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Après deux premiers films en tant que réalisateur où il était d'abord défiguré puis éventré en place publique, Mel Gibson continue à expier ses péchés par le biais de personnages-martyrs. Si le chemin de croix du héros d'APOCALYPTO était plutôt barbare et païen, celui de Desmond Doss revient aux amours christiques du réal avec une imagerie poussée jusqu'à 11.

Pourtant, l'intégrité du personnage rend la première heure assez étonnante. C'est rare un film hollywoodien avec un personnage aussi pur et monolithique et ça donne une spécificité au film. Surtout que c'est pas désagréable ni trop pontifiant car ça cohabite avec les excès grotesques de Mel, comme ces séquences de basic training quasi-parodiques.

La deuxième heure est cool dans sa dévastation et son juste milieu quelque part entre le gore de RYAN et la lisibilité de WINDTALKERS. Mais elle révèle bien l'hypocrisie du film: l'intégrité de Doss devient comme un bouclier qui permet à Gibson de s'en donner à cœur joie dans la boucherie "mais attention, je cautionne pas hein, d'ailleurs vous avez vu mon perso principal il est contre tout ça!"
Et puis si on voit bien l'horreur absurde de la guerre, on a quand même bien envie de voir les japs (filmés parfois comme l'armée du Mordor) vaincus -- d'ailleurs quand on voit leur résilience au combat, on se dit que ce film est la meilleure pub
possible pour l'utilisation de l'arme atomique...

En ce qui concerne Doss, si son dévouement de mini-Schindler du champ de bataille est forcément touchante, on aurait aimé le voir confronté au dilemme ultime: face à la menace d'une mort imminente, qu'aurait-il fait ? Malheureusement le film évite d'affronter le problème. Un peu déçu sur le coup, même si quand j'y repense cette non-concession à une situation finalement très "scénario" contribue à rendre le film étrangement intègre et entier.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste