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MessagePosté: 16 Jan 2016, 15:34 
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Assez partagé en ce qui me concerne, un peu comme Tom.

Autant j'aime de tout mon coeur la première demi-heure, avec cette scène de prise de son en pleine nature absolument géniale (ça déboîte techniquement, mais c'est surtout d'une poésie et d'une sensibilité extraordinaires), autant je trouve que le film a un gros ventre mou, virtuose mais qui ne raconte plus grand-chose, multipliant les personnages et les rebondissements sans trop savoir quoi en dire.
J'étais de nouveau à fond quand De Palma se met à filmer Philadelphie sous tous les angles, avec sa gare presque déserte, ses grandes colonnes art déco, et ses personnages perdus dans cette vieille pierre.

La fin est belle, mais elle aurait pu être sacrément plus sympa si De Palma avait coupé le sifflet à Pino Donaggio.

4.5~5/6

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MessagePosté: 18 Aoû 2019, 23:09 
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Revu ce qui est un de mes de Palma préférés et tout en sachant comment tout ça allait se terminer, l'émotion finale m'a totalement emportée (et moi je kiff la musique). Néanmoins quelques points m'ont un peu déçus par rapport au souvenir que j'en gardais:

Je ne comprends pas trop le personnage du tueur. Comme mentionné par Z je le trouve trop présent, j'aurais aimé je crois qu'on reste avec Travolta et Allen.

La course poursuite: j'avais à l'esprit une séquence folle et tendue de bout en bout et j'ai été un peu déconcerté par ce ride improbable en voiture et le crash qui s'ensuit en plein milieu de la fête. Travolta qui se réveille d'un coup pile au bon moment (enfin, pour la scène quoi) sans une égratignure et qui se barre sans que personne l'arrête alors qu'il y'a genre une quinzaine de flics autours de l'ambulance.

Le personnage d'Allen qui est quand même un peu bêta. D'ailleurs elle bute son associé ? Elle a l'air de s'en foutre totalement.

Mais bon rien que pour la toute dernière scène j'adore, avec ce cri qui revient... :( ça me fout les frissons, c'est terrible


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MessagePosté: 26 Avr 2020, 15:10 
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Voilà Dario, c'est comme ça qu'on fait un giallo.

J'avais vu ce film il y a au moins 15 ans (en tout cas, avant la création de ce forum) et j'avais adoré, genre 6/6.
Je ne sais pas trop pourquoi je n'avais pas été amené à le revoir au départ. Par la suite, c'était la peur d'être déçu.
Je comptais le revoir lors de ma rétro De Palma, interrompue quand le cycle de la Cinémathèque s'est terminé alors qu'il m'en restait quelques-uns à (re)découvrir.

Et c'est précisément ce qui s'est passé hier soir.
Je me rappelais du point de départ et de l'aspect politique, en gros ce qui était dû à Blow Up (jamais vu) et Conversation secrète (à revoir) mais j'avais com-plète-ment oublié tout le reste.

Qu'est-ce que c'était bon, putain.
Dès le début avec sa fausse intro qui pourrait paraître vulgaire et facile, surtout aujourd'hui, mais qui va voir sa boucle bouclée à la fin de façon tragiquissime, j'étais une fois de plus on ne peut plus chez moi dans ce cinéma sur le cinéma, que ce soit le métier ou l'art. À l'heure où l'on peut toujours s'entendre dire qu'un film sur le cinéma ou qu'un personnage qui travaille dans cette industrie est trop segmentant et rappelle au spectateur qu'il est devant une oeuvre de fiction, un artifice, De Palma y plongeait déjà les pieds joints en il y a 40 ans en mode balek avec son improbable héros preneur de son pour films bis. Ca m'a rappelé le héros écrivain improvisé enquêteur de L'Oiseau au plumage de cristal mais en pertinent.

Ici, c'est précisément la fonction du protagoniste qui est la clé, qui fait sa force, sa particularité, sa capacité à enquêter. Je crois que Tarantino le cite souvent comme l'un de ses films préférés et c'est pas étonnant tant on peut tracer une ligne directe allant de Jack Terry aux personnages de Death Proof, Inglourious Basterds et Once Upon a Time...in Hollywood, ou comment les professionnels de la profession sont les seuls équipés pour vaincre le Mal.

