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MessagePosté: 03 Jan 2020, 02:46 
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Meilleur Foruméen
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Hé beh.

J'avais trouvé Lady Bird mignon mais relativement banal, tant dans la forme que le fond, ce qui expliquait évidemment pourquoi en sale mâle cishet blanc, j'allais en moonwalk dans la salle de cette nouvelle adaptation d'un livre qui ne m'a jamais intéressé (et dont je ne connais que la version de 1994).

Et bien le film m'a surpris dès le premier plan.
Immédiatement, j'ai eu l'impression d'avoir cette fois face à moi un film empreint d'une réelle personnalité, instantanément plus ostentatoire - parfois trop, les ralentis, c'était pas la peine - que pour son précédent film. Déjà, la texture de la pellicule m'a happé dans l'époque mais l'esthétique ne fait jamais dans la naphtaline. D'emblée, la caméra véloce enivre, que ce soit dans les travellings latéraux qui épousent la course de l'héroïne, introduite in media res, ou bien dans ces (presque) plans-séquences qui tournent autour des quatre filles chez elle, capturant à merveille la vie qui se dégage. La direction d'actrices, ayant vraisemblablement mené les comédiennes, toutes remarquables, Saoirse Ronan et Florence "Sad Emoji" Pugh en tête, à toutes parler très vite et à marcher sans cesse sur les répliques des autres, confère à ces scènes une vivacité véritablement contagieuse. Si j'étais Laurie, moi aussi je voudrais m'incruster dans cette sororité.

Tout aussi entraînante est la savante adaptation du texte par Gerwig elle-même qui casse le classicisme du récit en alternant passé et présent sans que cela passe pour du cache-misère. Au contraire, cela lui permet de recentrer le propos en donnant la part belle aux personnages d'Amy et, évidemment, Jo, les deux aspirantes artistes de la famille soit les deux pour qui un mariage représente le plus un compromis. Ce refus de la linéarité, couplé à cette volonté d'être énergique à tout prix, font que le film va parfois trop vite sur certains aspects de la progression de la protagoniste - la solitude clamée par Jo n'est jamais vue ni même ressentie - mais c'est un sacrifice qui ne coûte en rien au film son émotion. La nouvelle structure joue même sur les connaissances de l'histoire par le spectateur, notamment en ce qui concerne le personnage de Beth, la cadette. Néanmoins, comme en témoigne cette fin méta iconoclaste et donc ambigue, Les Filles du Docteur March de Gerwig délaisse la tragédie vue et revue, lui préférant la colère et la vitalité.

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MessagePosté: 03 Jan 2020, 11:21 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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oui mais il n'y a pas Winona Ryder dedans.


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MessagePosté: 03 Jan 2020, 15:23 
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Garçon-veau
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Inscription: 08 Juil 2005, 15:48
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Karloff a écrit:
oui mais il n'y a pas Winona Ryder dedans.

Heureusement, vu la tronche qu'elle se paye maintenant...

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Netflix les gars, Netflix.


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MessagePosté: 03 Jan 2020, 19:53 
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Film Freak a écrit:
Tout aussi entraînante est la savante adaptation du texte par Gerwig elle-même qui casse le classicisme du récit en alternant passé et présent sans que cela passe pour du cache-misère.

C’est même la vraie prouesse du film selon moi: en termes de complexité et de limpidité, la construction récit/montage est remarquable.

Par contre, cette fermeté, cette décision dans la marche du film se retourne un peu contre lui quand il s’agit d’évoquer les bonheurs de l’enfance et de la vie de famille, je trouve ces scènes d’une vivacité trop apprêtée et forcée, elles respirent une joie de vivre un peu trop théâtrale pour être vraiment émouvante.

(J’ai lu que Gerwig avait pris modèle sur Altman pour les scènes de famille, mais dans les scènes de groupe chez Altman, on a simultanément une grande impression de maîtrise et une impression de grand bordel, de ne pas bien savoir ce qu’il faut voir ou entendre ou comprendre, tandis que là, tout est toujours très, trop lisible, trop tenu. Sans parler du fait qu’entre l’univers d’Altman et celui de Louisa May Alcott, les passerelles ne sont pas évidentes, on va dire ça comme ça.)

Mais c’est effectivement un assez beau film, qui réussit à transformer ce que l’intrigue peut avoir de mièvre ou de pesamment édifiant en quelque chose de vigoureux, d’affirmatif.
(Les distributeurs auraient dû en profiter pour retraduire le titre: être des "Little Women", ce n'est pas la même chose qu'être "les filles du docteur March")


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MessagePosté: 04 Jan 2020, 20:53 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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J'avais beaucoup aimé LADYBIRD. J'ai retrouvé ici certaines des qualités de Gerwig, notamment dans cette narration sèche et parfois hachée, mais du coup assez vivante, cette suite d'instantanés. Les actrices apportent beaucoup au film et on sent que Gerwig a pris du plaisir à les diriger et qu'elles ont pris du plaisir à jouer ensemble.

