Forum de FilmDeCulte

rémy et sandra n’arrivent pas à avoir d’enfant car ils sont atteints du “syndrome des amours passées”. pour guérir, il n’y a qu’une seule solution : il doivent recoucher une fois avec tou.te.s leurs ex.
sortie le 25 octobre.

il y a 20 ans, un scénario avec ce pitch aurait été vendu à hollywood pour 2 ou 3 millions de dollars. aujourd'hui, ça a eu une bourse de 500 000e du cnc.
il n'y a pas qu'une similitude de pitch, d'ailleurs : 70% du séquencier aurait été le même.

ça pourrait même être un exercice en école de cinéma.
à partir du même séquencier, écrivez le scénario :
- formaté comme une comédie romantique hollywoodienne vaguement sexuelle avec ashton kutcher et mila kunis en 2002.
et
- formaté comme une comédie romantique française décalée, parisienne* mais tournée à bruxelles pour bénéficier du tax shelter, avec 2 acteurs pas glamours et ayant vocation à recevoir une bourse du CNC, en 2022.
* uniquement 10, 11, 12è et appartements privés loués par des intermittents dans le 19ème.

à ce niveau-là, l'exercice est parfaitement réussi, tout les éléments du formatage sont là, et même les défauts de la version us sont adaptés : on aurait dit qu'hollywood aurait eu peur de son propre sujet et que les rencontres avec les ex étaient au final juste des petits sketchs inconséquents denués de toute profondeur émotionnelle ou thématique ? eh bah c'est le cas ici aussi. au stade où c'est étrange que les 9 (neuf) consultants au scénario crédités n'aient pas soulevé que le pitch n'est fondamentalement pas traité.

parce qu'on me parle de ce pitch (que j'adore depuis que je l'ai lu il y a des mois, pour ça que je m'y suis jeté), j'imagine un film où ils se rendent compte que chaque histoire passée représente une partie d'eux-mêmes, une facette qu'ils ont abandonné et qui leur manque, d'autres dont ils ont honte, qu'il y a des terribles erreurs mais il faut en passer par là, et même à côté de ça leur évolution sexuelle dans la conception, les kiffs, tout ça. j'imagine qu'il y a un mec avec qui elle se rend compte qu'elle adorait être vachement soumise, l'autre avec qui elle faisait la guignole et qu'elle adorait le faire rire - alors qu'on l'aurait vu au début faire une blague qui floppe -, que lui va revoir une fille qui l'admirait vachement, une autre avec qui il était être soumis... qu'une mauvaise expérience avec quelqu'un l'a fait adopter un comportement que l'autre avait reproché au début du film... autant de facettes oubliées et les retrouver va les aider à être totalement eux mêmes quand ils sont ensemble.
mais il n'y a rien de tout ça ici, c'est principalement l'histoire d'un couple qui arrête d'être exclusif. alors le film retombe joliment sur ses pattes là dessus à la fin, la remise en cause des normes du couple hétérosexuel est sympathique, mais enfin j'ai un peu du mal à comprendre à quoi ça sert d'avoir un pitch aussi fort pour ne pas le traiter.
ça m'a, en ce sens, fait penser à vincent doit mourir - dans un tout autre style, donc - qui lui aussi a un pitch du feu de dieu pour au final bifurquer vers autre chose de beaucoup plus classique après 25 minutes.

à côté de cet élément, je me sens pas vraiment légitime pour juger parce que ce formatage là n'est pas du tout mon délire, les comédies décalées made in cnc ne m'ont jamais arraché un sourire, les petites mises en scène oniriques et figuratives censées représenter les rencontres sexuelles me hérissent totalement, les couples à la sophie letourneur j'ai pas du tout envie de passer une soirée avec eux ni à diner ni au cinéma... ce n'est pas du tout mon délire. mais c'est comme les kiffs sexuels, chacun les siens et je respecte ceux qui aiment.
j'ai en revanche vraiment aimé le dispositif de mise en scène, avec des plans séquences avec des jump cut dans les scènes de dialogues. le systématisme peut être usant mais c'est vraiment stimulant, original, naturel, et efficace - et des fois amusant, comme avec la soeur. beaucoup aimé ça. et j'ai aussi aimé le traitement de la nudité, aspect compliqué au cinéma ces derniers temps et c'est ici fait de manière très naturelle, raisonnée, fluide, très chouette. et puis le fait est que ça a une certaine efficacité scénaristique.

