DARKEST DUNGEONJ'ai tellement hésité avant de le prendre. J'avais peur d'un jeu qui demande un trop gros investissement avant de devenir vaguement maîtrisable... Mais le visuel m'attirait énormément, alors je me suis lancé. Alors en effet, c'est hardcore au dernier stade, mais pas pour les mauvaises raisons. Certes le jeu est extrêmement complet et ça sent la bonne dizaine d'heures de jeu juste pour cerner les bases, mais on s'amuse immédiatement. Comme dans Dark Souls, la victoire est gratifiante mais c'est vraiment la mort qui fait le sel du jeu. Ici lorsqu'un personnage décède, c'est pour de bon... Mais il ne faut pas se formaliser pour autant, car au bout de quelques heures, le cimetière est encore plus rempli que ton roster (on peut recruter jusqu'à 12 personnages). Bref, tu recrutes de la chair à canon à tour de bras, et tu n'as que peu d'espoir pour ces persos lorsque tu les envoies explorer les donjons.
Il y aurait de quoi rager si les morts dépendaient juste d'ennemis plus puissants que toi, mais non. C'est mieux que ça : en plus des maladies, des saignements, des pièges, etc, les personnages sont soumis au STRESS. Une torche qui n'éclaire pas assez : le niveau de stress monte. Une pile de cadavres à fouiller ? Le stress monte. Un allié blessé ? Le stress monte chez les persos non touchés...
Et là où c'est génial, c'est quand le stress atteint son paroxysme. Les personnages ne réagissent pas tous de la même manière. Certains vont se voir pousser une énorme paire de couilles, alors que d'autres vont sombrer dans la paranoia, le désespoir ou la folie. Résultat : en plus des ennemis à gérer, il faut maintenant s'occuper du dissensus entre les membres de l'équipe. Il peut arriver qu'un personnage à l'agonie refuse d'être soigné au motif que "ça va on les connaît tes méthodes, t'essaies de m'empoisonner". Si tu lui files de la nourriture pour faire remonter sa vie, il refusera également car "T'es sûr que t'as bien lavé les fruits ?". Ou qu'un autre devienne tellement lâche qu'il préfère laisser les autres se faire charcuter à sa place. Ou encore carrément, qu'un des membres en poignarde un autre, juste par opportunisme.
Ça donne des combats bourrés de rebondissements, toujours sur le fil. Et si par chance tu fais ressortir tout le monde sans encombre, l'expérience les a traumatisés. Leurs traits de caractère changent, en bien ou en mal. J'en ai par exemple une qui est devenue égoïste, cleptomane et avide d'or. Ce qui veut dire que la prochaine fois que je l'envoie dans un donjon, si je croise une pile de cadavres, j'aurai pas le temps de déblayer : elle ira foutre ses mains dans la chair putride à la recherche de pièces, et contractera peut-être une maladie qui contaminera tout le monde... Heureusement il est possible de les soigner dans le hub du jeu, en envoyant les tarés à l'hôpital psychatrique, ou aux putes pour se détendre.
J'ajoute que les persos et leurs compétences sont vraiment cools en plus d'être souvent inédits (toujours sympa de recruter un maître-chien qui envoie ses clebs au charbon). Visuellement c'est à tomber. Aussi minimaliste qu'évocateur, et le sound-design est bien oppressant comme j'aime.
Bref, ça sent le grand jeu.