Forum de FilmDeCulte

Michel Ange à travers les moments d’angoisse et d’extase de son génie créatif, tandis que deux familles nobles rivales se disputent sa loyauté.

Ne pas se fier à l'affiche et le titre français qui laissent penser à un biopic académique (si on ne connaît pas comme moi ce cinéaste).

Car après une exposition assez lente qui m'a pris à rebrousse-poil, le film déroule un programme (avec tout ce que ce mot comporte de limites, pour certains) passionnant, où Kontchalovski étudie comment Michel-Ange tente de faire advenir son art malgré toutes les manipulations politiques, les limitations de ressources et ses propres faiblesses bien compréhensibles.

J'ai notamment adoré comment le film évitait toute glorification des oeuvres en se concentrant surtout sur la politique et la logistique. D'une main, l'artiste doit composer avec les changements de pouvoir à Florence, jusqu'à trahir ses amis et contrats; de l'autre main, il se fait chef de chantier en extraction puis transport du marbre de Carrare, dont la région est magnifiquement filmée. Quelle main lui reste donc-t-il pour son art? Le film n'offre pas vraiment de réponse, ménageant seulement quelques moments où l'on perçoit la pugnacité de Michel-Ange pour faire advenir son idéal esthétique, qui le guide malgré tout.

C'est aussi une Renaissance à la blancheur déjà fanée (la photo...) que filme le cinéaste, avec ses familles aux relations crasseuses, qui se réfugient sur le sol de la basse-cour pour tenir conciliabule, et ses seaux d'eau sale qui menacent de tomber à tout instant sur les têtes et les pavés depuis des balcons invisibles.

Un digne héritier d'Andreï Roublev.

Tu peux détailler la filiation avec Roublev?
Déjà prévu de voir le film cette semaine, tu renforces mon envie.

Ben c'est simple, les deux films racontent l'impossibilité pour les artistes, y compris géniaux, de vivre leur art de manière libre au moyen-âge/Renaissance. Avec dans les deux cas une attention portée aux soubresauts géopolitiques.

Kontchalovski étant le co-scénariste d'Andrei Rublev, interessant de le voir revenir sur cette même thématique.

Ah énorme, je savais pas! Bon bah là c'est carrément évidemment, la filiation alors...