Ici, ça va même plus loin, vu que l'enquête passe carrément par la fabrication d'un film. De deux preuves distinctes (un enregistrement sonore puis un film, d'abord divisé en photogrammes), Terry parvient à (re)créer la vérité. Pour un cinéaste fasciné par la façon dont le cinéma peut être à la fois la vérité et le mensonge 24 fois par seconde, c'est une incroyable déclaration d'amour au 7ème art. C'est le cinéma qui fait émerger la vérité de l'assassinat.

Plus encore que l'Antonioni ou le Coppola, c'est le film de Zapruder que De Palma revisite, ainsi que les tragédies encore récentes liées à deux Kennedy, mais dans un film plus désespéré que cynique sur l'impuissance humaine face à la corruption politique. Situer le climax du film en pleine célébration nationale dans la ville associée à l'indépendance des États-Unis, donc à la nature même de l'Amérique, ça c'est d'un grand cynisme, mais ramener le dénouement d'un thriller paranoïaque post-Watergate à l'incapacité pour le protagoniste, malgré sa bravoure d'action hero (la percée en bagnole frisant le hors sujet à travers la ville, manquant d'écraser civils, flics, gens de la parade), de sauver une pauvre ingénue manipulée par tous (l'anti-femme fatale) permet de renouer avec l'humain via tout un abattage de romantisme outrancier (le ralenti dans la course, le travelling circulaire en contre-plongée avec feux d'artifices, la musique à Pino).

Parce que là où le film aurait pu se limiter à de l'exercice de style détaché, cette virtuosité est là pour l'emphase et donc l'empathie avec le personnage. Derrière tout le terreau théorique, il y a l'échec d'un héros qui se cherchait une rédemption (je m'interrogeais sur la nécessité de donner un passé dans la police à Jack mais c'est pour mieux servir son pied de nez aux clichés du genre) et qui est ramené à son statut de simple mortel, de civil, de petit preneur de son de films bis, la seule vérité que le cinéma puisse porter étant le cri de la jeune défunte.

C'est nwaar.

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MessagePosté: 26 Avr 2020, 15:32 
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Z a écrit:
Énième revision. J'adore ce putain de film.

De Palma entremêle divinement plusieurs références (Blow Up, Conversation secrète, Le Voyeur) et plusieurs thématiques (l'assassinat de JFK, le Watergate, la mise en scène de cinéma) en recréant un contexte propice à l'élaboration de son propre film Zapruder.

Fuck yeah.
Bon, quand j'aurais fini mes rétro De Palma et Cronenberg, faut que je mate les Powell (& Pressburger) classiques là.

Citation:
Ici, pas de mise en abîme bidon sur le cinéma, mais une vraie force de narration, comme il le refera par exemple avec Mission : Impossible, lorsque Ethan Hunt imagine les multiples possibilités, devenant ainsi le metteur en scène mental de son propre film.

J'y ai pensé aussi, inévitablement. Y a une scène qui est quasi-identique, l'ancêtre de celle de M:I. Mes deux films préférés du bonhomme.

Citation:
C'est riche, c'est mélancolique, c'est simple et profond, c'est ultra sincère. Y a des idées qui valent de l'or (Jack en preneur de son, la reconstitution du film, la filature sonore, l'arc du cri...).

Toute l'emphase d'Obsession mais au service d'une histoire et de persos plus touchants.

Cosmo a écrit:
Des scénarios originaux de De Palma, il me semble que celui-ci reste le plus carré, le mieux construit. Evidemment, il se fiche totalement de certaines incohérences (De Palma n'est finalement jamais aussi bon que lorsqu'il adapte le scénario ou l'histoire d'un autre), s'attachant plutôt à ses personnages et à une ambiance paranoïaque qu'il parvient à installer et déployer, marquée par les affaires JFK et Watergate (bien plus que par l'affaire Chappaquiddick qui ne constitue finalement qu'une béquille pour lancer le film) qui secouèrent les années 60/70. A ce titre, les dialogues sont savoureux et finalement assez osés, puisque le réalisateur se permet, avec dix ans d'avance sur JFK, de remettre en question absolument tout le socle de la société (police, médias, politique...). Ce n'est certainement pas le seul film ni même le premier dans le genre, mais j'ai rarement ressenti une telle paranoïa, aussi prégnante, aussi incarnée, sauf peut-être chez Stone, justement (pas étonnant que les deux se soient entendus sur Scarface).

Voilà, j'ai beaucoup pensé au Stone de JFK aussi, dans la manipulation des images, dans la preuve PAR l'image.

