Forum de FilmDeCulte

à proximité d'un bouge d'un port colonial, on a tué. le corps d'un homme descendu pendant une escale est retrouvé dans un hôtel à passe. rapidement, la police arrive à la conclusion que le coupable est parmi les 5 français habitués du rade : une femme fatale mystérieuse, un docteur, un professeur, un honorable commerçant, et un journaliste...

combien de gens regardent ce film par an ?
combien de droits a t'il généré depuis ses 500 000 entrées en 1986 ?

je n'en avais jamais entendu parler, il n'est globalement pas exploité (il n'existe qu'en import italien sur amazon...), toutes les boites au générique n'existent plus... j'imagine bien qu'il passe une fois tous les 10 ans à la télé, mais bon.
je me suis rendu compte que c'est d'ailleurs le cas d'une bonne partie de la filmo, abondante et souvent couronnée de succès, de michel deville mais dont je n'ai jamais vu passer les titres de 90%.

c'est le destin qui m'a mené là. je m'étais dit que j'allais lire un livre trouvé dans une boite aux livres, je suis tombé sur "on a tué pendant l'escale", dont le couverture était une photo du film avec sa brochette de stars - auteuil, ardant, piccoli, philippe léotard, richard bohringer, jeanne moreau, jean yanne... ça m'a intrigué, c'était un polar de 200 pages, j'ai trouvé marrant d'apprendre que le nom anglo saxo de l'auteur n'était qu'une supercherie - c'est écrit par un auteur français, qui se faisait passer pour le traducteur, et j'ai demandé à mon père qui en avait un excellent souvenir... go.

le livre était chouette. une intrigue assez sommaire, mais une ambiance forte, une narration originale, des problèmes de rythme mais un univers marqué, un bar poisseux avec des personnages interlopes, les bas fonds d'un quartier pauvre dans une ville colonisée, le minimum syndical du whodunit est là, même si dans l'absolu on s'en fout un peu... une petite curiosité chouette.

ce qui est amusant, c'est qu'en lisant je me disais que ça ferait surtout une bonne pièce de théatre, peu de personnages, 80% en huis clos dans le bar, le personnage principal pouvait narrer au public...
et michel deville l'a donc adapté... en en faisant une pièce de théatre.

car si le casting est clairement l'argument le plus évident, le vrai intérêt du film est donc sa forme très originale, qui annonce... dogville - j'avoue que c'est une parenté que je n'avais pas vu venir.
on est donc dans un grand hangar, avec des éléments figuratifs de décors, et c'est écrit et mis en scène comme une pièce de théatre. mais le cinéma est quand même partout, la caméra est assez virtuose, piccoli provoque la musique du film en "ghost-chef d'orchestrant", il fait vivre l'ambiance de chaque lieu / décor, il y a plein de petites expérimentations à la blier ...
c'est un travail assez fascinant parce que l'ambiance était le point fort du livre, et c'est aussi celle du film, même si l'ambiance en question n'a rien à voir. il refuse toutes les facilités et va chercher complètement autre chose.

et c'est malheureusement aussi la limite du film. si l'intrigue n'était pas extraordinaire, il faisait quand même le job en la racontant proprement. là, michel s'en fout manifestement complètement, tellement que c'est parfois dur à suivre. il refuse les clichés (à part pour fanny ardant, qui fanny ardantise à n'en plus pouvoir - et elle est magnifique) sur ces petits escrocs, mais les personnages du coup n'existent quasiment pas : auteuil, bohringer et léotard doivent se partager environ 20 répliques en tout. ça donne l'impression qu'il n'aime pas particulièrement les polars, voire qu'il méprise un peu le genre, et que du coup il zappe complètement, en se disant "ce n'est pas l'intrigue policière qui m'intéresse..." sauf que bon c'est quand même ce qu'on regarde.
et c'est un peu dommage car les idées d'adaptation sont bonnes, c'est quand même du porn que de voir tous ces acteurs ensemble, piéplu est absolument génial - il est mis en valeur dans un rôle parfait pour lui, la mise en scène est quand même spectaculaire... mais ce peu d’intérêt porté au fond empêche le film d'être autre chose qu'une curiosité.

Ouais Deville est un formaliste qui se soucie peu des intrigues (voir ce que je disais de Lucky Joe), parti pris auquel je suis assez sensible mais il tire bien trop du côté du frivole pour me convaincre souvent.
Faudra que je me mate La Lectrice et quelques autres avant le Paltoquet dont l’aspect boulevardier, de loin, me tente moyen (puis se reporter au site de skip mccoy, bien trop investi dans une espèce de réalisme pour apprécier ce genre de films).

lol, je t'aime. La question que je me pose sur tellement de films.

Je regardais la filmo de Frédéric Mermoud tout à l'heure, je me suis interrogé de la même façon sur MOKA (avec Emmanuelle Devos, 2016). Que deviennent ces films une fois leur diff' sur Canal passée ? Qui les loue en VOD ? Qui les re-passe ? Que deviennent-ils ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Pour le coup Moka vient d'être racheté et diffusé sur Arte à l'occasion de la sortie du nouveau film de Mermoud. Mais oui tellement de films qui tombent littéralement dans l'oubli, qui stagnent dans des fonds de catalogue. J'avais eu les chiffres VOD sur le site d'Arte et c'était fascinant à tel point ça marchait pas, des films "loués" deux ou trois fois par ans.

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CroqAnimement votre

Oh les chiffres de Mubi, ça doit être quelque chose aussi...

ahah, j'ai regardé la même page imdb après avoir lu ta critique, et je me suis fait la même réflexion.
j'avais l'hypothèse qu'un stock de dvd de moka avait dû arriver un jour chez noz, mais visiblement c'est aussi passé sur arte. après, certains films ont des destins alternatifs, comme son complices qui continue de vivre avec ardeur dans les âmes de milliers de spectateurs à travers le monde, grace aux screens de cyril descours tout nu qui régalent régulièrement sur les sites spécialisés.