Saison 1, 7 épisodes pour le moment et la meilleure série que j'ai vu (bon j'en ai pas vu beaucoup, vais me faire The Wire, connais encore peu The Shield, mais connais toutes les sous-merdes qui passent sur France Télévision).
L'écriture est juste démentielle, on a une rigueur absolument incroyable - formellement aussi, même si j'aurais parfois aimé un découpage encore plus épuré, mais le rythme du montage fait quand même baver.
Ce que je surkiffe essentiellement, mis à part la classe inhérente de la photo et de la direction d'acteurs, c'est le pathos et la cruauté permanente, Mad Men est une série où l'on rit jaune quand c'est sérieux et où on est bouche bée quand les personnages se marrent. Malade. Et puis tout tourne autour de la clope et de l'alcool (ce vomi incroyable épisode 7
), ça c'est cool, virulent et déstabilisant (mais plaisant) quand tant d'autres séries et films ont un mal de chien à te filmer une 25 de bière (genre le mari dans Desperate Houswives et sa bière quotidienne la plus ridicule de la tv).
Bon puis y'a toute cette construction de l'abstraction au sein du réel historique, ces passages extrêmement posés (on s'énerve quasiment jamais dans cette série, ou alors en hors champ) où la force politique et sociale éclate à la face des psychologies publicitaires. Je pense par exemple au passage mentionné par Zad, le perso principal qui assiste à la futile révolution culturelle de la jeunesse dans un bar, moment iconoclaste dans le rapport du réel de la série (costard et attitude rétro) et claque à la fois ridicule (la pornographie concept de la poésie politique de gauchiste bourgeois) et bouleversante d'une société post-guerre qui mute. Tout ça parait littéralement abstrait, vu de loin on comprend pas l'enchainement, y'a pas de lien évident entre les événements (même si l'écriture féroce arrive à tout lier par sa putain d'homogénéité conceptuelle, genre lors de cette scène Don suit juste une meuf qu'a pas de culotte !).
Là, un niveau politico-culturel pas hypocrite, comme le rapport simpliste mais pas con du tout aux juifs et à l'étymologie (ce que signifie
utopie de la bouche d'une juive new-yorkaise). Et puis cette montée de marches d'un building en panne d'ascenseur, écho en sueur et lourdeur du dernier plan du rebelle de Vidor, scène qu'est juste super longue - un Abrahams te l'aurait monté cut en 15 secondes.
Enfin, un générique d'entrée que j'ai détesté les premiers épisodes et qui se révèle parfait quand on a compris la dépression totale à laquelle on assiste et cette batterie d'un autre temps (le notre) qui beat sur une mesure, histoire de rappeler juste avant le début des images "d'époque" que la série est faite pour parler à notre génération (euh d'ailleurs mon colonel citait des fous qui parlent de la typo, mais ils citent la zik qu'est juste pas du tout en rapport avec l'époque de la série ?).
Bam, quoi. Et je me rends compte que je dois pas être bien clair sur la notion d'abstraction, notamment que j'ai pas du tout écrit sur l'ambiance visuelle, rien sur le jeu d'acteurs et que j'ai trop effleuré l'agencement de séquences. Mais bon, 45 minutes qui me font réfléchir comme un boeuf, c'est pas évident. Bam, quoi.