Z a écrit:
Ce qui est fort dans ce plan, c'est qu'on met un certain temps avant de comprendre.

On accepte le pano comme un mouvement d'appareil lambda, puis ça devient vite un dérangement. On s'agace, on perd de vue le personnage (alors qu'en réalité, on lui colle à la peau et à l'esprit).

Quand le mouvement insiste davantage, on cherche un sens à cette effet parasite et désagréable, et la réponse se trouve alors dans le cadre : on comprend qu'il cherche ses bandes, qu'il stresse, que son monde s'écroule. C'est d'autant plus fort qu'à aucun moment une ligne de dialogue du genre "mais putain elles sont où ?" ne vient éclairer la scène. De Palma se contente de sa mise en scène, et part du principe que celle-ci doit coller subjectivement au personnage principal. Moi, j'adhère totalement à ce précepte.

Après, techniquement, j'adore la chorégraphie de Travolta dans ce plan.

100% d'accord.

Citation:
Le seul bémol du film pour moi, c'est encore une fois une question de point de vue. Que l'on partage celui de Travolta avec celui de Nancy Allen, pas de souci. Mais que l'on suive John Lithgow me paraît dispensable (et la seule concession faite au grand public).

C'est ce qui m'a fait penser au giallo. Le fait d'être dans le point de vue du tueur quand il tue. J'ai l'impression que c'est davantage une concession au genre et aux types de thrillers que De Palma faisait jusqu'à présent.

Film Freak a écrit:
Déjà-vu a écrit:
Film Freak a écrit:
De réputation : Pulsions, Le Bûcher des vanités, Caïn, Mission to Mars, Femme fatale, Le Dahlia Noir, etc.

Celui-là est au contraire considéré comme "le" meilleur.

Hein? Où? par qui?

Par moi aujourd'hui. Pas le meilleur mais dans le top 4 avec Snake Eyes. Comme quoi, Déjà Vu avait raison :

Film Freak a écrit:
Déjà-vu a écrit:
Art Core a écrit:
Je me base sur mon ressenti mais des films Dressed to Kill ou Body Double me paraissent bien plus "obsessifs" et pétris des pulsions sexuelles de De Palma.

Ainsi que Raising Cain et Femme Fatale, ce sont des De Palma².

Des De Palma ²/6?
Déjà-vu a écrit:
Film Freak a écrit:
Des De Palma ²/6?

Tu devais être "trop jeune quand tu les as vus"™.

En tout cas, j'ai hâte de revoir Phantom of the Paradise et Body Double que j'avais moyennement aimé et je suis même curieux de Raising Cain.

Bon, par contre, Femme fatale, c'était pire que dans mon souvenir.

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MessagePosté: 02 Jan 2023, 23:02 
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Robot in Disguise
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Je ne l'avais pas revu depuis littéralement 28 ou 29 ans. Autant dire que je ne me souvenais pas de grand chose hormis du concept et de la fin lors du feu d'artifice. Autant dire également que j'ai totalement redécouvert l'aspect parano-post-70s du récit, qui en effet recycle CONVERSATION SECRETE un peu comme les autres De Palma recyclent Hitchcock. Et l'aspect méta sur la fabrication même d'un film m'étais sans doute passé à côté. Bref, c'est hyper riche. La fin est géniale, cruel bouclage de boucle.

Mais le truc que j'avais le plus oublié, c'est évidemment ce tueur un peu trop zélé campé par John Lithgow. Aucun souvenir de tout ça et c'est assez gourmand comme sous-intrigue, même si ça paraît quelque peu hors-sujet par rapport au reste. Mais comme d'hab Brian se fait plaisir.

Cependant, je reproche au film un passage à vide vers le milieu, qui peine à tenir ensemble les deux extrémités: ce climax assez génial d'un côté, et de l'autre cette intro tout aussi géniale, à la fois poétique comme le dit Castorp (la lentille fendue sur le hibou, trop bon) mais également joueuse et réflexive (le micro-canon littéralement comme un sniper).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 03 Jan 2023, 05:43 
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C'est probablement mon plus grand film fétiche, je devrais pas écrire. Je pense que son écriture part de l'absence de son dans le film Super 8 de Zapruder, celui qui a capté l'assassinat, à jamais irrésolu, de JFK.
Alors ici on va pouvoir capter le son, avec un autre Kennedy à partir de l'incident de Chappaquiddick, où "Ted" n'est pas mort mais la femme qu'il conduisait oui (inversion). L'enquête n'aboutira évidemment pas, mais le film lui expliquera et montrera en détail ce qui s'est vraiment passé. Et en mettra en scène les captations, le montage et les remontages, etc.

