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MessagePosté: 11 Avr 2023, 11:01 
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Pour son troisième long métrage, Ari Aster fait un pas de côté, s'éloignant de ce que l'on appelle bêtement elevated horror tout en gardant un goût certain pour la tension qu'il cultive toujours aussi brillamment, et continuant surtout de creuser sa thématique-phare sur la codépendance, notamment familiale, de ses protagonistes. Malheureusement, il accentue également son principal défaut, son film réussissant davantage son entrée en matière et se délitant ensuite au cours de trois heures témoignant d'une assommante indulgence envers soi-même.

Dès sa première séquence, Beau is Afraid aspire à une qualité immersive, nous plongeant plus que jamais dans la subjectivité de son personnage, de sa plus profonde intimité à la paranoïa qui gouverne son esprit. Même lorsque l'on ne voit pas littéralement à travers ses yeux, son environnement nous est donné à voir comme lui le perçoit. Tout le long d'une première demi-heure, cette peinture des anxiétés comme un cauchemar surréaliste où l'Autre est dangereux est particulièrement réussie, nouvel exemple probant de la façon dont la comédie et l'horreur fonctionnent souvent sur les mêmes mécanismes de tension. Aussi outrageusement hypocondriaque et agoraphobe qu'il soit, Beau éveille notre empathie.

Néanmoins, au fur et à mesure que le périple de ce "50 ans, toujours puceau" pour rejoindre la demeure familiale se transforme en une sorte d'After Hours par Charlie Kaufman, le récit s'embourbe peu à peu. Libre à chacun d'interpréter les deux gros segments suivants comme il le souhaite, entre la sitcom au syndrome de Munchausen et la parabole biblique d'une mise en abyme théâtrale, le trip donne l'impression de partir dans tous les sens mais surtout de s'étirer inutilement, plus que de raison, comme si le sentiment de "tout ça pour ça?" qui réside après coup était justement la blague. Aster se gargarise de décrire son film comme "la version juive du Seigneur des Anneaux" et le quatrième et dernier segment attaque plus frontalement sa névrose judaïque jusque là sous-jacente - ou, devrais-je dire, le cliché de la mère juive surprotectrice, castratrice, autoritaire et source de culpabilisation - mais les bonnes idées, que l'on aurait pu voir dans un Woody Allen de la grande époque, côtoient le ridicule digne de Dead or Alive 3 de Takashi Miike.

Éreinté par cet interminable séjour, Beau a beau être une victime, il ne l'est pas autant que nous. Et l'empathie n'est plus.

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MessagePosté: 11 Avr 2023, 13:31 
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L'anxiété est de toutes façons un nombrilisme sous faux-drapeau, Orson Welles l'a très bien compris, et encore mieux expliqué en prenant Woody Allen comme exemple :

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Exemple qui correspond, une fois qu'on a compris cela, à bien des "anxieux" qu'on peut avoir dans son entourage, bien souvent persuadés d'être au centre des attentions, ce qui est la marque des grands narcissiques. Ce n'est pas un thème très intéressant, et un trait de personnalité indésirable qu'il vaut mieux apprendre à dépasser avec d'autres outils en plus de la thérapie. Hereditary et Midsommar m'étaient insupportables par cette complaisance vis à vis de ce genre de personnes, fort opportunément entourés de connards dans chacun des récits, ce qui "justifiait" ou en tout cas légitimait l'état des protagonistes. Là, ça a l'air encore plus décomplexé. L'horreur, la vraie.

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Looks like meat's back on the menu, boys!


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MessagePosté: 11 Avr 2023, 16:14 
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Syndrome Lars Von Trier. Réalisateur aux prétentions artistiques mais qui a réussi à capter une audience plus large que celle réservée au cinéma art et essai ou au genre pur, ce type de coqueluches n’accouchent souvent que de baudruche (et LVT reste infiniment supérieur à Lanthimos, meilleur que NWR, moins con que Gaspar Noé, plus imaginatif qu’Ostlund, moins américain qu’Arofnosky). Tous ces réalisateurs fan d’El Topo, de Sweet Movie et de The Devils de Ken Russell).


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MessagePosté: 05 Mai 2023, 22:03 
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Je me retrouve pas mal dans la critique de Film Freak mais je serai moins sévère. Je trouve que c'est tellement atypique et puissant dans certaines idées et séquences qu'on peut pardonner les boursouflures en espérant que le prochain film sera plus épuré (je pense qu'il ne peut que l'être). C'est assez frustrant parce qu'il y a des moments où Aster arrive à ce point de convergence entre grotesque et horreur qui faisait merveille dans Midsommar (film qui n'a cessé de bien vieillir dans mon esprit et que j'aimerais revoir) mais le soufflé retombe assez vite après.

Le premier tiers est bien, le second est intriguant mais trop long, le dernier est plutôt raté avec quand même une ambiance unique. Je pense qu'il a lorgné du côté de Gone Girl
avec cette maison moderne énorme où surveillance, sexe et mort sont associés (et puis il y avait aussi le côté surveillance dans le second tiers).


On ne sait pas trop quoi faire de la conclusion,
à la fois Beau est jugé sommairement mais aussi il est devenu antipathique par le meurtre dont il vient de se rendre coupable.L'imagerie n'y est tout cas plus terrible, avec cette arène et ce bateau à moteur qui coule...


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MessagePosté: 09 Mai 2023, 09:21 
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Gros gros morceau. Je l'ai vu il y a trois jours et toujours un peu du mal à savoir ce que j'en ai pensé. Mon expérience de spectateur n'a pas été géniale puisque tout simplement chaque partie du film est inférieure à la précédente et plus ennuyeuse que la précédente. Du coup plus le film avance plus je me suis un peu emmerdé et surtout à plusieurs reprises j'ai même carrément décroché (notamment l'interminable confrontation avec la mère à la fin). Cependant, d'une part le film part d'extrêmement haut avec cette première partie urbaine qui tient carrément du chef-d'œuvre (et qui m'a fait beaucoup penser au roman de Charlie Kaufman, Antkind, d'ailleurs tout le film est très "kaufmanien", il y a une vraie parenté) et d'autre part j'ai trouvé que c'était tellement follement original, pas tant dans ce que ça raconte mais plutôt dans la manière de le faire, que je ne peux qu'être admiratif devant un film qui ne ressemble à aucun autre. J'avais peur en voyant la BA à un truc un peu facile en mode "cauchemar mental avec des affèteries visuelles à la Gondry" mais c'est absolument pas ça. C'est beaucoup plus radical et premier degré. Il faudrait revoir la partie théâtre avec cette espèce d'épopée réinventée de la vie de Beau pour en saisir toutes les nuances (je dois avouer m'être endormi quelques minutes à ce moment - QGJ style) et en extraire tout ce que ça raconte sur le personnage (notamment tout un sous-texte sur les regrets, comme fondation d'un malheur inextricable). C'est vraiment quelque chose d'assez incroyable, cette manière d'oser nous plonger dans cette parenthèse qui m'a semblé très longue pour raconter totalement autre chose, une espèce de bifurcation fantasmée pleine de ressentiment et de sensation de perte.

Du coup la dernière partie m'a paru vraiment trop longue, cette errance dans cette maison avec cette double rencontre (même si le climax avec son amour de jeunesse et horriblement drôle) et ce simili twist un peu lourd où tout me paraissait se répéter un peu et surtout devenir effroyablement long
Et puis la mère qui revient pour que Beau puisse mieux la tuer, tout ça est un peu trop théâtral et fabriqué je trouve.
Puis vient cette fin assez dingue dans l'idée, là aussi un peu trop longue jusqu'à ce plan final dingo que j'ai adoré. Le problème c'est que le personnage de Beau ne me touche pas vraiment, je ressens sa solitude, son mal être, son incompréhension du monde autour de lui mais il ne m'émeut jamais, voire même il ne m'intéresse pas totalement. Il y a un truc niveau émotion qui ne passe pas totalement du coup et on reste un peu dehors.