Malheureusement, cette adaptation originale dans la structure se fait au détriment de la fluidité. La première heure est heurtée au possible, presque incompréhensible par moment, et je ne peux nier que ça ne m'a pas aidé à rentrer dedans. Heureusement, la deuxième heure fonctionne mieux, elle "prend" mieux.

J'ai apprécié de voir un film aux émotions largement positives, sans méchant ni conflit trop artificiel, mais là aussi ça se fait au prix de notre investissement. Lorsqu'un mini-conflit finit par éclater (le roman brûlé) ou qu'un évènement sombre finit enfin par advenir, ça fait du bien, car avant j'avoue m'être tout simplement... ennuyé. On sent passer les 2h14.

Concernant la réactualisation féministe du roman, elle se fait de manière naturelle et organique, avec la maturité de ne pas forcer les moments "Yas queen!". La vraie valeur ajoutée se situe dans ce récit méta des dernières minutes, où le dialogue passé-présent prend tout son sens.
Mais c'est tellement dommage que Jo dise "I want to own my own book" plutôt que "I want to own my own story" qui aurait été tellement plus fort et pertinent.


Au final, c'est un film difficile à détester... mais c'est difficile aussi pour moi de m'enthousiasmer dessus.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 05 Jan 2020, 22:17 
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On sent en effet les 2h12 (dans la salle du cinéma où je l'ai vu il y avait un côté sieste de l'après-midi), et ce n'est pas ce genre de film qui va empêcher Trump de déclencher une guerre, même si paradoxalement j'étais moi-aussi dans un état d'esprit plus alerte et impliqué dans le film à la fin
à cause de la mort de Beth, qui interrompt le jeu de flashback un peu trop systématiques
.
Ce n'est pas super-original (cela rappelle beaucoup le Temps de l'innocence de Scorsese, voire les Deux Anglaises de Truffaut) mais il y a quand-même des choses pas inintéressantes, qui pourraient conduire à réévaluer le film à mesure que son souvenir se décante : l'atmosphère vaguement à la Splendeur des Amberson, l'espèce de dialectique entre acceptation de l'échec et une compréhension voire un pouvoir au sein des règles du jeu économique (l'autonomie réelle devenant l'aspect inconscient d'une blessure narcissique, où ce qui est lapsus pour un personnage est justement ce qui suscite la jalousie de ses sœurs
le moment le plus fort du film est celui où Florence Pugh dit à Garrel, en mentant, que toutes les sœurs jouaient du piano, mais mal, comme pour à la fois protéger le souvenir de Beth et la chasser définitivement du film et de sa vie, l'empêcher d'être un fantôme
).
La fin m'a également rappelé the Post de Spielberg ( pour son feminisme diffus et le fait de montrer la même fascination pour une presse d'imprimerie, comme si l'espoir d'émancipation etait transféré sur une machine, et que cette liberté n'avait de sens qu'en confondant la jeunesse de l'Amérique comme nation avec celle du sujet individuel - il n'y a finalement pas de transmission ni d'héritage du tout dans ce film, l'engagement politique et civique est mis en concurrence avec le patrimoine. C'est une réalité que le cinéma américain assume mais que le cinéma français, qui place la conscience politique au niveau familial, nie).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 27 Jan 2020, 11:43 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Vieux-Gontrand a écrit:
voire les Deux Anglaises de Truffaut)


Vu il y a quelques semaines et en effet on y pense énormément, c'est très similaire. Et je m'y suis fait pareillement chier.

Là je savais pas que c'était autant "bibliothèque rose" avec ses personnages quand mêmes artificiels (chaque sœur a sa spécialité, la musicienne, l'écrivaine, la peintre), les scènes à Noël, tout est très "girly" (le truc du bal, les querelles de soeurs etc...) et je dois avouer m'être beaucoup ennuyé dans la première partie. La deuxième partie, plus sombre, parvient à faire surnager une certaine vérité des personnages et le film se fait sincèrement émouvant par brefs instants même si j'aurais aimé qu'on soit plus proche de la mélancolie et de la solitude de Jo.
Le tout culmine dans cette fin en effet ambigüe qui vient appuyer sans lourdeur le propos féministe pertinent du film. Bien aimé aussi ce happy end total qui va bien avec le reste, qui donne au film une patine conte pour enfants qui finit bien. Je sens que le film est sincère, sans ironie ou second degré et c'est vraiment salutaire. Rien à reprocher non plus à la mise en scène, aux décors tout est propre et le casting est excellent. Mais j'ai juste eu cette impression (assez rare en fait) que c'était pas du tout pour moi.

3/6

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