Castorp a écrit:
Voir cette femme, par exemple, qui explique que la virginité, dans les régions pauvres du sud de l'Italie, c'est l'honneur de ces familles qui n'ont rien, et qu'à cause de cela, elle n'a pas de prix, même si elle signifie encore plus de misère : en effet, les femmes ne peuvent pas travailler, puisqu'elles risquent de perdre leur virginité en se mêlant au monde.]
On a là l'un des points aveugles inhérents à la forme du film : la fille présente un discours très articulé et compassionnel vis-à-vis des archaïsmes qui survivent en ces régions et son point de vue est celui d'une bourgeoise éduquée.Alors il ne s'agit pas de remettre en cause sa légitimité à le faire, pas du tout, mais on aimerait en savoir plus. Aux jeunes gens du nord le progressisme éclairé et réflexif, à ceux du sud une sincérité et une spontanéité qui se débattent dans les coutumes. C'est le défaut du film - balayer rapidement en même temps que son immense qualité : donner un tableau varié de l'Italie en un laps de temps extrêmement court. Symptomatique de l'habileté de Pasolini, cette scène où il interroge les soldats en les interpellant par leurs villes d'origines et qui suggère des disparités locales marquées... ou non (autre mot lâché auparavant d'un type qui dit qu'il aime les spectacles denudés puis quand Pasolini lui demande où il en a vu, ce dernier répond en Libye). On ne sait pas trop finalement en dehors des vieilles oppositions entre droit coutumier et modernité.
Cela remet aussi en mémoire La Peau de Malaparte et son tableau, peut-être sensationnaliste, de la prostitution à Naples à la fin de la guerre etc... il y aurait un truc à creuser sur les rapports entre la guerre et la sexualité et sur la manière dont l'une a pu bouleverser l'autre ou constituer les femmes en tant que victimes (les études historiques actuelles qui se penchent sur les viols commis par les différentes armées ou l'espèce de chamboulement que ça a pu créer à côté de cette réalité statistique horrible).
Autre réminiscence qui me vient : mes parents qui évoquent une sortie au cinéma, où déjà ou encore bourgeois, ils allaient voir Padre Padrone, palme d'Or, qui des années plus tard ne leur évoquait d'autre souvenir, en dehors de la chiantise absolue du film pour eux, les scènes de zoophilie paysanne. Aspect que l'on retrouve dans Le Fleuve Détourné de Rachid Mimouni que je viens de commencer.
Citation:
Je profitais de cette proximité pour lui rendre de fréquentes visites nocturnes. Mais il fallait se montrer prudent : l'ânesse comptait de nombreux amants parmi la nuée de cousins. D'un tacite accord, nous étions convenus de ne pas nous dénoncer, le tard-venu devant se défiler sans bruit s'il trouvait l'ânesse occupée. « Merveilleuse entente, fondée sur le sexe hospitalier de l'ânesse ! Notre système était magnifique, car nul ne songeait à en remettre en cause les options fondamentales.
Des magazines comme vice ont pu faire des vidéos sur ce genre de scènes en Amérique latine qui suscitent les ricanements des occidentaux. Message décousu mais qui évoquait la sexualité.