Ceci étant dit, c'est vraiment un film dingue, Ari Aster confirme totalement son immense talent. C'est un film qu'il faut revoir, qui m'a rappelé d'une certaine manière l'inépuisabilité de Synecdoche New York, avec cette impression que toute une vie se trouve dans le film, que tout est d'une densité phénoménale et que l'on pourrait y revenir de multiples manières par d'innombrables chemins détournés. Donc je suis partagé entre une expérience de spectateur pas dingue dans la dernière heure et une admiration totale pour un film totalement unique de comédie existentielle jusqu'au boutiste.

Entre 4 et 5 /6 à voir comme il vieillit.

Un truc de scénario que j'ai pas compris
pourquoi il y a deux enfants (celui qu'on enferme dans le grenier) ? A la fin durant le discours lors de l'enterrement de la mère, on dit de Beau "the surviving son" comme si un autre enfant était mort. J'ai raté un truc (possible) ou c'est juste posé là avec tout le mystère que ça implique ?

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MessagePosté: 09 Mai 2023, 11:42 
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Que ce soit littéral ou allégorique, il y a l'idée que la mère a éliminé le "evil twin", du moins la partie de Beau qui était désobéissante, qui remettait en question, pour ne garder que le fils docile et dévoué. L'autre fini exclu du monde de Beau, comme son père réduit à une bite, aka un organe qui n'a servi qu'à féconder la Mère, ainsi émasculé comme l'est Beau à qui sa mère a menti sur le sexe. Et qui a donc des grosses couilles pleines.

Pauvre film.

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MessagePosté: 09 Mai 2023, 13:26 
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Oui donc c'est purement métaphorique, c'est ce qui me gêne un peu dans le film, cet entre deux avec des symboles trop évidents qui révèlent une psychanalyse finalement très basique. Alors que quand les symboles sont inscrits dans la réalité du film, font partie intégrante de sa folie sa fonctionne à fond (la première partie).

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 16 Mai 2023, 08:08 
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Gros morceau mais après deux jours le souvenir tend plutôt à s'estomper chez moi.
Un peu comme tout le monde, Ari Aster démontre un réel talent pour trousser ses situations et ça reste toujours assez intriguant pour nous garder jusqu'au bout de cette longue débandade après un premier acte si brillant. Mais quelle auto-indulgence quand-même et l'empilement des péripéties et des symboles se fait si bourratif, on pourrait tellement tailler dedans, surtout si c'est pour balancer toutes les clés à la fin dans le face à face avec la mère. La méchante qui dévoile son plan diabolique dans un dialogue statique, à ce niveau c'est du Matrix Reloaded. Vraiment l'impression du mec qui a écrit son scénario d'une traite et le prod aussi taré qui lit en diagonale ""Une bite géante, c'est bon ça coco. On y va!"

Joaquin Phoenix est excellent mais, et c'était déjà un problème dans Joker, il a quand même un peu passé l'âge de jouer les handicapés sociaux avec des mommy issues.
Surprise marrante de voir le nom de Denis Ménochet à la fin aussi, je l'avais pas reconnu et me disait qu'ils avaient juste pris le Dave Bautista du pauvre.


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MessagePosté: 16 Mai 2023, 09:11 
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Oui en effet Joaquin Phoenix et les rôles d'asociaux immatures ça suffit.


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MessagePosté: 07 Oct 2023, 10:02 
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Quelques trucs pas mal au milieu d'un souffrance interminable. J'ai rarement eu autant l'impression de me faire insulter en regardant un film. C'est vraiment complètement naze, ça faisait longtemps que j'avais pas été énervé contre un film.

1/6: A oublier très vite avant que ça tombe à 0.


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