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MessagePosté: 01 Juil 2022, 10:58 
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Synopsis : quand à 50 ans t’as une Rolex, fais gaffe de ne pas rater la marche.

Un flic ultra-consciencieux tombe amoureux de la principale suspecte dans une affaire concernant son mari, un fonctionnaire de l’immigration qui a chu dans un ravin. On est en terrain connu et le côté Procès Paradine mêlé à Vertigo sous créatine place Decision to Leave directement dans la catégorie des films sous influence. Mais l’ombre hitchcockienne qui visiblement planait déjà sur Stoker (pas vu) est soutenue ici par le discours opposant virtualité et authenticité.

Ainsi, la technologie est omniprésente dans la première partie où le montage mitraille les plans et les séquences jusqu’à l’épuisement. Se succèdent à un rythme effréné la multiplication des écrans, des messages sms, des zooms sur les indices... Le tout fusionne en une enquête où les appareils les plus divers épaulent le flic jusqu’à devenir des extensions cybernétiques de lui-même le propulsant dans le posthumanisme à la mode ; par exemple, ce le vibromasseur pour son cou utilisé même par son très fidèle assistant, ou bien la lampe frontale qui fait d'un personnage suivant le cadrage, un androïde ou bien une sorte d'alien réminiscence de l'affiche de The Thing. C’est quand les sentiments de l’inspecteur prennent le pas sur sa raison que le film ralentit et la mise en scène se fait plus classique ménageant des plages de repos où les amants flânent dans des décors plus rustiques voire dans un temple où le sacré fait sa réapparition. Soudain, un cinéma classique de mélodrame poignant surgit du film à enquête techno.

Mais tout ceci n’est évidemment qu’une illusion nourrie par une société de spectacle qui a progressivement dévoré la réalité : la chanson mièvre qu’on écoute sur des enceintes dernier cri est
la ritournelle préférée d’une malade d’Alzheimer
; le "plat typique" chinois ne convainc pas l’héroïne ; les conjoints bossent dans la finance ou dans le nucléaire où l’on cache les malversations sous le tapis etc… à peu près tous les sujets qui prêtent à débat et qui témoignent de l’irréductible sauvagerie du capitalisme déliquescent pointent le bout de leur nez sans que, miracle, cela ne fasse liste de courses. Tout du moins se retrouve-t-on face à l’horreur quotidienne d’un monde sans morale.

Ouvertement manipulateur, Park Chan-wook sème ainsi avec une précision de métronome ses plans symétriques, ses scènes, situations ou personnages en miroir, et bien entendu ses retournements d’intrigue : par instants, on semble zapper sur une autre histoire grâce à un procédé de rupture de ton que Lynch utilise à l’envi. Quelques sauts d’intrigues rappellent ainsi la troisième saison de Twin Peaks et on aborde souvent les rivages de la série tv, nouvel opium du peuple, via des mises en abyme et des références directes : l’héroïne organise ainsi des visites sur les lieux de tournage d’une série consacrée au nucléaire. La sensation de vertige coïncide avec celui des personnages souvent placés, au sortir de poursuite, au bord de toits ou de précipices.

La chute n’est jamais loin… elle est peut-être même déjà arrivée selon Park Chan-wook qui refuse à ses protagonistes une porte de sortie là où pour Mademoiselle, situé il est vrai dans le passé, offrait une happy end à l’aide de travestissement et boules de geisha destinés à choquer le bourgeois. Ici,
les amoureux maudits sont à la fois réunis et séparés sur une plage chabadabadienne où les eaux n’en finissent plus de monter
: il n’est plus question de savoir si la fin du monde est proche mais comment l’accueillir. Du nihilisme chic et choc asséné avec l’assurance de celui qui clôt tout débat par un cinglant « de toute façon, on va tous crever ».

