ainsi sa puissance. il n'en demeure pas moins qu'à part bouquet le casting est assez bof, que c'est cinématographiquement assez en dessous de la moyenne, parfois trop explicite, que les petites imitations stylistiques des films us ne sont pas toujours heureuses... des défauts qui empêchent le film d'être grand mais pas d'être passionnant (et kiffant).

le film avait fait un excellent score sur arte il y a 2 ans, ce qui compense le relatif oubli dans lequel est tombée la filmo de boisset. mais la question est pourquoi on ne fait plus ce genre de films aujourd'hui ? il y a évidemment un public. et un remake contemporain serait absolument passionnant, par les temps qui courent. mais en même temps, l’ambiguïté morale serait sûrement rejetée par tout le monde, et bon courage pour trouver le milieu dans lequel situer le film.

Je ne peux que te conseiller comme expérience son film Canicule avec Lee Marvin si tu ne connais pas.

ouiiiiiii il est sur ma liste, il m'a tapé dans l'oeil. mais j'ai commencé par celui là pour ne pas rater la version restaurée qui part très vite d'ocs !

Du coup je l'ai regardé hier soir, inspiré par Doigts Croisés et bien m'en a pris. Film policier ultra sec et noir, c'est étonnant parce que plus le film avance plus c'est un plaidoyer antiflic. D'ailleurs je ne savais pas que la phrase assez célèbre "flic est un sale métier que l'on ne peut faire que salement"venait de là. Contrairement à FC j'ai adoré le début in media res, direct très violent, très "sale" justement, ça castagne sans détour et ça bute à tout va. Le film prend vraiment pas de détour et va droit au but sautillant comme ça d'une vengeance à la suivante entraînant dans son sillage une litanie de cadavres. Michel Bouquet m'a beaucoup étonné, je ne le connaissais pas vraiment dans ce registre du flic désabusé monolithique, il est excellent. Un film très masculin où les hommes se détruisent les uns les autres bêtement, le seul personnage féminin étant évidemment le personnage de raison. Bonne découverte ça passe tout seul.

4/6

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CroqAnimement votre

ça me fait trop plaisir !

Boisset, ça reste tout petit à chaque fois... Je n'ai même pas poursuivi ma rétro (cf le top : yves-boisset-t30965.html)

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

oui, c'est l'impression que ça donne. pour ça que je vais faire une sélection drastique.
je trouve marrant comme il s'est reconverti à la télé après sa carrière ciné, en étant très productif.

3 échecs (La travestie, Radio corbeau, La tribu) et un semi échec (Bleu comme l’enfer). Avant ça presque que des films millionnaires

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et plein de téléfilms vus par des millions de personnes aussi, mine de rien.
et quand il va mourir ça va pas faire bip, l'impression que la génération de cinéphiles qui a la parole ne le connait absolument pas !

Thoret a sorti quelques uns de ses film dans la collection make my day (Canicule, Espion lève-toi, Le Saut de l'ange, Folle à tuer).

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING