Forum de FilmDeCulte

Je conservais, de Adieu Philippines et Du côté d'Orouët, tous deux vus il y a un an suite à l'achat du coffret DVD Jacques Rozier, le souvenir ému de deux films étonnement justes, frais (et pourtant je déteste cette expression très "Giordano"), qui avaient su mettre à profit les préceptes de la Nouvelle Vague comme seul Eric Rohmer avait su le faire avant avec notamment Le Signe du lion. Adieu Philippines s'imposait à mes yeux comme le vrai film sur cette jeunesse à Paris bouleversée par la guerre d'Algérie qui apparaît au loin, en sourdine, à travers les regards détournés et les mots maladroits des "adultes".

Bien que retrouvant la justesse chez les acteurs (y compris chez Pierre Richard, dont je ne doutais pas du talent mais que je trouvais un rien répétitif et qui se renouvelle largement ici), Les Naufragés de l'île de la Tortue reste à mes yeux un rien moins réussi, piétinant parfois dans son histoire sans vraiment s'en sortir ni avancer. On me rétorquera que cela correspond aux méthodes de Rozier (cf. ce qu'en disait Pierre Richard justement), mais cela prend moins ici. Il reste malgré tout un film plein d'humour, parfois émouvant ("Petit Nono", très bien joué par Villeret), à la photographie très claire et contrastée (je serais curieux de connaître l'équipe de tournage). Je suis vraiment curieux de voir maintenant Maine Ocean. Allez, c'est pour bientôt !

4/6

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Pour moi c'est son meilleur.
A part l'apparté un peu relou avec la voix off de la meuf, je trouve ça parfait de bout en bout. Les lumières du début, et comment cette scène au pied dure, et dure, le repas absurde, le réveil à l'aube avant de prendre le bateau, Richard en prison la gueule ahurie, ça regorge de moments magnifiques. Et putain quel duo d'acteurs!
Maine Océan aussi c'est très bon, mais un poil longuet, et du coup parfois un peu mou (reproches qu'on peut aussi faire à Du côté d'Orouët).
N'empêche que Rozier est un très grand, avec Stévenin un de mes réals français vivants (mais rares) préférés.

Stévenin, le mec auquel je ne pense jamais et dont j'ai pourtant suradoré les trois films... Quelle tristesse que des gars comme ça ne tournent pas plus.

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Stévenin, je suis pas sûr qu'il veuille tourner plus... Faut que ça mûrisse. Rozier, par contre, c'est juste qu'il en chie pour trouver de la thune.

Stévenin parlait d'une grosse flemme entre ses deux derniers films (ou bien c'était quelqu'un d'autre qui parlait de ça à son propos, je me souviens plus exactement). Rozier, je pensais même qu'il était mort, en achetant le coffret il y a un an. Je ne sais pas trop ce qu'est devenu son film Fifi Martingale (non distribué ?)...

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Quel film étonnant. Un pitch de comédie de Claude Zidi mais avec le traitement Rozier, soit un déraillement permanent et un rythme presque volontairement à contrecourant de la rythmique comique. Je retrouve ce qui m'avait agacé dans Maine Océan, absolument chaque scène est deux fois trop longue. Pas juste un peu plus longue, vraiment deux fois trop longue. On sent que Rozier laisse la scène traîner pour faire surgir autre chose, l'inattendu, l'à côté mais ça ne marche pas à chaque fois et je mentirais si je disais que je ne m'étais pas ennuyé de ci de là. D'autant que le récit est volontairement décevant, à l'image de son pitch où les touristes n'obtiendront jamais ce pour quoi ils ont signé, le spectateur non plus, tout le film n'était qu'une succession de départs ratés. Mais là encore ça aurait pu être une espèce d'accumulation de galères comiques et ludiques mais Rozier ne cherche pas vraiment ça, le montage du film étant d'une mollesse assez surréaliste. Le film dure 2h30 et pourrait durer facile 45mn de moins sans que ça ne change rien (d'une point de vue narratif s'entend, j'ai bien conscience que ce n'est pas le projet du film). Certains moments improvisés sont réussis, d'autres moins. D'ailleurs étonnement Pierre Richard n'est pas très bon dans le film, on sent qu'il manque de direction, qu'il ne sait parfois pas quoi faire de son corps. Au contraire d'un Villeret génial, hyper attachant.

Cependant j'ai adoré l'espèce d'anomalie qu'est le film. Absolument magnifique déjà, tourné in situ, ça se sent vraiment, il y a des passages dans la jungle on se croirait chez Herzog et cette manière vraiment d'être toujours un peu à contretemps, à l'image de tout le début qui à postériori paraît hors sujet, la rencontre avec cette femme (noire, puissante), de cette façon de balancer le pitch mais de jamais vraiment le traiter, ce parfum de film d'aventure, ses ellipses brutales etc... Il y a vraiment quelque chose d'assez unique dans ce cinéma là, à la fois grand public mais pas vraiment. J'ai du mal à être à fond mais je suis admiratif du geste.

4/6

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