Forum de FilmDeCulte

Je crois que la première fois que j'ai lu le pitch de ce scénario original, c'était il y a près de 10 ans.

Un vaisseau spatial transporte 5000 personnes en hibernation de la Terre à une nouvelle planète. L'une d'elle se réveille 90 ans trop tôt.

C'est un pitch parfait. Ça tient en une ligne et deux phrases à peine. Ça pose d'emblée un décor et une problématique intrigantes.

À vrai dire, j'avais également lu une version plus longue du pitch, que la promo du film vend comme un twist alors que ça arrive au bout du premier acte, donc je n'en parlerai qu'entre balises spoilers mais c'était encore plus alléchant.
Le script avait une excellente réputation et a permis à son scénariste, Jon Spaiths, de décrocher plusieurs contrats d'écritures (Prometheus) ou réécritures (Doctor Strange) sur de grosses licences. Hélas, dès l'annonce du réalisateur choisi, j'ai craint que le film ne soit pas à la hauteur. Et c'est le cas.

Le thriller surcoté Headhunters, qui lui a malheureusement ouvert les portes d'Hollywood, et le très conventionnel biopic The Imitation Game l'avaient déjà démontré : Morten Tyldum n'a aucune vision. Que le mec n'ait rien à dire, c'est une chose mais qu'il manque à ce point d'un minimum de proposition formelle, un tant soit peu personnelle, je trouve ça vraiment énervant.

Parce que Passengers n'est pas mauvais, c'est surtout un gâchis.

Je suis sans doute un peu dur envers le réalisateur, même si ce montage qui montre une année passer est bien trop léger pour rendre compte de la détresse du protagoniste et que cette scène qui se veut belle, où les personnages contemplent une étoile que leur vaisseau frôle, souffre doublement de passer après une scène IDENTIQUE de Sunshine et d'être INFINIMENT plus fade, mais ces exemples attestent bien de la superficialité apportée par la mise en scène de Tyldum.

Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas si c'était vraiment plus profond sur le papier mais il est certain qu'un metteur en scène plus inspiré, en prenant exactement le même texte, aurait signé une oeuvre avec bien plus de gravitas. On peut trouver les films imparfaits mais entre Sunshine, Gravity, Interstellar et même The Martian, qui aborde aussi les choses avec une certaine légèreté, on vit un renouveau assez réjouissant de la SF spatiale et Passengers aurait pu rejoindre la liste. Je n'ose imaginer ce que le Zemeckis de Cast Away aurait fait de ce postulat. Ou, dans un autre style, le Fincher de Panic Room.

En l'état, on a droit à un film aussi lisse que son casting. Chris Pratt essaie de sortir un peu de son registre et Jennifer Lawrence cachetonne bien pour quelqu'un qui n'a pas grand chose à jouer mais l'ensemble du film est à l'image de leur belle peau d'hétéros blancs cis : sans aspérités.

Il y a des couples en crise qui partent en vacances pour éviter de résoudre leurs problèmes. Le scénario de Passengers fait la même chose. Il part en vacances dans un film d'action générique pour son troisième acte afin d'éviter de traiter le dilemme moral pourtant soigneusement établi jusque-là. Dramaturgiquement, il y a quelque chose de très fort dans ce rebondissement (entre balises spoilers plus haut donc) et le film semble s'y attaquer frontalement dans un premier temps, même si, comme pour chaque étape du récit (la solitude, l'hésitation, la romance), tout va un peu trop vite (avec notamment un quasi-deus ex machina - ou un machina in media si je puis dire - pour faire avancer l'intrigue), mais le scénario a recours à des codes romcom et de film-catastrophe pour cautionner in fine les agissements du nice guy. Aussi décevant dramatiquement qu'éthiquement.

Vraiment dommage...parce que le résultat est très moyen alors que ça aurait pu être chanmé.

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C'est vrai que le film est sexiste, ou bien c'est encore Twitter qui s'affole pour de la merde ?

J'ai lu des reviews spoilers, et en effet comme le dit Freak il y a un problème éthique/moral qui se pose et qui n'est absolument pas résolu au profit d'une fin "romantique" pas du tout justifiée.
Je sais pas si c'est du sexisme mais en effet c'est tendu.

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Voilà.