C'est pas un film meta, certainement pas metafilmique, mais un film qui filme le processuel du cinéma, dans son artificialité comme dans sa vérité. Par exemple la scène où il découpe les photographies parues dans le magazine pour les monter en film et pour y placer le son qu'il a enregistré et ainsi comprendre ce qui s'est vraiment passé. Ensuite et surtout la scène avec la caméra qui tourne sur elle-même (pas un panoramique mais une autre technique) où il réalise que tous ses enregistrements sonores ont été effacés, transformés en bruits blancs, qui n'ont plus aucun sens, même aucune signifiance, et qui se conclue par une sonnerie de téléphone (ce sont les flics qui appellent). Ce qui fait dire que chez De Palma il y a une vérité des images (et des sons) filmiques mais qu'en même temps elle sera toujours soit détournée, soit écrasée par la profusion, soit détruite, soit déviée etc. par des manipulations et mensonges politiques.

Je ris sur ceux qui parlent du manque d'empathie pour les personnages chez De Palma. Au moment où il tourne ce film Nancy Allen est sa compagne, son épouse, il faudrait qu'il soit un lourd psychopathe pour ne rien ressentir en mettant ce qu'il met en scène ; après sa façon de filmer peut tenir certains spectateurs à distance je peux comprendre. Moi sur l'enchainement des dernières séquences (et il ne s'arrête certainement pas aux plans avec le feu d'artifice du 4 juillet sur cette musique excessivement mélo, mais au dernier plan du film), je chiale à chaque fois. It's a good scream, a good scream...

De ce que j'écris là je dois pas mal à Jean-Baptiste Thoret, obligé de le mentionner, pour son livre 26 secondes, l'amérique éclaboussée notamment.

6/6 à jamais


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MessagePosté: 03 Jan 2023, 11:03 
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Cyniquotron a écrit:
je chiale à chaque fois. It's a good scream, a good scream...


ça me file des frissons à chaque fois que j'y repense.


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MessagePosté: 04 Jan 2023, 04:42 
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En y pensant c'est aussi un fantasme, une imagination du cri de Jackie O. dans le film de Zapruder. De Palma reconnait avoir été obsédé par l'affaire JFK jusqu'à compulser tous les bouquins, explorer toutes les pistes des possibles complots.

Me dire que Sally (Nancy Allen) constitue aussi une sorte de double ultra vulgos de Jacqueline Lee Bouvier ça me fait rire (jaune).

En comparant les deux l'intuition se confirme, Nancy Allen imite la voix trainante, oscillante entre grave et aigu, de Jackie Kennedy-Onassis, et Travolta celle de JFK, en les rendant plus vulgaires, populo :





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MessagePosté: 30 Juin 2023, 13:17 
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Je croyais n'en avoir que peu de souvenirs, comme Body Double et Soeurs de sang, mais je n'en avais aucun. Normal, je l'avais pas vu... Pour la suite,je précise après lecture du fil (qui m'aura appris plein de choses, avec la page wiki du film) faire partie des vendus à De Palma. Et bon, à partir de là, il y aura ma critique, avec des spoilers.

Le premier point : très (très) agréablement surprise par l'exploitation de la bande son et vidéo. J'irai même jusqu'à dire leur personnification puisqu'elles deviennent elles aussi les témoins gênants du complot et elles aussi doivent être mises HS pour ne pas le révéler, avant le meurtre ultime de Sally. Symboliquement l'une est tuée et l'autre, amputée du visuel, devient inutile même si dupliquée.

Les multiples hommages aux techniques de post-production, et surtout à la captation/création (prise de son/bruitage) et au montage d'effets sonores, en font d'après moi un bel objet documentaire également, surtout si on s'attache aux évolutions numériques modernes ayant bouleversé le métier. Et toujours sur la bande son : encore de la VF, l'occasion de découvrir Depardieu qui double Travolta, à sa demande (merci wiki). Ça désarçonne un peu mais le choix se justifie je trouve, même si je suppute que le jeu de Travolta côté répliques est plus sobre et que je préfère ses intonations vocales.

