Forum de FilmDeCulte

il y a les films wiki, et puis il y a les films articles-22-minutes-de-lecture de-vanity-fair-ou-m-le-monde.
puis il y a les vies incroyables qui peuvent (et doivent) se raconter en 8x1h, puis les vies où l'anecdote marquante peut tenir en 1h30.

les deux réals avaient fait la série cristobal balenciaga, que j'avais adorée, qui était donc un biopic-wiki mais génial, avec un vrai angle, tout.
cette fois-ci c'est la deuxième option. une histoire folle qui te fait dire "ah ça ferait un bon film ça !". d'autant plus qu'elle nous arrive après une amie dévouée, ce qui ne nuit pas à la chose mais ajoute une couche supplémentaire : que chaque pays ait son propre cas c'est fascinant.

alors c'est carré, très bien raconté. superbement joué par eduard fernandez, qui a eu un goya bien mérité. c'est filmé de manière élegante mais sans style particulier - d'autant plus intéressant que balenciaga était splendide visuellement, mais c'était donc bel et bien un cosplay phantom thread. le lien avec cristobal c'est leur attachement à ces personnages complexes et le refus du biopic hagiographique. ici, le mec est fondamentalement un "méchant", un mec qui fait un truc vaguement atroce ou en tout cas moralement condamnable. mais ils arrivent à trouver le parfait équilibre : ils n'excusent rien, ne provoquent jamais l'empathie, mais ne jugent pas non plus, ne mettent pas le spectateur dans une position confortable de le diaboliser. comme avec balenciaga, ils observent la complexité des êtres, refusent que qui que ce soit soit résumable en un mot. c'est très réussi et j'aime.

ce qui est aussi intéressant, c'est comme le destin des films dépend d'autre chose que d'eux-mêmes.

il y a 20 ans, ça aurait pu se faire aux usa, et ça aurait été un film nommé 5 fois aux oscars sans en avoir un seul au final. un film pour adultes quali, pour gens intelligents mais pas cinéphiles, le bon film sans aspérité impossible à détester et impossible à adorer aussi.
aujourd'hui, ça a fait le job en espagne, ça sort quand même mais dans l'indifférence, pas assez arty pour la sphère cinéphile, la sphère grand public n'a plus trop le gout de ces choses là. ce sera quand même un bon moment pour tous les gens qui s'y aventurent ou qui le voient dans un avion.
puis ce sera rigoureusement oublié après.

sinon ça a couté 4 millions, on fait des trucs sympas en europe.

Soit le prix de 10 Cédric Jimenez (qui a l’air bien claqué au sol à en juger par la ba).