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MessagePosté: 01 Juil 2022, 11:50 
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Inscription: 25 Déc 2008, 02:29
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Très agréablement surpris par ce film, n'aimant pas Park Chan-wook. J'ai eu peur au début avec le plan subjectif d'un macchabée dont l'œil est surmonté d'une fourmi, le genre d'effets qui peuvent expliquer son prix de la mise en scène à Cannes, et si le film n'en est pas dénué, la sophistication à l'œuvre profite surtout à la belle relation entre les personnages principaux dont l'écriture et l'interprétation sont vraiment subtiles (surtout celle de Tang Wei qui pour le coup aurait mérité un prix), même ce détail de la fourmi est repris ensuite, lui donnant plus de profondeur. Le film a beau jouer avec les codes du film de genre, il en est un superficiellement, y compris pour l'aspect hitchcockien dont on entend beaucoup parler, mais ce n'est pas à prendre au sens péjoratif, c'est en conscience et sans vouloir faire le malin, simplement pour rendre d'autant plus difficile l'assignation d'un rôle de "femme fatale" à son personnage trouble, et pour mieux lui donner une portée réaliste.


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MessagePosté: 01 Juil 2022, 12:00 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Un film que j'ai eu un peu du mal à saisir. Parce qu'à la fois je trouve sa construction un peu confuse et lourde, le film bien trop long avec un récit policier et même romantique qui ne m'a jamais vraiment intéressé, autant j'ai été assez bluffé par la mise en scène de PCW. Je le disais sur Twitter mais je crois que c'est le premier film à théoriser aussi profondément notre rapport à la technologie et plus précisément à cette extension de nous-mêmes qu'est devenu le smartphone. Tout ou presque passe par le smartphone dans une espèce de poétique de l'enregistrement, de la traduction, de la répétition etc... C'est vraiment fascinant. Ce n'est plus juste un outil comme un autre mais ça devient un élément constitutif du récit et de la relation entre les personnages.

Pour le reste c'est du hitchcockien brillant perverti et en effet assez nihiliste. Je trouve la fin sublime. Mais je me suis un peu ennuyé devant un film qui ressemble trop à un pur objet formel. Il faudrait que je le revoie un peu plus en forme (vu au retour de Cannes hyper fatigué, j'ai lutté - et échoué à quelques reprises - pour ne pas m'y endormir).

4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 01 Juil 2022, 17:20 
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Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
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Je n'arrive pas à déterminer si la sophistication du scénario et de la mise en scène nuisent au film... J'ai aimé et ça restera comme l'un des morceaux de cinéma de cette année, en tout cas pour moi, tant c'est original. Il y a mille idée de cadres et de montage, c'est de la virtuosité qui semble toujours pertinente sur le moment, jamais ça ne fait creux.

Et en même temps à tête reposée je ne peux m'empêcher de penser qu'un geste plus épuré était possible avec la même matière. Le film est trop long pour son intrigue. On voit venir la fin à 10 km mais les détours de sophistication et les flashbacks des paroles assénées surlignent le discours. C'est pourquoi je ne parlerais pas, comme le dit une citation plaquée sur l'affiche, que le film est "raffiné".

Tout de même la romance et ses méandres sont émouvants, c'est un beau film.


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MessagePosté: 02 Juil 2022, 08:21 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Très belle analyse Julien Lepers, c'est un OUI OUI OUI.


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MessagePosté: 02 Juil 2022, 09:14 
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Localisation: Ile-de-France
Je suis bien d'accord!


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MessagePosté: 02 Juil 2022, 09:25 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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Vous parlez tous bien (et mieux que moi) du film, merci!
De mon côté j’ai été complètement envoûté, où la maestria formelle, l’inventivité de chaque instant se met toujours au service de ce que le film raconte, et dont l’élégance se peut être que raccord à la noblesse et la complexité des sentiments qui se bousculent. Oui c’est un chouille trop long, mais c’est magnifique de bout en bout. Vraiment l’un des grands films, en tout cas l’un des plus stimulants, l’un des plus généreux de l’année.

5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 10 Juil 2022, 21:42 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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J'aurai dû écrire mon avis aussitôt après l'avoir vu car là j'ai oublié tout ce que j'avais de pertinent à en dire.

