Forum de FilmDeCulte

Nicolas, 11 ans, vit avec sa mère dans un lotissement au bord de la mer. Le seul centre d'activité est l'hôpital. Là, tous les garçons du village font l'objet d'étranges expérimentations médicales qui cherchent à renverser les étapes de l'évolution.

On comprend devant ce second long de Lucile Hadzihalilovic pourquoi elle ne tourne que tous les dix ans tant son univers hybride ne pâtit d'aucun compromis: expérimentation angoissante sur le nombril d' enfants en pleine mutation (mâles cette fois-ci à contrario du gynécée d'Innocence, mais où toutes les adultes sont des femmes) dans un hôpital digne de Caro et Jeunet, primauté de la sensation sur la structure narrative, mélange d'horreur clinique glauquissime et de poésie brute des fonds marins digne d'un doc de Cousteau avec probablement le plus beau baiser de cinéma ever sublimé par le chef op de L'étrange couleur des larmes de ton corps.

Voluptueux et perturbant, Evolution distille sa menace tentaculaire telle son étoile de mer vénéneuse brandie en totem, mais prend encore plus de valeur après la vision, où s'estompent les défauts dûs à sa froideur de ton qui entraîne certaines longueurs notamment dans la partie parfois redondante dans l'hôpital. Peuplée de fulgurances scotchantes et d'étranges rituels grondant d'un surréalisme à la Cronenberg, son île reculée dirigée on ne sait par des sirènes ou des tortionnaires s'engouffre dans les profondeurs d'un cauchemardesque toujours lucide aux confins du biologique et de l'organique. Finalement, pour des expériences pareilles, ça vaut le coup d'attendre dix ans.
5/6

Celui-là je l'attends ferme. Mais ça sent le truc qui va sortir dans un an et demi .

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Je me demande s'il était prêt pour Cannes.

Je n'en ai lu que du bien partout. Ça serait surprenant qu'il ait échappé à toutes les catégories.

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Venise en a pas voulu non ?

Meilleur que Mulholland Drive ? J'te crois pas.

Sortie le 16 février 2016, on s'en sort bien.

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en e-cinema

Le première partie est un chef-d'oeuvre. On découvre un univers totalement singulier entre fonds sous-marins luxuriants et un village perdu, abandonné sur une bande de terre, composé de maisons vides, aux murs lézardés, construites sur une terre noire. Il y a une ambiance incroyable, quelque chose d'obscurément maladif et inquiétant. Une poésie macabre totalement envoûtante, une atmosphère de conte déviant et horrifique.

Malheureusement ça s'effondre pas mal dans une seconde partie partiellement ratée où l'on emmène l'enfant à l'hôpital et où soudain le film ne raconte absolument plus rien et se contente d'enchaîner des scènes redondantes d'opérations bizarres et des plans complaisants sur l'enfant malade (l'un des thèmes esthétiques du film). Sauf que même si c'est magnifiquement réalisé, que l'ambiance mortifère visqueuse est contagieuse on reste déçu par l'évolution d'un scénario qui semble ne pas totalement assumer son postulat étrange et fantastique et qui s'arrête sur le seuil. Là où on pensait aller vers quelque chose de Cronenbergien, le film déçoit totalement cette attente pour n'offrir qu'un entr'aperçu furtif du résultat de sa bizarrerie initiale

Heureusement la fin vient relever soudainement le niveau et les dix dernières minutes sont une merveille absolue à travers notamment comme le dit DPSR, une scène de baiser bouleversante.

Malgré ces défauts, ce manque de rythme (sur un film d'1h21 pourtant) on peut être qu'admiratif devant une proposition aussi radicale dans le cinéma français, un film traversé de singulières perversions (la bizarrerie du nombril, l'obsession pour le corps du jeune garçon malade, les aiguilles, l'organique...). Le film m'a beaucoup fait penser au cinéma de Fernando Arrabal notamment Viva la muerte qui est assez similaire, Hadzihalilovic se réclame, elle, plutôt de Quien puede matar a un nino, le film culte de Narciso Ibáñez Serrador. On est en tout cas proche de ce cinéma là (on peut aussi penser à Jodorowsky par moment, notamment tout l'aspect ritualistique), radical, furieusement singulier. Le film va sans doute faire 5000 entrées quand il sortira donc je ne peux que vous encourager à aller le voir tant l'expérience est unique.

4.5/6

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Il y a effectivement des fulgurances dans le film, au très bel univers, original, donnant lieu à de superbes images indélébiles (l'intro, la vision cauchemardesque, le fantastique sans concessions, la fin) mais la lenteur m'a souvent paru artificielle et, associée à l'opacité générale (en fin de compte, je ne saisis pas vraiment ce que le film veut me raconter), m'a tenu plutôt à distance tout le long. Je suis resté en dehors.

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Je partage totalement la critique de monsieur Art Core. La première demi-heure est extraordinaire de puissance d'évocation, les dix derniers minutes insensées de poésie morbide. Bon, reste quarante minutes moins abouties, répétitives et j'ai du mal à bien comprendre ce que cela veut dire, au-delà de la métaphore sur la puberté.

4/6

On dirait la critique de It Follows.
C'est dans la même vibe?

c'est bcp plus expérimental.
Mais il m'en reste quelque chose, un jour après

Pas du tout.

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