Un couple âgé vit dans un appartement parisien submergé de livres et de souvenirs. Lui est cinéphile, historien et théoricien du cinéma qui écrit un ouvrage sur les liens entre le 7e art et les rêves. Elle, psychanalyste à la retraite, est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Amoureux et indispensables l'un à l'autre, ils vont vivre leurs derniers jours.Vu le pitch, je m'attendais à
Amour de Haneke à la sauce Noé, ce que je redoutais, je m'apprétais à détester et finalement je suis agréablement surpris. Avec ce
Vortex, je dirais même que Noé signe son film le plus convaincant à ce jour. Tout d'abord, exit son style visuel et quelquefois tape à l'oeil, on est ici dans une forme relativement sobre et qui tranche de manière radicale avec tout ce qu'a fait auparavant le cinéaste. Tout d'abord, il y a ce procédé de dualscreen qui sera utilisé tout le long du film. C'est un pari osé, casse-gueule sur le papier, mais qui est ici payant. Ca n'est jamais gadget, ça permet de multiplier les points de vue et les détails sur la déchéance de ce couple qui perd la boule et va droit vers la mort. Ca apporte une certaine densité au film.
Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est l'aridité et le sérieux avec lequel Noé s'empare de son sujet.
Vortex est d'un réalisme on ne peut plus sérieux, on va vivre les derniers jours d'un couple mais jamais avec voyeurisme. Il y a un côté extrêmement documenté qui transpire à l'écran. Sans trop en rajouter, Noé nous fait vivre la déchéance de l'esprit dans son film de manière ultra réaliste. Et à l'écran, c'est déchirant. C'est sans doute le Noé le plus émouvant et le plus humain. On sent l'amour qu'il ressent pour ce couple qui se désagrége et, à travers cette marche funèbre, tout ceux qui ont eu un parent qui tombe dans la dépendance et perd ses facultés mentales, vont s'y retrouver.
Et il y a l'excellent idée du personnage du fils joué par Alex Lutz. Très juste, à l'image du film, il est désabusé à l'idée de voir partir ses parents. On va pas se le cacher, c'est un film triste mais fort sur le sujet. Dans un style radicalement différent, on pense évidemment à
The father. Le film de Noé arrive lui aussi très bien à illustrer le chaos mental propre à la vieillesse. Noé a troqué son côté sale gosse pour signer son film le plus dépouillé et le plus émouvant. Un film dur mais salutaire sur l'attente de la mort.
4,5/6
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