Forum de FilmDeCulte

La hype était quasi-insurmontable à mes yeux pour ce troisième film en 16 ans de Kenneth Lonergan, véritable cinéaste-culte, qui débarquait auréolé de critiques dithyrambiques à Sundance. Pourtant, malgré une microscopique (et logique) déception après un tel buzz, il faut bien reconnaître une nouvelle fois qu'on est devant quelque chose d'hyper beau et d'hyper fort. Je sais pas comment le mec fait, mais il a un truc...

Les films de Lonergan n'ont l'air de rien en apparence, chroniques/portraits de vrais gens dans la vraie vie, face à des vrais drames, et pourtant le gars est tellement fort pour décrire et faire vivre les êtres humains qu'on se retrouve face à une espèce de tourbillon silencieux d'émotions, où tout est en creux, dans le non-dit, profondément vécu, à tel point que la moindre petite pointe d'émotion visible qui finit par poindre est dévastatrice. Il y a un côté fresque dans l'amplitude des émotions et la manière dont Lonergan embrasse toute la ville dans l'impact du drame (ça fait penser à DE BEAUX LENDEMAINS), et il y a en même temps un côté miniature dans la précision et l'humilité du regard.

Casey Affleck - qui remplace Matt Damon - livre une performance tellement intensément vécue, incarnée, jamais show-offy... Il nous fait croire à un vrai être humain dans toute sa complexité, quelqu'un que le deuil a étouffé, renfermé. Grande performance, vraiment. Il y a un moment tout simple à la fin du film qui me donne des frissons quand j'y repense. Le reste du cast est au diapason, surtout Lucas Hedges, quasiment co-star du film, charismatique et là encore totalement vécu et réaliste dans son rôle d'ado qui cache ses tourments.

Mais n'allez pas croire que le film de Lonergan est éteint et fermé comme peut l'être son personnage principal. Au contraire, on est devant un mix d'émotions où le rire est étonnamment présent. J'avais vu un tweet de Jacky Goldberg à Toronto où il disait avoir pensé à Louis CK. Étonnant sur le papier, mais finalement tout à fait pertinent, tant le cinéaste cultive les moments de rire gênants, d'embarassment. Contraste tonal surprenant, doublé d'une belle juxtaposition du sublime et du médiocre, le petit détail réaliste qui vient parasiter le mélo, la discussion quotidienne sur STAR TREK juste après un enterrement...

Un mot également sur le montage du film, que j'ai trouvé absolument fascinant. Aussi bien dans les scènes elles-mêmes, à travers des choix parfois étonnants, des ruptures violentes ; que dans la structure générale du film, où le présent et le passé cohabitent, se contaminent l'un l'autre, créant des espèces de blocs de temps qui viennent parfois déséquilibrer le récit, de la même manière qu'ils viennent perturber le quotidien de Lee (Casey Affleck) lui-même.

Par contre, une de mes réserves concerne justement le montage, car je reprocherai au film un léger flottement narratif vers les 2/3, où le rythme aurait pu être resserré. Peut-être également
Le film sur le papier a tout du Sundance movie classique, mais il y a quelque chose en plus, une telle maturité dans le regard, un tel refus des réponses ou des conclusions trop faciles, qu'on s'élève vers quelque chose de plus grand. Dans une interview de Lonergan, je suis tombé sur cet extrait que je trouve assez représentatif de son approche, et que je met en spoiler car il vaut mieux lire après avoir vu le film:

Bref, réussir à retranscrire ça de manière aussi subtile, puissante, sans avoir l'air d'y toucher, pour quelqu'un qui prétend être "not a real filmmaker", c'est quand même pas mal.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Merci pour cet avis. Difficile de donner encore plus envie...

J'espère avoir une petite invitation pour la séance du 11 octobre prochain à Paris sinon j'attendrais non sans impatience décembre.

Avant-première ou projo presse?

Showeb.

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CroqAnimement votre

T'y seras, Art?

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Non, mais j'ai vu des gens en parler sur Twitter. Il me rappelle la folle vie de blogueur avec nostalgie .
Par contre je viens de participer à ce concours pour tenter de gagner des places. Pas évidente la question par contre, j'ai galéré :
http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cine ... t-premiere

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CroqAnimement votre

Ben tiens je viens de recevoir un mail d'invitation. Donc c'est open bar faut pas hésiter.

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CroqAnimement votre

Reçu le même mail d'invitation.

Lonergan sera là en plus, non ? Puisqu'il fait des interviews à Paris le lendemain...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ouais ouais c'est en présence de Kenneth, il vient présenter le film.

Viens dire bonjour entre deux petits fours.

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Ouais pourquoi pas.
Je sais pas à quoi ressemble Art mais si je te vois je viendrai taper la bise.

Merde, j'ai rien reçu, ils m'aiment pas...

Si aucun pote ne peut m'accompagner je t'invite!

Qui-Gon Jinn a bien résumé la chose. Tant les qualités que les limites qu'elles peuvent présenter, du moins pour moi...

En effet, dans un premier temps, j'ai eu du mal à me faire à l'approche de Lonergan. Si bien que pendant près d'une demi-heure, je me voyais déjà tweeter en sortant "je ne vois pas ce que le film a de si spécial". Puis peu à peu, j'ai été convaincu par la façon brillante qu'a Lonergan de distiller les informations (je pense évidemment à la structure en flashbacks du récit mais également à des détails) et le "réalisme" du film, dans le temps qu'il prend, dans le quotidien-isme qu'il adopte, jusque dans les réactions sourdes des personnages et la légèreté de "la vie qui continue", respirations bienvenues dans un film qui compile autant les "scènes de tristesse" que The Office UK compile les "scènes de malaise".

En voyant Ricky Gervais s'enfoncer dans des situations de malaise social, j'étais embarrassé pour lui alors qu'ici, je suis triste pour le personnage de Casey Affleck. Je le dis comme ça parce que c'est vraiment le même genre de ressenti non-impliqué. Le film est tellement dénué de pathos (et ce malgré un usage un peu trop pesant de la musique par moments) que la tristesse que je ressens est plus intellectuelle qu'empathisée.

Je ne peux nier que le film m'a foutu un peu les larmes dans la dernière partie et la conclusion achève d'en faire un film remarquablement humain et beau mais sans doute trop froid pour réellement m'atteindre. Comme évoqué plus haut, j'ai donc été davantage "convaincu" que touché.

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