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MessagePosté: 07 Mai 2020, 22:13 
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Sir Flashball
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Comizi d'amore en VO.

Pasolini interroge des Italiens sur leur perception de la sexualité.

Image

Je doute de voir mieux que ça cette année : c'est extraordinaire.
Déjà, c'est un film de gauche, furieusement de gauche, mais celui d'une gauche vivante, qui questionne le monde, pas cette gauche moderne qui se contente de taper du pied en geignant. D'ailleurs Pasolini le dit : l'Italie de 1964, ultra-conservatrice (où le divorce est encore interdit !), est un pays où tout le monde s'indigne, tout le monde est scandalisé. Mais ceux qui sont scandalisés, ce sont les conservateurs, qui, comme le dit le film "se scandalisent parce qu'ils ont peur de la réalité du monde". Et c'est fascinant de mettre ça en parallèle avec la gauche d'aujourd'hui, qui s'indigne pour tout et n'importe quoi, cette gauche qui, finalement, a cessé de questionner la réalité.

Et donc Pasolini fait d'un film sur la sexualité une réflexion sur les classes sociales, aiguille les intervenants vers une vision de la misère sexuelle qui prend racine dans le conservatisme bourgeois (et plus encore, celui de la classe moyenne), mais surtout dans la destitution économique. Et cela permet à ces visages, filmés avec la maestria d'un grand cinéaste, d'exprimer des vérités fulgurantes. Voir cette femme, par exemple, qui explique que la virginité, dans les régions pauvres du sud de l'Italie, c'est l'honneur de ces familles qui n'ont rien, et qu'à cause de cela, elle n'a pas de prix, même si elle signifie encore plus de misère : en effet, les femmes ne peuvent pas travailler, puisqu'elles risquent de perdre leur virginité en se mêlant au monde.

Documentaire féministe, progressiste, fièrement de gauche, Enquête sur la sexualité est un instantané humaniste d'une intensité remarquable.
Chef d'oeuvre.

6/6

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MessagePosté: 07 Mai 2020, 22:50 
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Antichrist
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Jamais vu celui-là.


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MessagePosté: 07 Mai 2020, 22:53 
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Sir Flashball
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Il faut.

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MessagePosté: 07 Mai 2020, 22:58 
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Castorp a écrit:
Déjà, c'est un film de gauche, furieusement de gauche, mais celui d'une gauche vivante, qui questionne le monde, pas cette gauche moderne qui se contente de taper du pied en geignant.


C'est ce qu'on appelle un biais de confirmation (ou une obsession). Il ne s'expriment même plus dans le choix de l'oeuvre (ce qui serait finalement moins grave) mais dans le regard sur celle-ci.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 08 Mai 2020, 11:16 
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Oui ça me gêne aussi pas mal, comme si ça suffisait à valider quoi que ce soit.

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MessagePosté: 08 Mai 2020, 11:58 
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J'en ai vu des extraits récemment (toujours eu envie de le voir à cause d'un livre où le film est décrit comme l'un des sommets du cinéma vérité) et ça a l'air excellent oui. Autre biais quand on regarde ce genre de films, qui se retrouve dans commentaires au-dessous des vidéos de l'INA sur youtube, celui du "c'était mieux avant", quant à la diction, le vocabulaire, la manière de parler en général, et une certaine de vigueur intellectuelle qui semble exister malgré les disparités de classe.
J'avoue m'en rendre coupable aussi.


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MessagePosté: 08 Mai 2020, 12:06 
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Sir Flashball
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Art Core a écrit:
Oui ça me gêne aussi pas mal, comme si ça suffisait à valider quoi que ce soit.


Tu fais chier, tu m'obliges à lire le message de Gontrand.

Mais ça valide rien du tout : c'est juste que je me reconnais 1000 fois plus dans le communisme de Pasolini (alors que je n'ai rien d'un communiste) qui est une gauche de dialogue et d'échange que dans la gauche d'aujourd'hui, qui est une gauche d'accusation et de jugement.
Le mantra de la gauche actuelle, c'est "Indignez-vous", alors qu'ici, Pasolini n'a rien d'un indigné : il interroge, il sonde, il veut savoir, et il veut changer le monde en parlant aux autres.

bmntmp a écrit:
Autre biais quand on regarde ce genre de films, qui se retrouve dans commentaires au-dessous des vidéos de l'INA sur youtube, celui du "c'était mieux avant", quant à la diction, le vocabulaire, la manière de parler en général, et une certaine de vigueur intellectuelle qui semble exister malgré les disparités de classe.


Je me suis dit exactement la même chose, et c'est pas un biais : c'est flagrant.

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MessagePosté: 08 Mai 2020, 12:23 
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Il est aussi très mort dans les circonstances que l'on connaît, ce qui semble être aussi à tes yeux une qualité chez un communiste.

