Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 15 Nov 2024, 15:58

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 30 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
MessagePosté: 03 Juin 2011, 16:50 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23983
Comment un enfant devient un monstre ? Peut-on pardonner l’impensable et survivre malgré tout ? Pour son troisième long métrage après «Ratcatcher» et «Le Voyage de Morven Callar», la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay adapte un best-seller de Lionel Shriver et s’interroge sur l’après «Columbine» ou quand la folie meurtrière d’un adolescent laisse une mère seule et désemparée. Placée sous le signe du rapport de force permanent, la relation passée et présente d’Eva – la mère de Kevin – l’enfant devenu adolescent est au centre du film. Ai-je aimé suffisamment mon fils ? Si à l’exception d’un étudiant blessé – très belle scène -, la société l’a déjà jugé coupable de négligence affective, Eva, elle, repasse le film d’une relation marquée du fer rouge de l’incommunicabilité. Et au bout du tunnel psychologique, il existe peut-être une possible rédemption, quand le fils accepte enfin de parler à sa mère. Il y avait déjà eu quelques signes – une lecture au lit, quand l’enfant était malade, une curiosité nouvelle pour le métier de sa mère – mais aucune preuve d’amour, comme si le fossé sentimental et générationnel est trop difficile à combler.

Lynne Ramsay ne relâche jamais cette femme à la dérive qu’interprète avec intensité Tilda Swinton, ce qui donne au film une vraie et sourde tension dramatique, comme une grenade déjà dégoupillée que l’on porterait sur soi. Si la mise en scène souligne parfois le propos, notamment dans son utilisation de la musique, la réalisatrice prend soin de ne pas juger cette mère de famille et le film – malgré son lourd sujet – ne sombre jamais dans le pathos et l’émotion facile. «We Need To Talk About Kevin» entretient aussi des correspondances directes avec les deux précédents longs métrages de la réalisatrice, d’un âge tendre vécu dans l’isolement affectif – «Ratcacher» - à ce sentiment d’une vie qui flotte après un traumatisme majuscule – «Le Voyage de Morven Callar».

4/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2011, 19:53 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86814
Localisation: Fortress of Précarité
Sur le papier, ce qui s'apparentait à un drame social gavant ne m'attirait pas des masses et j'ai jamais ne serait-ce qu'envisager d'y aller mais la bande-annonce semblait annoncer un film autrement plus intriguant, comme s'il s'agissait d'un film d'enfant maléfique style La Malédiction, ce qui m'a plutôt alléché.

Et dans un premier temps, c'est ce que j'ai retrouvé dans le film, ce qui m'a vraiment étonné. Cette mise en scène impressionniste, avec ces gros plans ou ces images oniriques comme la plongée totale sur la foule bolognaise, ce récit déstructuré, qui laisse planer le mystère, ce montage acéré, ce travail sur le son auto-anachronique, annonciateur...le tout participe à la création d'une atmosphère anxiogène qui fout bien la pression comme il faut.

Et j'apprécie la démarche globale du film qui ancre un fait malheureusement tout ce qu'il y a de plus divers dans un registre qui tend presque au film de genre. Le souci, c'est que j'ai l'impression que que le film prend aussi ce qu'il y a de mauvais dans le cinéma d'horreur, du moins dans ce type d'histoire, comme le fait que le principal protagoniste est forcément la mère, et que seul elle voit l'enfant pour le monstre qu'il est réellement, avec le mari qui, comme toujours, ne voit rien et qui, en plus, ne croit pas sa femme. C'est le genre de code qui m'énervent toujours et qui reviennent sans cesse dans ces films et qui nuisent à la crédibilité de l'ensemble. L'absence de mesures prises par la mère dans le film aussi.

Pour un film qui s'appelle We Need to Talk About Kevin, personne n'en parle jamais de ce Kevin.
Les discussions entre mari et femme sont sans doute ellipsées mais tel que le film nous le montre, elle ne fait aucun effort pour être crue par son époux. Et fait encore moins pour comprendre son fils. Elle se contente de l'aimer mais ne s'interroge jamais...pas avant la dernière scène et l'absence de réponse, très probablement réaliste, que donne le film me paraît un peu facile.

Le récit devient tellement redondant passé le premier acte, et les ignominies du fils tellement plus poussives, et les symboles toujours plus pesants (la peinture rouge), et le mystère plane tellement longtemps (pour rien vu qu'on a vite deviné de quoi il retournait), que l'identification s'estompe peu à peu et l'ennui s'installe, et au bout du compte, j'en ressors vraiment avec l'envie de dire "What's the point?". Quel est l'intérêt? Quel est le propos?

Dommage.

