Gontrand a écrit:
Oui je comprends, mais non. On pourrait dire que Lynch déçoit intentionnellement l'attente d'un suspens fort dans l'esprit du spectateur afin de sensibiliser celui-ci à la beauté de la forme où à la richesse des situations et des expérience (et c'est vrai que certains de ses meilleurs films sont des expériences collectives, Twin Peaks mes camarades de classe en 6ème en parlaient de manière très adulte), mais en même temps cela reste un cinéaste très narratif, car post-moderne, il reproduit et déforme des situations déjà développées. Dans "Twin Peaks" il ya des cliffhangers et un enjeux finalement très classique. Blue Velvet est décalqué des film de Nicholas Ray (le Violent), Mullholland Drive a quelque chose à voir avec un remake d'Aldrich. Et finalement quand il assume ce classicisme et cette linéarité dans la narration comme dans Elephant Man ou the Straight Story cela donne des films assez forts et sans affèterie, ouverts explicitement sur l'étrange et n'enfreignant pas l'irréductibilité des personnage.
Dans Twin Peaks, le monde est bien rangé, tout se passe à l'intérieur des maisons et lodges, on a l'impression que seuls les flics circulent le jour entre leq quartiers, les familles, les classes et les paysages (comme dans la plupart des séries policières d'ailleurs), il y a la nuit un monde parallèle où les différentes familles se mélangent, mais c'est celui du fantasme que le jour défait.
J'avais une amie à un moment qui adorait Cronenberg et qui "s'opposait" à moi parce que je préférais Lynch, je réalise que Lynch représente peut-être le désir violent pour le fantastique éprouvé depuis le point de vue de la norme social et Cronenberg l'inverse qui est plus tragique: des outkast qui voudraient réintégrer le modne commun et une loi mais n'y arrivent pas et son brûlés par la norme.
Il ya de la monstruosité chez Lynch mais elle ne relève pas d'une hybridation ou d'une contamination à partir d'un non-savoir comme chez Cronenberg, c'est toujours une essence ou une condition de naissance qui se donne elle-même en spectacle.
Sinon cela a l'air intéressant la filmo de Randolph, cela fait penser à du Whit Stillman avec plus de profondeur.
Ce que j'adore dans Twin Peaks c'est comment on part d'une situation et d'un genre assez classique pour finalement s'en foutre complètement et prendre des chemins de traverse assez déroutant. Et puis même en restant dans le giron classique, Lynch arrive à transcender tout ça par son génie. Il y a des scènes très simples mais qui fonctionnent monstrueusement bien. Je pense à la scène où on annonce la mort de Laura à son père. C'est tout simple, tout con mais la mise en scène de Lynch m'a fait pleurer à 15 ans tellement c'est fort en émotion. Il y a quand même de putains de fulgurantes dans cette série. Franchement continue jusqu'à l'épisode 8, tu ne seras pas déçu du voyage.