mais bon, j'adore les comédies romantiques, je ne vis que pour les voir renaitre de leurs cendres réinventées de manière stimulante, j'étais chaud avec le pitch, et je ne comprends pas pourquoi le cnc fait des bourses films de genre pour aider exactement le même style de film qu'ils financent d'habitude - ils avaient fait la même chose avec les bourses comédies musicales qui avaient permis de financer des comédies "décalées" par noemie lvovksi et les frères larrieu... super.
mais c'est de ma faute, j'y suis allé en avance sans rien savoir du tout du film, j'aurais été prévenu que c'était ça je n'y serais pas allé je n'aurais pas réagi pareil.

Mais euh le film est majoritaire Belge, non?

Marrant ta fixette sur les systèmes de finacements (mais ça rend tes avis d'autant plus intéressants).

J'entends beaucoup de buzz positif depuis Cannes (Semaine de la critique) et je pense que ça va bien marcher en Belgique, même si apparemment c'est pas aussi réussi que ça aurait pu être.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

alors oui c'est très possible, mais du coup tu saurais pourquoi c'est éligible à une subvention du cnc comme ça ? c'est pour les films d'expression française ? d'initiative européenne ? ou juste avec des sous français dedans et peu importe ?

sinon je ne doute pas que ça plaira beaucoup aux gens à qui ça plait puis que malgré le soutien de la presse et des chiffres parisiens corrects, le film n'a pas trouvé son public lors de son premier jour france.

On rappelle que c'est produit par l'ancien foruméen Noony. J'irai.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'irai pour Noony même si je crains le High Fidleity version film indé franco-belge.

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A vérifier, mais je crois qu'à partir du moment que t'aies un coprod français (en l'occurence Tripode/Noony), tu peux demander l'aide du CNC.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oui voilà c'est aussi simple que ça, c'est une copro française.

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CroqAnimement votre

d'accord, merci.

sinon je suis pas sûr d'avoir donné envie de s'y précipiter toutes affaires cessantes mais ça repasse mardi à l'elysees lincoln.

Coucou FingersCrossed,

juste pour donner quelques éléments de contexte :

les réalisateurs vivent en Belgique, le film est d'initiative belge, financé majoritairement coté belge...
La France n'est arrivée dans la coproduction que dans un second temps.

Il a été tourné à Anderlecht parce que c'est leur quartier, avec des comédiens qu'ils connaissent parfaitement, avec qui ils ont répété pendant 2 ans sur ce projet.

Il n'y a pas de cynisme à aller chercher le Tax Shelter, c'est le système belge, et c'est un film majoritairement belge.

Outre le CNC (qui a octoyé une avance sur recettes "film de genre" à ce film suite à la décision d'une commission), coté français il y a également Canal+, Ciné+, KMBO et une SOFICA qui sont montés sur le film et qui y ont vu un potentiel.
On espère leur donner raison.

Et le film est éligible à l'avance sur recettes car il est en langue française. Le système français est ainsi fait.

J'espère avoir répondu à vos interrogations !

NOONY 2

LA MISSION

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Netflix les gars, Netflix.

C'est juste le tax shelter belge qui est, quelque part, cynique pour tout le monde, étant donné qu'il finance la création avec de l'argent qui reviendrait sans cela aux services publics en général et dilue les arbitrages budgétaires et mêmes artistiques, en les transférant vers le secteur privé et financier- c'est une logique de mécenat institutionnalisé plutôt que de politique culturelle. Il faut préciser qu'il n'est accessible au'aux personnes morales (et permet de contourner dès lors à contourner l'imposition des sociétés).

