Forum de FilmDeCulte

Un flic pourri et drogué accumule les dettes. Lorsqu'une nonne est violée par deux hommes dans une église, celle-ci place une récompense sur la tête des deux criminels. Le Lieutenant voulant payer les dettes qui mettent en danger sa propre vie, décide de rechercher les criminels, tel un chasseur de primes. Sa descente au enfer ne verra plus de fin...


Film de mon adolescence et le meilleur d'Abel Ferrara pour moi. 30 ans après sa sortie, le parcours de croix d'Harvey Keitel n'a pas perdu de sa force et est toujours aussi marquant. Face au pardon que la nonne octroie à ses agresseurs, le lieutenant va se lancer dans une quête où il espère trouver lui-même son pardon face à tout le mal qu'il commet dans sa vie quotidienne et expier ses pêchés. Film amplement bercé par le catholicisme (religion de Ferrara) qui trouve son paroxysme dans les 20 dernières minutes et cette fabuleuse scène du christ dans l'église, Bad Lieutenant marque par sa violence ultraréaliste. Ca ne tombe jamais dans la caricature grâce à une photographie remarquable qui accentue l'intensité et le côté horrifique de ce qui se passe à l'écran. En parlant d'hyperréalisme, il y a toujours le côté budget fauché qui me fait marrer chez Ferrara

Le film a beaucoup divisé à sa sortie. Certains s'attendaient à une enquête criminelle classique et ont été surpris du malaise visible à l'écran. A ce titre, je trouve la scène des deux ados sur le parking assez hallucinante et toujours aussi géniale aujourd'hui. Mais le film est rapidement devenu culte par la mise en scène brillante de Ferrara et la pertinence avec laquelle il décrit le chemin de croix et la tentative de rédemption de son lieutenant. C'est un vrai film culte et pour finir un petit mot sur Zoé Lund. Talent malheureusement éphémère car disparue à 37 ans d'une overdose de cocaïne, il s'agit de l'actrice principale de L'ange de la vengeance et scénariste de ce Bad lieutenant. Elle a simplement un talent fou et le film doit beaucoup à son écriture. La construction du film, les dialogues brillants et le flot de scènes géniales, le script est remarquable. C'était aussi l'époque dorée de Ferrara, celle où il était inspiré et enquillait les bons films. Ce Bad Lieutenant est pour moi le point d'orgue de sa carrière et un des films américains marquants des années 90.

6/6 du coeur

Pas aimé à l’époque, mais j’ai prévu de lui redonner une chance. Et Ferrara fait toujours des bons films.

Disons qu'il est toujours capable de quelques coups d'éclats (j'aime beaucoup 4H44, pas encore vu Tommaso que tu adores et son Pasolini est pas mal sans plus) mais pour moi rien ne remplacera sa période bénie qui commence à King of new-york et s'achève à New rose hotel. En plus sa période des 80 et 90, ce sont des films qui me parlent plus personnellement donc j'ai une large préférence pour ces derniers.

Sur Bad Lieutenant, il a très bien vieilli et le côté typique des 90s passe bien. Personnellement je regrette qu’aujourd’hui on ne soit plus capable de faire des films de cette trempe. C’est d’ailleurs assez intéressant les bonus présents sur les Blu-ray des films de Ferrara de cette époque. L’amour du cinéma et le côté débrouille avec les anecdotes assez rigolotes. Il y a un côté artisan je-m’en-foutiste que j’adore. Et surtout les conditions de tournage de ces films, c’était une autre époque comme dirait l’autre.

Ce film m'avait beaucoup déçu, le thème de la recherche de rédemption par un mec violent, patinée de philosophie chrétienne comme chez Scorsese, m'étant indifférent.

Ce n’est pas du tout un sujet qui m’attire au cinéma mais je trouve que ça fonctionne terriblement dès le moment à l’église avec la scène hallucinante du christ, le passage chez les violeurs, etc... Le jeu fascinant de Keitel en homme déchu et la mise en scène "qui prend aux tripes" de Ferrara y sont pour beaucoup. Je suis un fan aussi de tout le côté paris avec la finale Dodgers/Mets.

Sinon tu as aimé King of new-york? Les deux films sont de la même époque et traitent aussi de la rédemption mais il est vrai que l’approche est très différente.

6/6 absolu, le meilleur Ferrara et un des plus grands films des années 90.

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Pas vu, j'ai descendu Ferrara dans ma liste de priorité après avoir vu celui-ci... Il est sûrement temps d'en retenter certains, je note le titre.

+1, un de mes films de chevet.

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CroqAnimement votre

Si tu retentes du Ferrara, priorise celui-ci. Beaucoup plus mainstream et "classique" dans la forme, Walken n'a jamais été aussi bon, c'est vraiment un des grands films de mafia des 90.
Il y a aussi Body snatchers, son remake de L'invasion des profanateurs de sépulture, qui est assez passionnant. A part dans sa carrière mais il vaut vraiment le coup comme grand film d'horreur/SF de l'époque.

@baptiste: Et pour revenir sur Bad lieutenant, c'est vraiment le film pivot de Ferrara qui fait le lien entre sa première partie de carrière où Ferrara oeuvrait plus dans le cinéma d'exploitation avec des films denses et surprenants pour les genres abordés et la seconde partie avec un côté plus spirituel-religieux assez ambitieux. A toi de voir, ce qui t'attire le plus chez ce cinéaste.

A mes yeux , entre King of NY et The Addiction, c’est du quasi chef d’œuvre. Avant et après, c’est plus irrégulier.

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Oui King of New York c'est très bien, dans mon top 10.
Je dirais pas que c'est non plus classique. La place du hip hop dedans, traitée presque comme de l'opéra est tres forte (la B.O de Schooly D.est aussi très réussie)
Et la fin ou la scène du métro ce sont des passages qu'on n'oublie pas.

Même si la fin est un peu pompée sur the Asphant Jungle ou Rififi chez les Hommes Ce sont des situation de films noir qu'elle surcharge un peu de pompe chrétienne (et donc de premier degré et de litteralité) comme souvent chez Ferrara, mais dans King of NY cela passe (parce que cette dimension religieuse est plus l'effet d'une contagion qui s'étend à tout le film qu'un programme porté par un seul personnage... c'est du visuel pour reprendre la catégorie de Daney et pas de l'image, du social et de l'identité plutôt que de l'altérité mais Ferrara l'assume)et crée un film particulièrement poignant et singulier. Et le film annonce bien ce que seront les années 90, Tarantino etc...

Par contre j'étais moi aussi moins rentré dans Bad Lieutnant ou Nos Funérailles, sans trouver cela nul non plus.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Par rapport à Bad Lieutenant il fallait entendre. Plus mainstream on va dire, allez.