Forum de FilmDeCulte

Frêle et dérisoire silhouette courbée sous un parapluie déchiré par la pluie battante, Lola Sepa allume une bougie sur le trottoir où son petit-fils a été tué d'un coup de couteau par un voleur de téléphone portable. Lola Puring , la grand-mère du meurtrier, vit elle aussi dans la plus grande précarité, dans une impitoyable ville de Manille. Elles déambulent dans une bruyante ville-fourmilière, contractant auprès d'usuriers des prêts pour payer, l'une l'enterrement, l'autre, le procès, et luttant infatigablement malgré leur grand âge, pour le salut de leur famille.

Alors qu'on venait à peine de découvrir son Kinatay (prix de la mise en scène mille fois mérité), revoilà Brillante Mendoza avec ses deux ficelles et un bout de scotch pour le deuxième film surprise de cette pléthorique Mostra (25 films en compète) autour de deux grands-mères l'une dont le petit fils vient de sa faire poignarder, l'autre étant celle du meurtrier, deux visages inoubliables usés par le poids du temps mais qui portent à elle deux tout le récit.

La grande force de Mendoza c'est que ses films prennent toutes leurs forces dans la durée. Bonheur immense de découvrir le film sans rien en savoir (plus l'étonnement de voir Mendoza dont je ne savais même pas qu'il avait déjà pondu un nouveau film, peut-être moins bluffant techniquement que Kinatay ou Serbis mais recelant de moments de vie énormes, dans cette ville mangée par les eaux qui rappelle Venise mais en plus miséreux alors que la solidarité entre tous bluffe par sa générosité dans ce style quasi documentaire qu'affectionne Mendoza) et de découvrir le pitch au détour d'un geste, d'abord la mort d'un fils, puis se rendre compte qu'il a été tué, puis de réaliser qu'elle agrippe la main de son meurtier, puis de se rendre compte que l'histoire se dédouble avec l'arrivée de la seconde grand-mère... L'art du storytelling au service d'une esthétique sur le vif proprement miraculeuse.

Encore une fois, 5/6

Mon premier Mendoza...



Je suis qu'à moitié convaincu.

La première partie (jusqu'à l'inondation) est assez spectaculaire. J'adore comment dès la première scène, qui semble un premier temps traîner les savates en simple mode "suivi à l'épaule", le film prend discrètement du coffre, de l'ampleur, pour en moins d'une minute faire d'un simple escalier défoncé une construction monstre résumant la folie de la ville entière... Je suppose que c'est le choix des angles, sans doute aussi le fait de projeter des corps si fragiles et usés dans le chaos, je ne sais pas. Mais toutes ces scènes, rythmées par l'arrivée annoncée d'un déluge qui s'infiltre petit à petit comme une menace sombre, dans un monde-bordel où le vent trimballe cendres et bouts de n'importe quoi, est vraiment brillante - alignement d'idées de mise en scène géniales qui transforment chaque espace anodin en aventure, jusqu'à l'épreuve glaciale du couloir des pompes funèbres, parfait.

L'inondation qui arrive, super abruptement (et j'ai pas l'impression que ce soit volontaire - question d'ordre de tournage ?), ralentit violemment le tempo. Au-delà d'un trésor cadeau (le décor de la ville inondée), finalement très peu exploité au vu des possibilités offertes, le film se met à suivre la ronde des évènements sans rien construire d'autre, sans en faire sortir grand chose. Il reste les personnages (l'idée excellente du duo de vieilles) qui tiennent le film entier, mais on s'emmerde quand même franchement (pour ce qui constitue quand même les 3/4 restants du film)...
Je nie pas que c'est à mille lieux au-dessus de la fange des petits films naturalistes à l'épaule, et que ça a notamment une énergie et une vie incroyables (la scènes des poissons, la chasse aux poules, la traversée de la prison...), qu'il y a des bons plans à chopper un peu dans tous les coins. Mais au final ce potentiel mal exploité est plus frustrant qu'autre chose : je ne sens pas le film capable de faire bloc au lieu de butiner, de sortir une narration forte de son conglomérat d'idées, de se hisser au-dessus de la démonstration/peinture sociale de Manille façon manuel découverte pour les festivaliers étrangers, et finalement de faire autre chose que de suivre tranquillement son pitch (certes brillant).

Le début fait que je reste curieux du réal, mais après tous les bons échos entourant le film, je suis assez déçu.

3.5/6

On m'avait parlé de Lola après Taklub (que j'ai beaucoup aimé), en m'expliquant que c'était encore plus fort. Et bien c'est vrai: c'est juste un film extraordinaire, tellement beau que j'ai eu les larmes aux yeux presque du début jusqu'à la fin - les hormones peut-être. Le regard de Brillante Mendoza peut être d'une tendresse infinie et du dur comme l'acier. Grand film, grand cinéaste.

5/6

Elle me manque.

LOL DE FEU

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Netflix les gars, Netflix.

Je pleure de rire.