Dans la veine documentaire je connais Carnet d'une Orestie africaine, bluffant sur le coup, mais un peu à côté de la plaque et simplificateur historiquement quand on creuse un peu (le mythe est vraiment plaqué sur le présent et sert à dérouler un fil interprétatif propre à Pasolini). Van der Keuken voire même Godard tombent moins sur ce problème car ils n'identifient pas leur propre regard avec l'image elle-même

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 08 Mai 2020, 12:31, édité 5 fois.

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MessagePosté: 08 Mai 2020, 12:24 
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Tu peux arrêter de me parler ? Je ne te répondrai plus.

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MessagePosté: 08 Mai 2020, 12:29 
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Tant mieux tu raconteras moins de conneries du coup.
Entre les menaces au flashball et Eric Zemmour historien du PCF, il y a de quoi en effet être un peu plus prudent.

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MessagePosté: 08 Mai 2020, 12:34 
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Castorp a écrit:
Je me suis dit exactement la même chose, et c'est pas un biais : c'est flagrant.


C'est le syndrome "vieux con" mais c'est amusant de le voir toucher des jeunes sur youtube qui découvrent ébahis et en complexant ces documentaires l'ina en ayant l'impression de voir des extraterrestres.
Juste un exemple, ce sont des instants saisis, il n'empêche qu'il y a un travail de sélection qui s'opère et ça commence dès le début de l'interview, ainsi ce sont presque toujours les sujets les plus éloquents, les plus beaux parleurs qui vont s'exprimer - tu ajoutes les fringues, un accent légèrement désuet, c'est facile de voir comment notre perception peut-être biaisée. Là, en plus, c'est en italien, qui accentue probablement le côté volubile avec son déversement de voyelles, ses r roulés.
ça me rappelle Flagrants Délits de Depardon, et un dialogue entre un avocat et sa cliente séropositive, droguée, qui se prostitue. Le verbe est censé être le domaine de l'avocat, mais la présence de la caméra, accentue, j'en suis persuadé, un numéro d'acteur qui sans elle aurait été moins marqué.
Même chose avec la juge belge de Ni juge ni soumise qui a fait le buzz récemment après la diffusion du film sur France 3, qui surjoue de manière cette fois extrêmement antipathique devant les caméras. Il y a sûrement une vérité sur sa manière d'être, mais elle est exagérée.


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MessagePosté: 08 Mai 2020, 12:39 
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Sir Flashball
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bmntmp a écrit:
Juste un exemple, ce sont des instants saisis, il n'empêche qu'il y a un travail de sélection qui s'opère et ça commence dès le début de l'interview, ainsi ce sont presque toujours les sujets les plus éloquents, les plus beaux parleurs qui vont s'exprimer - tu ajoutes les fringues, un accent légèrement qui paraît désuet, c'est facile de voir comment notre perception peut-être biaisée .


Bien sûr. Mais Pasolini en est conscient, et il en discute avec Moravia à un moment dans le film.

Il n'empêche : son approche, c'est de venir au contact de groupes et de donner aussi la parole à ceux qui ne parlent pas spontanément. Du coup, tu te retrouves avec un panel assez varié, et pas seulement des beaux parleurs. En plus, comme c'est un film sur les classes avant d'être un film sur la sexualité, Pasolini va voir tout le monde, donc on a des ouvriers, des paysans, des bourgeois, des étudiants, etc. Il n'y a que la classe moyenne qui refuse de lui répondre.

@Gontrand : va polluer le topic de quelqu'un d'autre.

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MessagePosté: 27 Mai 2020, 20:09 
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Hier il y a eu un documentaire intitulé "Algérie, mon amour" de Mustapha Kessous sur France 5 qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. En cause principalement, trois minutes présentées malhonnêtement dans le teaser diffusés sur lesdits réseaux où l'on voit trois filles de vingt ans boire, fumer et parler de masturbation et de l'interdit de autour du porno. Plus généralement, le documentaire, qui est ce qu'il est, à savoir destiné à un public français dans un format conforme aux standards télévisuels en vigueur, suscite des critiques car il ne représenterait pas la jeunesse algérienne à travers le témoignage de quatre jeunes issus de la classe moyenne (oranaise, algéroise, kabyle) en faisant fi de la diversité de conditions qu'on retrouvait dans le Hirak, les manifestations qui ont eu lieu en Algérie et stoppées depuis par le confinement, comme un dévoiement de son esprit originel par l'entremise d'une jeunesse somme toute privilégiée.
Les réactions sont intéressantes car elles témoignent, pour aller vite, d'une politisation intense de la vie algérienne, comme hystérique de l'extérieur, avec des contradictions entre une unité nationale rêvée et des dissensions d'aspirations à l'intérieur de la société. Old news. Est intéressant également ce caractère rétif à ce qui se présente aux yeux des spectateurs algériens ou franco-algériens comme des signes de décadence occidentale, ce qui m'a évidemment remis en mémoire le documentaire de Pasolini.