3/6

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2011, 21:46 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23983
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2011, 21:55 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86814
Localisation: Fortress of Précarité
Mais c'est pas vraiment ce que montre le film. J'ai pas l'impression qu'elle ne l'aime pas, elle fait tout le temps des efforts et le gamin est mauvais dès l'âge de 3 ans...et qu'avec elle!
Elle a jadis été individualiste peut-être mais après elle est mère au foyer.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2011, 22:04 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23983
Quand même, c'est clairement montré qu'elle a un problème affectif avec son môme, qui d'ailleurs cherche son amour par tous les moyens/provocations possibles.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2011, 22:24 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86814
Localisation: Fortress of Précarité
Problème affectif qui vient du gamin. Elle merde quand il est bébé (quand il chiale sans s'arrêter) mais dès la scène d'après, il est en mode "c'est mon ennemie" (quand elle veut jouer au ballon).
Elle l'aime vu comme elle est heureuse dès qu'il fait un pas vers elle (le renvoi du ballon, la lecture de l'histoire) mais le gamin replonge immédiatement dans la psychopathie à chaque fois.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Sep 2011, 22:34 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23983
Le basculement est un peu rapide, mais elle prend là l'une des thèses courantes de l'éducation, le fait que le plus important est aux premières ages.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2011, 00:00 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86814
Localisation: Fortress of Précarité
Il aurait fallu y passer plus qu'une seule scène dans ce cas-là, en l'état c'est pas très parlant.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2011, 08:51 
Hors ligne
Schtroumpf sodomite
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Mar 2006, 22:43
Messages: 24601
Localisation: Arkham Asylum
Karloff a écrit:
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


Si c'est ça le propos du film, c'est navrant quand même.

_________________
N'écoutez pas Film Freak


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:10 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23983
Le film a beaucoup plu au Figaro, c'est sûr, mais pourtant son traitement est intéressant, portrait d'une mère qui juste cherche à aimer son fils malgré tout.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:16 
Hors ligne
Schtroumpf sodomite
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Mar 2006, 22:43
Messages: 24601
Localisation: Arkham Asylum
J'ai vu la bande annonce l'autre jour, et j'avoue que le sujet m'a surpris.

_________________
N'écoutez pas Film Freak


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:21 
Hors ligne
Expert

Inscription: 15 Juil 2009, 21:22
Messages: 7336
Tetsuo a écrit:
Karloff a écrit:
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


Si c'est ça le propos du film, c'est navrant quand même.


Pas encore vu le film mais on m'a dit que c'était uniquement un film sur le mal et qu'il n'y avait pas d'explication. Du Haneke sans le ton moralisateur, "Funny games" sans la télécommande.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:22 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23983
C'est sur l'impuissance oui.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 01 Oct 2011, 00:28 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 14455
Karloff a écrit:
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


L'intelligence de Lynne Ramsay est justement d'entretenir le doute sur l'origine du mal. Aucune explication n'est donnée que ce soit de manière explicite ou en filigrane. Je trouve ça beaucoup plus fort, beaucoup plus étrange du coup. Et puis, le film est assez ambigu sur le fait si Kevin est né monstre où l'est devenu au cours de son enfance.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 10 Oct 2011, 11:01 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28381
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Trouvé ça très désincarné, trop construit, sursignifiant dans ses effets et dans son montage (la première demi-heure est insupportable) et au final d'une froideur déconcertante.
Tilda Swinton est très bien, le gamin en fait trois tonnes à base de regard démoniaque même s'il le fait bien et finit par faire flipper. C'est d'ailleurs ce que je reproche au film, cette posture arty contrebalancé par un penchant vers un film de genre plus net. Mais la réal choisit jamais vraiment. Elle a pas réussi à trouver l'équilibre comme avait su le faire Polanski avec Rosemary's Baby par exemple.
Du coup je n'ai absolument RIEN ressenti pour les personnages, tout est trop à distance.
Après il y a quelques bonnes choses et au final le film se suit sans déplaisir mais bon, je l'oublierai bien vite.

3/6

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 30 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. You were never really here (Lynne Ramsay - 2017)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

DPSR

17

3195

19 Juil 2018, 19:36

flatclem Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Red state (Kevin Smith - 2011)

DPSR

5

1839

03 Mar 2013, 06:06

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Jewish Connection (Kevin Asch - 2011)

Art Core

0

1600

19 Fév 2011, 01:29

Art Core Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'aigle de la 9ème légion (Kevin MacDonald - 2011)

DPSR

10

1837

11 Mai 2011, 16:34

DPSR Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Dernier testament (Lynne Littman, 1983)

Mister Zob

8

1664

08 Sep 2020, 17:06

Art Core Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Talk Radio (Oliver Stone - 1988)

Ozymandias

8

1548

02 Déc 2011, 13:33

mortauxtrousses Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Talk To Me (Danny & Michael Philippou - 2023)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Müller

31

1995

06 Oct 2023, 21:42

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. How to Talk to Girls at Parties (John Cameron Mitchell - 2017)

Qui-Gon Jinn

0

1629

25 Mai 2017, 14:42

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Glandeurs (Kevin Smith, 1995)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Le Pingouin

23

3147

18 Juil 2008, 05:13

Royal Seqchoual Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Tusk (Kevin Smith, 2014)

Film Freak

4

1703

04 Juin 2016, 22:50

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web