J'ai pas pu savourer pleinement le jeu de Travolta donc, mais j'ai trouvé son jeu excellent d'après ses expressions et sa gestuelle principalement. Si De Palma est réputé pour sublimer ses actrices, pour moi c'est la révélation du film. Pourtant je ne suis pas coutumière du fait, bien que bel homme, il m'indiffère assez. Des costumes impeccablement coupés pour lui, à tous ces plans rapprochés captant ses expressions faciales, De Palma magnifie son acteur en créant un personnage attendrissant, charismatique et surtout sexy en diable.

Sinon, et comme d'hab', j'adore cette habileté chez De Palma à mélanger les genres, et à abonder en effets audiovisuels quitte à frôler l'overdose. Je trouve que c'est pas mal maitrisé ici, non pas contenu mais sa mise en scène est au service du scénario, c'est d'une féroce efficacité. Je n'ai pas souvenir de m'être sentie flouée par une mise en scène tapageuse qui fait un peu flop a cause d'un scénar pas la hauteur ou d'une mauvaise exploitation de celui-ci (Snake Eyes, je crie ton nom)(mais j'ai beaucoup de tendresse pour ce film, hein ! #vendue).

Sinon vous parliez plus tôt du plan à 360° dans sa salle "d'effets personnels" (ça s'appelle vraiment ainsi aux États-Unis ?). Est- ce que le plan final où Travolta s'effondre près du corps de Nancy, avec ce mouvement de caméra circulaire (je sais pas si c'est un pano ou pas, je suis incapable de relever ce genre de choses) lui répond ? Je veux dire : est-ce que ce ne serait pas justement la conclusion de cette première fulgurance suite à la découverte du meurtre organisé, qui rejaillit ici, mais sous une forme bien plus amère, l'excitation laissant place au désespoir ? Bon, je m'avance avec mes théories farfelues, hein, mais la question est sincère !

Je pourrais certainement encore écrire longuement sur Blow Out, sur l'admiration que je porte au cinéma de BDP, comme sur les théories lues ci et là (notamment sur la thématique récurrente des doubles chez DP), je vais vous épargner au moins ça. Une chose est sûre, pour l'instant, il intègre mon top du réalisateur en 4è place (derrière Carlito's way, Carrie, et Phantom of the Paradise en pôle position). À revoir, je me demande s'il ne finira pas par détrôner le 3è...


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MessagePosté: 30 Juin 2023, 13:22 
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MessagePosté: 30 Juin 2023, 13:36 
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MessagePosté: 30 Juin 2023, 15:39 
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Paprika a écrit:
Symboliquement l'une est tuée et l'autre, amputée du visuel, devient inutile même si dupliquée.

On croirait que tu parles de Madeleine et Judy dans Vertigo. <3
Merci de me conforter dans l'idée que tout est potentiellement hitchcockien chez De Palma, même à son insu, et même quand il le nie. On peut gloser infiniment comme dirait notre ami Bégaudeau.

Citation:
Je n'ai pas souvenir de m'être sentie flouée par une mise en scène tapageuse qui fait un peu flop a cause d'un scénar pas la hauteur ou d'une mauvaise exploitation de celui-ci (Snake Eyes, je crie ton nom)(mais j'ai beaucoup de tendresse pour ce film, hein ! #vendue).

Qu'est-ce que tu entends par là à propos de Snake Eyes ?

Citation:
Sinon vous parliez plus tôt du plan à 360° dans sa salle "d'effets personnels" (ça s'appelle vraiment ainsi aux États-Unis ?).

Je ne sais pas et il faut croire que ça peut ou a pu s'appeler comme ça, mais c'était le titre original du film.

Citation:
Est- ce que le plan final où Travolta s'effondre près du corps de Nancy, avec ce mouvement de caméra circulaire (je sais pas si c'est un pano ou pas, je suis incapable de relever ce genre de choses) lui répond ? Je veux dire : est-ce que ce ne serait pas justement la conclusion de cette première fulgurance suite à la découverte du meurtre organisé, qui rejaillit ici, mais sous une forme bien plus amère, l'excitation laissant place au désespoir ? Bon, je m'avance avec mes théories farfelues, hein, mais la question est sincère !