J'ai surtout été bluffé par la mise en scène. C'est d'une précision et d'une variété absolument diabolique. C'est rare d'avoir autant l'impression que chaque plan est là que pour faire passer une idée, un sentiment. La maîtrise est totale.

Ensuite j'aime bien voir Park Chan-Wook sur un ton plus feutré, plus policé, ça me parle davantage que ses films fous-fous. Par contre c'est un film coréen donc forcément y aura une méga rupture de ton à un moment (exemple: le flic qui se fait tracter en harnais en maugréant). D'ailleurs t'as presque l'impression qu'il force un peu le truc, comme si c'était pour se conformer à l'image qu'on se fait d'un film coréen. Bon bref.

Après concernant l'histoire bah évidemment j'ai dormi donc j'ai rien capté mais ça avait l'air sophistiqué. Cependant, j'ai quand même trouvé l'ensemble longuet, au bout d'un moment mon admiration de la mise en scène n'a pas suffi à me tenir accroché. Mais j'ai bien aimé la dernière scène avec sa vibe très 70s, il manquait juste l'arrêt sur image final.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 10 Juil 2022, 21:53 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22908
Localisation: Paris
Je trouve le film s'effrite après l'ellipse de 13 mois (13 ans ? Je ne me souviens même plus). Puis ça mériterait 30mn de moins.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 10 Juil 2022, 23:22 
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Titilleur
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Inscription: 06 Fév 2022, 11:54
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Ça a beau être chiadé, brillamment mis en scène, j’ai trouvé ça globalement artificiel, désincarné et confus…je ne crois pas un seul instant à ces personnages. Decision to leave…the movie theater


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MessagePosté: 11 Juil 2022, 08:06 
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J'hésitais à le voir ce weekend mais ce sera sans moi finalement. D'autant plus que 'auto-indulgence des réalisateurs vis-à-vis de la longueur de leurs films me paraît contreproductive.


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MessagePosté: 12 Juil 2022, 19:57 
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Inscription: 13 Sep 2021, 16:55
Messages: 671
Je rejoins les avis mitigés. Oui, c'est superbement filmé, oui le film a un aspect envoûtant pas désagréable, mais bon, ça rame quand même pas mal niveau narration.

Et puis il y a une dichotomie entre la sophistication de la forme et la simplicité du fond, on a toujours un peu le cul entre deux chaises, on sait pas si on doit s'intéresser aux images ou vibrer sur l'histoire d'amour.

J'ai préféré ses précédents.


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MessagePosté: 24 Juil 2022, 20:23 
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Cosmo a écrit:
Je trouve le film s'effrite après l'ellipse de 13 mois (13 ans ? Je ne me souviens même plus). Puis ça mériterait 30mn de moins.
Fenrir a écrit:
Ça a beau être chiadé, brillamment mis en scène, j’ai trouvé ça globalement artificiel, désincarné et confus…je ne crois pas un seul instant à ces personnages. Decision to leave…the movie theater

Quand j'ai capté qu'il restait encore 50min de film et que je l'ai dit à ma femme, elle m'a effectivement proposé de prendre cette décision.

Mais je suis resté.

Le film m'a vraiment séduit par son ton durant sa première moitié, je ne savais pas où ça allait et c'était rafraîchissant, mais la seconde est interminable et poussive et je ne crois plus ni aux rebondissements ni aux sentiments des personnages ni à cette fin. L'impression que ça force un romantisme de pacotille.

Ce que je lis ici dans les messages de JulienLepers et Art Core sur le rapport à la technologie me paraît com-plète-ment accessoire. Pas traité du tout. Ca se passe aujourd'hui et le smartphone est un outil supplémentaire dans l'enquête. Point.

Et autant je n'ai rien à redire à la mise en scène, elle n'a m'a pas non plus frappé en quoi que ce soit. De toute façon, Park Chan-wook, je trouve toujours ça moyen.

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