Forum de FilmDeCulte

Je me désespérais de voir un bon film de Ferrara lui qui peut nous donner des chefs-d'oeuvres (Bad Lieutenant) ou des films plus proche du navet (R x'mas). Et bien c'est chose faite avec la claque que constitue ce New Rose Hotel. J'étais un peu inquiet de voir Ferrara investir l'univers cyber-punk de William Gibson, ne lui pensant pas l'âme d'un geek fan de S-F mais au final il utilise uniquement ce qui l'intéresse dans cet environnement sans chercher à donner corps à un futur factice. Et ce qui l'intéresse c'est la diversité. Diversité géographique (le film se passe sur plusieurs continents) qui va éparpiller une intrigue assez complexe sur des enjeux scientifiques et économiques qui finit par tendre par une abstraction, une toile évanescente dans laquelle les personnages n'ont plus d'attache (ils n'ont pas de domicile, de nationalité, de passé) et finissent par se dissoudre dans la matière même du film. A ce titre la dernière partie en forme de reconstruction mentale empruntée à William Burroughs est brillantissime (ce que j'ai vu de mieux au cinéma depuis très longtemps). Ferrara interroge la mémoire spectatorielle au travers de flash-backs biaisés et de la multiplication de point de vue sur la même action. Et la finalité est là. Des personnages qui s'abstraient à l'image pour se perdre dans le flux de données que constituent le film. La proposition cyber-punk est là et Ferrara et elle est incroyablement visionnaire (la multiplication des sources d'informations dans le film préfigure un peu ce que nous vivons recemment au cinéma entre Cloverfield et Redacted). Et là où le film finit d'être génial c'est dans sa volonté naïve de raconter une histoire d'amour. Et cette histoire d'amour est superbe. De loin c'est le meilleur rôle d'Asia Argento, qui si elle joue une fois de plus la pute, à une douceur et une ambivalence passionnante. Elle donne au film ce romantisme qui le rend si singulier.
Un vrai grand film inclassable et unique.

5.5/6

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CroqAnimement votre

Pas vu ce Assayas mais j'ai pensé aussi à Demonlover qui, bien qu'assez différent, contient cet espèce de récit d'espionnage industriel totalement froid et qui finit par tendre vers l'abstraction.
Et effectivement pour les personnages secondaires qui vont diriger l'histoire. On peut le voir comme un virus informatique. Et la dernière partie qui va enchaîner des loops et des reboots n'est que la démonstration d'un film/réseau informatique qui se comporte selon un code et des données précis (l'obsession de Fox pour l'argent comme une pure donnée mathématique) où l'amour surgit comme le virus protéiforme et ingérable par le système.
Bref plus j'y pense et plus c'est un film qui me passionne et me paraît vraiment novateur et en quelque sorte un peu visionnaire (on peut même pousser le vice et penser à Matrix). C'est d'autant plus étonnant que ça ne me paraît pas, à la base, un terrain propice à Ferrara qui ne sort que rarement de son propre système et qui reproduit souvent des schémas similaires. Or là il parvient véritablement à étendre son champ d'action tout en creusant ses propres thématiques (on peut faire un parallèle Dafoe/Argento à son amour/haine de la religion).

Bref un vrai petit chef-d'oeuvre injustement mal aimé (4/10 sur IMDB, 18% sur RottenTomatoes ).

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CroqAnimement votre

Je suis étonné que tu aimes ce film Art Core. Je suis content aussi bien sur.

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Dès le générique on se dit qu’on va voir un grand film. Et Ferrara tient ses promesses et même plus.

Alors que l’on s’avance dans un monde brumeux et sensuel, extra-urbain et encombré, Ferrara nous laisse nous perdre dans la chronologie, dans les espaces du film au milieu de tout ces personnages ambivalents et paumés. Christopher Walken fait du business, on ne sait pas trop pourquoi mais c’est dangereux, il en porte des séquelles physiques, mais avant tout c’est un mec qui parle, qui réfléchit, la nuit, sur ce qu’il fait. C’est que pour le fric, ou peut-être que non, c’est la vertu qu’il cherche, à moins qu’il ne cherche rien. Il travaille avec Willem Dafoe, ce qu’il fait ce n’est pas grand-chose, qu'est ce que c'est? On ne sait pas, il ne sait pas lui même, du vol qu’il dit. Et puis il y a Asia Argento, vénéneuse, son tatouage sur le ventre, sa poitrine, ses lèvres, son corps, elle sera la pièce centrale de ce qui sera leur gros coup. C’est une pute, mais c’est plus que ça, c’est l’amour, non ce n’est pas de l’amour c’est de la luxure.

Dans ce tourbillon de sensations il y aura une histoire de gros sous pour un type, un scientifique, un génie, simple image de vidéo surveillance. Il y aura une histoire d’amour, de promesses, de fuite. La réalité est intouchable, la vérité, la vertu ne peut être atteinte, il n’y a qu’ambiguités, aspérités fantômatiques, jusqu’à déformer la structure même du film. Dans la dernière partie où suite à un évènement insaisissable tout s’est écroulé sur soi même, Willem Dafoe, pense, ou rêve. Il revit les évènements passés, mais leur figure a changé, de nouvelles parcelles s’ouvrent, d’autres se ferment, comment croire à son existence, comment supporter ça.

Reste l’amour.

Je veux t'épouser qu'elle dit.

Si tu le veux vraiment on partira répond-t-il.

Elle est partie.

6/6

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VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur

J'adore ce film.

Fuckin'Masterpiece ! Ça fait plaisir de lire ça (beau texte) !

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CroqAnimement votre

Ton analyse du film est intéressante aussi.

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20/6

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J'ai cru l'apercevoir dans ton top ten, il le mérite en tout cas.

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Oui y a un Ferrara dans mon top ten, c'est obligatoire, après ça peut varier selon les périodes. Il le mérite, comme tu dis.

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D'ailleurs toi qui connait bien son oeuvre qu'est-ce que tu me conseillerais dans sa filmographie?
Parce que à part celui-ci je n'ai vu que King of New York et je me rends compte maintenant que c'est une erreur impardonnable.

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Bon disons que là le soucis c'est que je suis atteint par le syndrome du venduisme, j'aime presque tout, après y a des degrés, c'est évident.

En priorité, en plus de New Rose Hôtel: The Addiction, The Blackout (sur celui là je suis tout seul ou presque),The Bad Lieutenant, L'Ange de la vengeance, Snake Eyes et Body Snatchers.

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Ok je prends note merci!

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The Funeral est magnifique aussi, même si je sais que certains le trouvent un peu trop "propre" pour du Ferrara. Moi je le trouve somptueux.

Mais mon préféré reste sans doute ce New Rose Hotel. Au passage, très jolis textes d'Art Core et Mr Orange, avec lesquels je suis complètement d'accord.

Mais non t'es pas tout seul...

Sinon j'ajouterais Nos funérailles, même si je ne l'ai pas revu depuis des années; en principe, il est assez apprécié...