Forum de FilmDeCulte

Bon point de départ que de suivre un médecin de nuit dans Paris. Très rapidement, Elie Wajeman s'éloigne du syndrome DOCTEUR ? pour faire de son toubib un quasi malfrat: Vincent Macaigne, excellent de macaignitude mâtiné de badass (veste en cuir, poches sous les yeux), incarne un anti-héros pris entre ces petits arrangements avec la loi, ses liens familiaux troubles, ses infidélités...

Condensé sur une nuit, le récit essaie d'être un AFTER HOURS parigot mais ne réussit pas totalement. Le script réussit à être sur-écrit (plein d'enjeux la même nuit) tout en ne mettant pas suffisamment son héros sous pression, du moins dans la première partie. Il y a un moment vers 40 minutes de métrage où je me demandais ce que j'étais censé attendre, le film, pourtant court (1h22), avançant à vue; moitié polar médical, moitié chronique. Dans la seconde partie, le récit prend davantage.

Bon, au final j'ai du mal à reprocher quoi que ce soit de concret au film. C'est bien tenté, parfois réussi, mais ça manque d'un je ne sais quoi: davantage de stress ? Une intrigue plus elliptique et moins dense narrativement ? Difficile à savoir.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

A la lecture de la critique, l'impression qu'il a essayé de la jouer plus Safdie brothers (qui s'inscrivent dans la filiation...) que Scorsese.

J'ai beaucoup aimé ce film qui m'a captivé de bout en bout, et c'est fou de voir que le film dure moins d'1h20 tant il est "dense" (ou plutôt compact).
Il y a d'abord la description très réaliste de ce "monde" inconnu, celui de la nuit, et si t'es médecin de nuit dans des quartiers compliqués et que t'as pour habitude d'aider ton prochain, ben tu te retrouves vite embarqué dans des trafics louches. Il faut voir ce médecin consulter dans sa bagnole, que ce soit pour ausculter une toxico ou pour signer des ordonnances pas nettes...
Puis il y a le scénar, assez bien construit, d'un homme qui "joue sa vie" en une nuit: sortir de ses problèmes, régler ce qui doit l'être, prendre des décisions lourdes, etc. En soi (et c'est ma vraie réserve sur le film) c'est un brin chargé de "FATUM" , mais ça ne m'a pas gâché le plaisir.
Un plaisir pour moi de voir Vincent Macaigne qui est toujours formidable mais qui trouve là un de ses meilleurs rôles "sérieux". Il est crédible dès la première seconde. Pio Marmaï est très bon aussi dans un rôle non-comique. Giraudeau je l'aime beaucoup donc voilà.
C'est également très réussi dans sa mise en scène et son esthétique un peu poisseuse à la Safdie Bros. (tourné quasi entièrement de nuit).

Bref, très belle surprise pour moi.

4,5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

On pense comme vous dites aux Safdie mais il y a chez eux quelque chose d'un peu plus libre et chaotique que ce film, un peu dense et démonstratif, n'a pas réellement.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est vrai pour le scénar (surécrit d'un côté et sous-écrit de l'autre), pour le découpage (vite frénétique chez Safdie), mais mais à l'image (gros grain/photo poisseuse et de nuit), c'est assez similaire.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oui je disais juste que la référence a l'air présente à l'esprit du réalisateur, mais ça m'étonnerait pas qu'il en produise une version plus scolaire - ce qui est habituellement le cas quand on s'inspire très manifestement de quelque chose.

Cela dit, dans After Hours aussi, c'est pas du tout la ref là.

Pour ma part, si l'affiche m'avait fait penser à celle de Taxi Driver, le film m'a davantage fait pensé à James Gray.

Le film est plutôt carré dans son déroulé de la spirale dans laquelle chute un homme mais justement sans grande surprise, surtout que les influences sont très visibles.
Après, l'univers choisi permet tout de même une bonne variation et un protagoniste intéressant, ce mec qui a une certaine politique, campé par un Macaigne formidable.

C'est bien réalisé aussi. Voilà. Pas grand chose à en dire.

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C'est comme tous ceux qui sont censés faire du "Bresson académique", une contradiction dans les termes...

J'avais vu le premier film de Wajeman qui déjà était très inspiré de Gray et là on retrouve un peu ça dans un cadre quand même ultra classique "descente aux enfers durant une nuit avec un ultimatum au bout". Sauf que ça prend pas vraiment. Ce n'est ni suffisamment tendu, sombre, violent, halluciné ou que sais-je pour qu'on soit totalement captivé. Le personnage est finalement trop "lisse", sans doute pas assez borderline, l'exploration d'un Paris nocturne interlope est quasiment inexistante et le récit avance avec quand même une ribambelle de clichés pas transcendés que ce soit les histoire d'infidélité, les petites combines, la pute/camée à sauver, la volonté de rentrer dans le "droit chemin" jusqu'à cette fin un peu sortie de nulle part qui n'a pas du tout marché sur moi.

Finalement ce que j'ai préféré c'est la douceur des interventions médicales. Cette cartographie nocturne d'une population parisienne inquiète, angoissée, momentanément rassurée par la présence de ce médecin jovial et attentionné. Mais c'est trop évanescent par rapport au reste.

Macaigne est excellent et il tient le film même si je trouve grossier et presque incohérente sa caractérisation de vieux mafieux ringard avec ses cheveux gominés, sa chaîne en or et sa vieille veste en cuir. C'est là que tu vois que Wajeman est quand même un peu limité dans son imaginaire sous Gray/Scorsese/Ferrara.

3/6

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