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SPOILERS NE LISEZ PAS

Un mec se réveille seul 90 ans avant tout le monde.
Il se résout à réveiller une fille à son insu.
Ils tombent amoureux.
Mais elle se rend compte qu'il lui a volé sa vie.
ET ENSUITE ILS DOIVENT EMPÊCHER LE VAISSEAU D'EXPLOSER

Ce résumé hyper simplifié montre bien, je pense, le potentiel gâché du projet. Après une première moitié que je trouve assez solide - et franchement originale dans le ton, tant on n'est pas habitué à voir des films de SF enlevés, léger et romantiques - la deuxième heure devient progressivement de plus en plus floue, confuse et frustrante. Le questionnement métaphysique génial inhérent au pitch est peu à peu recouvert de tartines de naïveté qui font parfois rouler des yeux, et la beauté idéalisée des héros devient le symbole de la lissitude de l'ensemble (Jennifer Lawrence avec ses ongles NICKEL même lorsqu'elle est au fond du trou).

Dans le dernier acte, l'irruption d'un troisième personnage paraît d'abord rafraîchissante et semble ouvrir des perspectives narratives nouvelles, mais le film devient alors terriblement fonctionnel, avec un enjeu hyper basique de film-catastrophe, que le script ne confronte pas à la problématique des deux héros: la question pourtant élémentaire "On est déjà foutus, donc pourquoi sauver le vaisseau et ses 5000 passagers, si c'est pour encore y vivre 60 ans tout seuls ?" n'est même pas évoquée. On reste sur une dynamique de film d'action de base, avec un sacrifice que le film n'a même pas les couilles d'exploiter. Alors qu'avec ces deux personnages déjà doomed, on avait la possibilité d'aller beaucoup plus loin dans les dilemmes.

Et idem avec la fin, où plusieurs issues douces-amères étaient possibles, le film les esquivant prudemment toutes pour privilégier une non-fin précipitée et faible, qui n'exploite pas la pourtant belle idée de l'arbre qui a envahi le grand hall (ma copine suggérait même qu'on puisse voir les enfants de Pratt et Lawrence, ce qui aurait été sympa...).

Bref, un point de départ génial bousillé.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est quoi le problème éthique/moral en question ? Le fait qu'il réveille la fille, ou un truc plus tendu ?

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N'écoutez pas Film Freak

SPOILERS


J'ai pas suivi les débats sur Twitter, mais c'est sans doute le fait qu'il choisit la plus jolie fille du vaisseau pour la réveiller - ce qui est une sorte de meurtre, ou de condamnation à vivre ce qu'elle n'a pas choisi - et qu'elle tombe quand même amoureuse de lui.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ok, merci.






Que Twitter ne voit JAMAIS La Marquise d'O...

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N'écoutez pas Film Freak

T'inquiète, quelqu'un va sans doute déterrer une vieille histoire de harcèlement sexuel contre Rohmer, ce qui leur donnera une excuse pour le boycotter.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Pour le coup, Rohmer est peut-être le réalisateur le plus irréprochable sur ce plan là*, il a jamais touché une seule de ses actrices, alors que ses films lorgnent vers un érotisme dérangeant, voire malsain.



* Le seul problème qu'il a eu, c'est quand il s'est fait arrêter par des flics parce qu'il s'entrainait pour un film à filmer des jeunes filles à la sortie d'un collège. #CadeauTwitter

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N'écoutez pas Film Freak

Ah ah ah

In my Country, this movie is not that trending. Unlike the other movie of Jenifer Lawrence Hunger Games Part 1 to 3.

Tout a été dit, le film loupe son sujet, on imagine facilement les producteurs débarquer et expliquer que ça serait quand même plus vendeur si ça baisouillait un peu et si on ajoutait "un truc à la Gravity tu vois".
Du coup, je veux bien tirer sur le réal, mais le scénariste là, qui pond aussi Prometheus et Doctor Strange (qui souffrent aussi de gros problèmes scénaristiques), il n'est sans doute pas complètement innocent non plus.

Je pense qu'il est très, très difficile de porter le moindre jugement informé sur le travail d'un scénariste hollywoodien sur ce genre de projets. Son script a été en développement 10 (?) ans, on voit bien que c'est bidouillé de partout, rien ne dit qu'il est "responsable"...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

La version initiale du projet était un film à 35M$ mais le 3e acte a toujours été en mode "action".

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