Lequel est très intéressant, le montage est vif, presque trop et empêche presque la réflexion lors d'une première vision, propice à la distraction. Alors que pourtant Pasolini adopte une posture didactique, un poil trop parfois, en revenant fréquemment sur les témoignages recueillis - ce qui se marque par des interviews avec Moravia et un psychologue - et en expliquant comment et pourquoi il change son fusil d'épaule dans les questions qu'il pose pour essayer d'atteindre à une sorte de vérité. Ce qui ressort, c'est la vitalité de ces échanges, accentués par la rapidité du montage, le bond d'une région à l'autre, la langue italienne dans sa diversité d'accents et de dialectes. Pour le fond, c'est un désir des femmes d'accéder à une condition plus égalitaire qui ressort, qui semble normal de nos jours et Pasolini fait explicitement des jeunes femmes - et des plus vieilles - le chantre de son discours sur des manières ou des comportements obsolètes. Et deuxièmement, de manière prévisible déjà à l'époque, des disparités Nord/Sud et ville/campagne. Le commentaire de Pasolini prête à confusion quand il fait paradoxalement l'éloge de vieilles coutumes ancestrales où les valeurs sont bien définies contrairement au Nord. Il y entre un peu de provocation facile, de nostalgie fantasmatique, et une réelle perplexité.
La dernière réponse du contrôleur de train, que l'homosexualité dégoûte comme poliment - ce qui n'est pas le cas de tous les interviewés - m'a fait rire, comme beaucoup d'autres répliques :

"-Vous qui ne vous indignez pas, pensez-vous que les Italiens qui s'indignent se situent politiquement plutôt à droite ou à gauche ?
-Plutôt... au centre."

Perplexité toujours.

Edlt : L'ambassadeur à Paris a même été appelé au rapport.


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MessagePosté: 27 Mai 2020, 21:59 
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:twisted:
Castorp a écrit:
Voir cette femme, par exemple, qui explique que la virginité, dans les régions pauvres du sud de l'Italie, c'est l'honneur de ces familles qui n'ont rien, et qu'à cause de cela, elle n'a pas de prix, même si elle signifie encore plus de misère : en effet, les femmes ne peuvent pas travailler, puisqu'elles risquent de perdre leur virginité en se mêlant au monde.]

On a là l'un des points aveugles inhérents à la forme du film : la fille présente un discours très articulé et compassionnel vis-à-vis des archaïsmes qui survivent en ces régions et son point de vue est celui d'une bourgeoise éduquée.Alors il ne s'agit pas de remettre en cause sa légitimité à le faire, pas du tout, mais on aimerait en savoir plus. Aux jeunes gens du nord le progressisme éclairé et réflexif, à ceux du sud une sincérité et une spontanéité qui se débattent dans les coutumes. C'est le défaut du film - balayer rapidement en même temps que son immense qualité : donner un tableau varié de l'Italie en un laps de temps extrêmement court. Symptomatique de l'habileté de Pasolini, cette scène où il interroge les soldats en les interpellant par leurs villes d'origines et qui suggère des disparités locales marquées... ou non (autre mot lâché auparavant d'un type qui dit qu'il aime les spectacles denudés puis quand Pasolini lui demande où il en a vu, ce dernier répond en Libye). On ne sait pas trop finalement en dehors des vieilles oppositions entre droit coutumier et modernité.

Cela remet aussi en mémoire La Peau de Malaparte et son tableau, peut-être sensationnaliste, de la prostitution à Naples à la fin de la guerre etc... il y aurait un truc à creuser sur les rapports entre la guerre et la sexualité et sur la manière dont l'une a pu bouleverser l'autre ou constituer les femmes en tant que victimes (les études historiques actuelles qui se penchent sur les viols commis par les différentes armées ou l'espèce de chamboulement que ça a pu créer à côté de cette réalité statistique horrible).


Autre réminiscence qui me vient : mes parents qui évoquent une sortie au cinéma, où déjà ou encore bourgeois, ils allaient voir Padre Padrone, palme d'Or, qui des années plus tard ne leur évoquait d'autre souvenir, en dehors de la chiantise absolue du film pour eux, les scènes de zoophilie paysanne. Aspect que l'on retrouve dans Le Fleuve Détourné de Rachid Mimouni que je viens de commencer.


Citation:
Je profitais de cette proximité pour lui rendre de fréquentes visites nocturnes. Mais il fallait se montrer prudent : l'ânesse comptait de nombreux amants parmi la nuée de cousins. D'un tacite accord, nous étions convenus de ne pas nous dénoncer, le tard-venu devant se défiler sans bruit s'il trouvait l'ânesse occupée. « Merveilleuse entente, fondée sur le sexe hospitalier de l'ânesse ! Notre système était magnifique, car nul ne songeait à en remettre en cause les options fondamentales.


Des magazines comme vice ont pu faire des vidéos sur ce genre de scènes en Amérique latine qui suscitent les ricanements des occidentaux. Message décousu mais qui évoquait la sexualité.


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MessagePosté: 28 Mai 2020, 11:22 
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Sir Flashball
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Pas le temps de répondre aujourd'hui, mais je t'oublie pas. :)

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