On peut y voir un écho oui, il y a bien l'idée d'une bobine qui s'évide/d'une vie qui s'épuise, et c'est aussi un rappel des travellings circulaires de Vertigo. Dans Blow Out le premier mouvement est centripète (c'est Travolta qui tourne autour de la caméra), et le second centrifuge (c'est la caméra qui tourne autour de Travolta). Dans le générique, les deux lettres "O" de "BLOW" et "OUT" finissent par se confondre :

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Citation:
Une chose est sûre, pour l'instant, il intègre mon top du réalisateur en 4è place (derrière Carlito's way, Carrie, et Phantom of the Paradise en pôle position).

Eh mais c'est une vraie depalmienne que nous avons là !


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MessagePosté: 02 Juil 2023, 11:47 
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Ha, j'y avais pas du tout pensé mais c'est vrai que ce pont avec Vertigo paraît sensé !

Pour Snake Eyes, à mon sens, le plan séquence d'intro plante bien l'univers du film et j'attendais alors un thriller aux petits oignons. Et dommage, ça fait flop, je n'ai pas retrouvé niveau scénario (donc vraiment sur le déroulement de l'intrigue là) cette maestria. L'emballement de départ retombe un peu comme un soufflé chez moi.

Merci pour les réponses à mes nombreuses interrogations ! Ce gif est bienvenu, aussi un rappel que malgré le côté daté de certaines de ses œuvres, De Palma soigne énormément le graphisme de ses films. Si cet effet peut être jugé kitch voir laid de nos jours, je trouve qu'il parvient à rester moderne néanmoins. En tout cas, bien vu pour l'animation des deux mots et le possible lien avec les deux plans sus-mentionnés !!

Enfin, j'aime beaucoup ce réalisateur mais je suis très loin de connaître toute son oeuvre et de saisir toutes ses subtilités. Je ne voudrais pas abuser quoi... En tout cas, j'ai une scéance ciné (à la maison) de M:I de prévu, et bien curieuse de découvrir sa proposition !


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MessagePosté: 12 Aoû 2023, 10:18 
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Sur le plan technique c'est le premier film où De Palma utilise le Steadicam - après recherche c'est Shining qui l'utilise en premier amplement dans un long-métrage en 1980 - ce qui fait qu'il n'y a pas d'équivalent technique exact dans des films antérieurs à ces prises de vues.


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MessagePosté: 22 Fév 2024, 23:16 
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Toute la fin
rehausse l'ensemble du film par une dimension tragique que je n'avais pas vu venir, même si j'en suis pas à mon premier De Palma. Ici, c'est vraiment hyper surprenant à quel point ça verse dans la tristesse pure, ce meurtre à distance auquel le héros est raccordé par le son, et seulement à la toute fin par l'image et le toucher, quand c'est trop tard.
Puis la dernière scène où le héros monte le son du cri de sa bien aimée pour son film pourrave, c'est à la fois un hommage déchirant et une sensation d'horreur pure, quand Travolta se cache les mains en réentendant le cri, et alors que son chef jubile sans savoir... Vraiment une idée géniale, une fin mémorable, qui exemplifie parfaitement qu'un individu même préparé et compétent ne peut rien contre une machinerie politique.


Mais avant ça, j'ai bien évidemment été intéressé par la description du pouvoir du cinéma pour retracer la vérité, dans ses aspects précis de manipulation de la bande-son et de l'image, le récit est propulsé par cette dimension méta, c'est peut-être le De Palma théorique qui m'a le plus convaincu de ce point de vue-là - même le pano circulaire me semble à-propos - tape à l'oeil bien sûr, mais cette expression caractérise toutes les qualités et les faiblesses de De Palma non?

Dommage donc que le personnage du tueur soit autant mis en valeur, même si on comprend la ligne de fuite vers la fin. Ces séquences du point de vue du tueur sont assez plates et je me suis surpris à regarder ma montre deux trois fois en milieu de film. Et au-delà de cette mollesse, le propos politique me semble un brin affaibli par cette focalisation sur la sauvagerie d'une personne. C'est bien vu dans l'absolu de montrer qu'une machinerie assassine repose sur des psychopathes en bout de chaîne, mais justement, ce n'est qu'un bout de chaîne. Consacrer un quart du film à ce personnage psychologise l'intrigue à outrance.


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Art Core

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Cyniquotron Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Outrages (Brian de Palma - 1989)

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Blissfully

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Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Redacted (Brian de Palma, 2007)

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Jericho Cane

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Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Murder a la mod (Brian De Palma, 1968)

Film Freak

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03 Juin 2018, 23:55

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Passion (Brian De Palma - 2012)

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DPSR

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03 Mar 2014, 01:04

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