Castorp a écrit:
Les grands espaces, c'est d'abord un film sur l'idéalisme d'un héros, un dandy bostonien qui se retrouve dans l'Ouest (superbement campé par Gregory Peck), que les péripéties vont mettre à mal, jusqu'à un superbe final.
C'est moins un idéalisme qu'un code d'honneur différent (et antérieur) à celui qui prévaut dans l'Ouest. C'est un angle très intéressant que prend Wyler, il renie les prétendues valeurs du Far-West en les opposant à celles des gentleman, l’esbroufe et la testostérone contre l'accomplissement de soi et l'humilité.
Comme toi (et sans trop savoir pourquoi, parfois on a des à priori sans même en connaître la cause) je craignais un truc lourd, ça m'a même poursuivi pendant toute la projection, m'attendant qu'à chaque scène le film tombe dans le convenu, mais non, pendant 2h45 Les Grands espaces tient la ligne qu'il se fixe, l'opposition de ces deux mondes, avec une subtilité et une justesse dans la description de chacun de ses personnages qui est enthousiasmante (la scène où Patricia vient retrouver McKay à l'hôtel, pffiou, qu'est-ce que c'est beau!). Je n'ai pas souvenir d'avoir vu Peck aussi bon, et c'est une très bonne idée que de faire jouer Heston dans un rôle à contre-emploi et vraiment pas valorisant. De toutes façons au niveau du casting il n'y a pas une seule fausse note, l'ensemble est admirable.
Et puis quelle réalisation de Wyler, le découvrir (en scope) sur petit écran donne vraiment envie de le voir sur grand, ça doit péter encore plus. Visuellement c'est à couper le souffle, la temporalité est parfaitement maîtrisée (finalement il se passe peu de choses dans ce film, toutes les scènes sont très longues mais d'une richesse inouïe), et c'est techniquement parfait (les cadres, les mouvements de caméra). Je ne sais pas si le classicisme c'est ça, mais le film est d'une vraie modernité.
5/6
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