Un jeune homme découvre qu'il est le descendant d'un dieu grec et s'embarque, avec l'aide d'un satyre et de la fille d'Athena, dans une dangereuse aventure pour résoudre une guerre entre dieux. Sur sa route, il devra affronter une horde d'ennemis mythologiques bien décidés à le stopper.(attention très légers spoilers dans ce qui suit)
Petite mise en bouche mythologique avant le gros choc du mois de mai, ce Percy Jackson avait tout pour être une réussite : univers fantasy le plus riche et le plus fascinant au monde d’un côté, et idée séduisante de le mélanger à notre 21e siècle ultra technologique et désenchanté, tel un buddy movie entre deux personnalités opposées, d’autre part.
Au final c’est quand même bien foiré. La faute à Columbus qui est incapable de donner le moindre souffle épique aux scènes qu’il filme, les combats sont illisibles, c’est magnifique de foirer à ce point le duel contre l’Hydre qui est pourtant l’un des plus beaux monstres que le cinéma puisse rêver de filmer un jour.
Scénario assez con aussi où il faut retrouver des perles débiles qui n’ont aucun lien avec la mythologie grecque, et où tout se passe sur le sol américain (après Benjamin Gates et son trésor des templiers, ça fait une nouvelle tentative vaine de « récupération de mythes du vieux continent »), mais finalement ce n’est pas le plus important, après tout c’est un univers tellement foisonnant qu’on peut se permettre un scénar post-it pourvu que ledit univers soit bien exploité. Et là le problème c’est que c’est à moitié réussi : tous les grands monstres sont convoqués, mais tel l’exemple de l’Hydre ci-dessus, leur traitement est très inégal. La vision de l’enfer est bien judéo-chrétienne, là encore à des années-lumière de la vision grecque antique, qui en fait un monde tout à fait étrange et pas forcément désagréable. Ca m’amène à évoquer cette photographie très moche qui m’a furieusement rappelé le 2e
Harry Potter : tout est marron terreux, brun doré ou cuir foncé, bref que des couleurs trop chaudes et trop ternes, là où la mythologie grecque me fait davantage penser au bleu-blanc égéen.
Et puis putain depuis Xena aucune amélioration dans les costumes et les décors : ça pue le toc et le carton-pâte à des kilomètres, le camp d’entraînement des demi-dieux est à ce titre particulièrement vomitif ; le look d’Hadès ne terrifie personne tant il fait réellement méchant de série B avec perruque bouclée et barbichette taillée en pointe. Le look de l’Olympe est bien naze aussi, c’est la copie conforme de la pub Ferrerro Rochers dégueulant de dorures et de toges blanches à la con (je ne plaisante pas, et je crois que je préfère encore la pub). La tronche des dieux aussi est ratée, ce sont tous des vieux ridés, Hermès qu’on aperçoit une seconde ne ressemble en rien au chenapan ailé des mythes, Apollon a la bogossitude de Marius dans les films de Pagnol, et Sean Bean en Zeus c’est juste une erreur de casting tellement Arès ou Héphaistos lui sieraient mieux. Mocheté aussi Poséidon, qui est d’une fadeur absolue comparée à la terreur des mers qu’il doit être, le père d’Ariel chez Disney est terriblement plus crédible. Y’a guère qu’Aphrodite qui est bandante, mais en une seconde ça va trop vite et puis comprendre qu’il faut une blonde pulpeuse pour incarner la déesse de l’Amour c’est à la portée de n’importe qui.
Bon de toute façon on s’en fout tous ces Olympiens n’apparaissent que 10 secondes, mais le reste des personnages est à l’avenant : avec son sourire à la con le méchant est grillé dès qu’il apparaît, la Xena-junior est vraiment très mignonne mais hellas (ouaf ouaf !) elle ne sert à rien et reste toujours chaudement vêtue, seul le black-comique de service est à peu près correct. Et Pierce Brosnan barbu je reste bloqué sur
Meurs un autre jour, c’est con. Les SFX sont bons pourtant : les centaures sont vachement mieux réussis que la chose immonde qu’on voyait y’a 10 ans (putain déjà 10 ans ?) dans le premier Harry Potter, si elle n’était pas aussi mal filmé l’Hydre serait un putain de monstre à mater, le déchaînement des eaux est réussi quoique trop bref, là encore Columbus n’exploite pas à fond le joujou génial qu’il a entre les mains.
Le gros point positif c’est l’humour et le second degré du film, y’a plein de répliques savoureuses, même en arrière-plan y’a des références à la mythologie qu’il faut arriver à capter parce qu’on ne te les explique pas et c’est tant mieux. L’humour né de la confrontation grèce antique / monde d’aujourd’hui marche aussi assez bien, notamment quand certaines métaphores grecques sont décalquées sur nos pratiques contemporaines (Las Vegas c’est pas original mais c’est efficace) ou quand on confronte l’art héllénique à ses pires caricatures (répliques de temples en bois et surtout hideuses statues en plâtre pour jardins de grand-mères). Tout ce second degré ça aide vraiment à faire passer la pilule. Et cette prise de recul est renforcée par le jeu de Logan Lerman qui n’est pas mauvais du tout en ado loser qui devient héros malgré lui mais qui reste toujours un peu dépassé par ce qui lui arrive. Effectivement il ferait un bon Peter Parker dans le reboot de Spider-Man, si l’on en croit les rumeurs (pour rappel il jouait la version kid d’Ashton Kutcher dans le bon-ou-mauvais-j’arrive-pas-encore-à-me-décider
Effet Papillon).
Bon en plus c’est un roman à la base il paraît que plein de détails savoureux auraient été squizzés, vu ce qu’a fait Columbus sur
Harry Potter ça ne m’étonne pas, il ne sait toujours pas s’entourer d’un bon scénariste (ni d’un bon directeur de la photographie).
Avec davantage de créativité au niveau du design, et sans un réal qui tel l’ater-ego démoniaque de Midas transforme tout ce qu’il touche en plomb, ça aurait fait un bien meilleur film, car le potentiel est là, c’est indéniable. Si les suites s’enchaînent, faut juste espérer que l’équipe change. En tout cas j’espère que le
Choc des Titans sera plus réussi, ne serait-ce qu’au niveau décor/costumes… qu’on me donne enfin à voir une vraie atmosphère mythologique ! (parce que le
Jason de 1963 ça commence à dater, là, quand même…)
2,5/6