Cela permet certes d'éviter aussi des questions communautaires wallons-flamands dans la création cinématographique, vu que le dispositif, étonnamment, est national, sans qu'il n'y ait de ministère de la culture à cet échelon. Cela donne par la même occasion un débouché opportuniste aux nombreuses écoles et instituts artistique des deux communautés -par ailleurs d'un bon niveau-, qui attirent alors des étudiants français et néerlandais. Cela a aussi des bons côtés (Lukas Dhont qui intègre bien le bilinguisme dans ses films par exemple à la fois comme idéal culturel et réalité économique) mais si le dispositif est supprimé, ce qui n'est pas impossible vu l'état des finances du pays et l'idéologie des partis de type NVA, Belang, cela risque d'être un gros problème pour ces écoles.

Mais bon les Belges et la fiscalité, vaste et surprenant sujet*. La court-cicuiter est peut-être le ciment de l'unité du pays. D'ailleurs ce dispositif entérine une opposition entre le maintient d'unreliquat d'une politique culturelle nationale et solidarité fiscale, ce qui est plutôt une raison de son succès en fait.

Je crois sinon que Ann Sirot est belge par ailleurs...

Le nom fait penser à un bon titre de Tears for Fears.

* ainsi chaque grande banque a une offre d'épargne-pension complémentaire, fusionnée avec l'assurance-vie, et dont les cotisations sont fiscalement déductibles...alors que le dispositif vise explicitement les ménages aisés.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Cela m'etonnerait que les écoles artistiques et audiovisuelles ne soient pas dans le colimateur :
https://www.google.com/amp/s/moustique. ... 96%3famp=1

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

J'aime bien le point de départ, aussi farfelu soit-il, et le fait que l'on ne s'embarrasse pas d'une exposition inutile avant d'y parvenir. On est immédiatement dans la problématique de ce couple d'autant plus relatable que les prestations de Lazare Gousseau et Lucie Debay sont complètement naturelles et, dans un premier temps, les voir discuter des particularités et difficultés (ou non pour elle) de recontacter et recoucher avec leurs précédent.e.s partenaires, dans l'appréhension la plus concrète possible, c'est totalement ma came. C'est même ce que j'écris (comment organiser un plan à trois? les règles, l'ordre, comment gérer les complexes inhérents, etc. Ou comment réussir à observer ses amis en train de baiser, qu'implique l'invisibilité, etc.).

Mais très vite, le film donne dans une sorte d'évitement, choisissant d'ellipser ou de survoler la plupart des tentatives de reconnexion malaisées et les retrouvailles, la discussion et la persuasion que cela exigerait, et surtout le rapport sexuel en soi, que le tandem derrière la caméra a élu d'illustrer par des sortes de vues de l'esprit "poétiques" style "interlude Arte" qui ne me parlent pas du tout. Mais le souci, ce n'est même pas que je les trouve vaguement ridicules mais que je trouve dommage de passer à côté de ce que la scène pourrait apporter si elle était traitée de façon aussi naturelle et concrète et réaliste que les discussions du couple. Non seulement cela pourrait faire naître beaucoup d'humour, dans la gêne (un humour moins facile qu'une partouze avec des masques d'animaux quoi), mais surtout beaucoup de vérité. Comme le dit FingersCrossed, le potentiel du concept est de montrer ce que revisiter ces "amours passées" révèle de la personnalité du couple, de leur évolution, de leur rapport à la sexualité. Un High Fidelity du cul en gros, comme j'y faisais référence plus haut.

Au lieu de ça, le film tombe dans un dilemme convenu à base de jalousie et une réflexion un peu dépassée sur le couple libre, les partenaires étant limités à des archétypes ou clichés et jamais des obstacles.


Moi c'est l'inverse, j'ai trouvé ça limitant et fatiguant dès le départ. Presque tout est filmé en two shot, deux personnages de la tête à la poitrine dans le cadre. Si le cinéma est un langage cinématographique, j'ai l'impression avec ce genre de dispositif (ou les gros plans dans La Vie d'Adèle) de voir quelqu'un parler avec un vocabulaire limité.
Et ces jump cuts sont symptomatiques, là aussi, on fuit la réalité de la situation pour aller à l'essentiel ou à l'humour. Ça me coupe totalement dans mon adhésion.

La salle 36 des Halles était quasi pleine un lundi à 15h35 et riait tout le long. Moi j'ai ri quelques fois, je ne trouve pas ça mauvais mais un peu à côté.

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