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aka Riefenstahl



Elle a été actrice, monteuse, réalisatrice. Elle a créé des images iconiques. Elle a été proche du régime nazi. Qui était-elle ? Une opportuniste ? Une manipulatrice ? Une visionnaire ? Ses archives personnelles, accessibles pour la première fois, la révèlent enfin, dans toute sa complexité, son ambiguïté.

Bien que je n'ai jamais pris la peine de m'y plonger réellement, via un livre ou un autre documentaire, j'ai toujours trouvé le personnage de Leni Riefenstahl intriguant non seulement pour sa qualité de pionnière d'influence majeure mais surtout parce qu'elle cristallise plus que quiconque la notion de la politique en art, des compromis pour arriver à ses fins, et des potentielles contradictions en chacun de nous.

La particularité de ce film est de bénéficier des documents personnels inédits de l'artiste, qui avait consigné nombre de dossiers et d'enregistrements divers, et de montrer les coulisses et scènes coupées d'émissions et d'interviews, bref, de montrer la face cachée de celle qui a toujours utilisé la bonne vieille défense du "je n'ai fait que faire ce qu'on m'a demandé de faire" et "je savais pas pour les camps".

D'un point de vue purement informatif, l'exercice est forcément efficace, mais sa forme me paraît un peu trop vulgairement à charge, opposant régulièrement une déclaration officielle de Riefenstahl à une archive révélant son hypocrisie, comme un procès filmique, non pas qu'elle mérite la clémence ou d'être excusée, mais j'aurais trouvé plus pertinent un film qui essaie d'explorer la figure de l'artiste dans toute sa complexité, prête à faire le pacte le plus faustien de l'Histoire.

Alors c'est là, en filigrane, dans ce portrait en creux d'une femme qui se dit simple exécutante mais qui semblait clairement aimer les possibilités (échelle et moyens des tournages, 30 cameramen pour Les Dieux du stade, etc.) et le statut (proximité avec les puissants) offerts par Hitler et qui n'a jamais eu de soucis à exploiter les sujets qu'elle filme et à se vendre, même après-guerre (cf. ses "reportages" sur la tribu africaine avec placements de produits).

Je rêve d'un film de fiction à la Citizen Kane sur elle.

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Ce sont vraiment des images inédites? J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce type de "scènes coupées" dans un documentaire sur elle, il y a quelques années. Elle semblait être restée une vraie garce dans le déni complet jusqu'à son dernier souffle. Et il y avait aussi déjà des extraits de ces reportages en Afrique, qui marquaient, en effet, une certaine continuité thématique avec ces films des années 30.

L'inédit ce sont plutôt les documents persos genre des enregistrements de conversations téléphoniques.

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OK.

L'artiste de ces années-là sur lequel j'aimerais voir un "Citizen Kane", c'est Han Van Meegeren: le peintre raté qui gagnait sa vie en faisant des faux Vermeer pendant la guerre, authentifiés par les plus grands experts de l'époque, refourgués dans les plus grands musées, jusqu'à ce que Göring en prenne un en échange de 200 tableaux volés dans les pays occupés, le tout saisi à la fin de la guerre et présenté au tribunal où Van Meegeren est accusé de collaboration, obligé de reconnaître que ce sont des faux, ridiculisant les experts de l'art, qui continueront d'affirmer que ce sont des vrais, tandis que Van Meegeren, hué par la foule la veille, devient d'un coup un héros populaire, le faussaire ayant arnaqué les nazis en leur filant des croûtes contre 200 vrais tableaux. Histoire fascinante. Et ça conviendrait davantage à Welles.

@Freak : tu as vu les films de Riefenstahl ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Pas en entier (Azi Olympia 4h...) mais je vais un de ces quatre.

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Une tentative récente existe (2019), avec Guy Pearce, Vicky Krieps et August Diehl. T'as pas été curieux de zieuter ?

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I think we're gonna need a helmet.

"Je rêve d'un film de fiction à la Citizen Kane sur elle."

Projet de longue date de Jodie Foster.

Oui je sais (elle voulait Sharon Stone apparemment) mais ça date et c'est oublié depuis longtemps. Et c'était pas en mode Kane à ce que je sache.

Carice Van Houten la joue en second rôle dans Race, le film de feu Stephen Hopkins sur Jesse Owens aux JO.

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ils ont vraiment appelé un film sur Owens Race ?

Oui, le titre est tellement parfait que t'as l'impression que les mecs ont eu l'idée du titre et ont écrit le film pour aller autour.

(j'ai la même thèse sur Remi Waterhouse et RIDICULE: qu'il a eu l'idée du jeu de mot "Sire, le roi n'est pas un sujet" et a écrit le film en partant de là)

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Toujours pas vu: sorti directement en streaming, malgré la présence de ces acteurs; ça ne doit pas être terrible.

Rétrospectivement, on peut se demander comment les Pélerins d'Emmaus ont pu passer pour un Vermeer, car le trait rectiligne et épais, la composition avec une table occupant la moitié inférieure du tableau, l'espace défini mais peu profond, le traitement des visages et des peaux grisâtres, donnant une tonalité morbide que l'éclat des vêtement n'arrivent pas compenser , comme chez Le Greco, jusqu'au sujet religieux proche du baroque espagnol ou du Caravage n'ont absolument aucune relation avec le reste de son oeuvre .
Vermeer représente souvent l'opulence matérielle -que l'omniprésence des cartes et de tableaux de paysage enfermés dans le tableau relie aussi au politique voire au colonialisme- pour en suggérer l'insuffisance, c'est une démarche proche des vanités, mais sans mortification, érotisée et implicite. Et là cela aurait été un des rares Vermeer avec un mur nu. Le seul lien avec Vermeer est le sujet qui laisse croire de façon générique qu'il s'agissait d'un peintre catholique.
Les angles vifs du tableau et les masses de couleurs sans dégradés des murs indiquent qu'il s'agit d'une peinture récente, contemporaine de Chirico, Morandi et Dali : un espace abstrait pour une scène stéréotypée.

Ceci dit cela s'explique en partie par le fait que des disciplines comme l'iconographie n'existaient pas, et que des oeuvres similaires mais d'époque devaient alors être mal attribuées à Vermeer au début du siècle (la fascination pour Van Meegeren reprojette la sensibiltié et les connaissances actuelles dans deux passés, le XVIIème siècle et celui de la l'occupation). Van Meegeren a avant tout tiré partie du rapport complexe des Pays Bas vis-à-vis du catholicisme et de la période espagnole pour écouler ses faux.

Après oui la table et la disposition des personnages sont proches de l'Entremetteuse (ironiquement scène galante) et sa toute première peinture, le Christ dans la Maison de Marthe et Marie, est une scène christique, mais dont le traitement n'a rien à voir. Les traits des personnages rappellent beaucoup la Sainte Praxède dont l'attribution à Vermeer est douteuse.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Justement: le coup de génie de Van Meegeren (et ce qui fait que cette histoire est infiniment marrante) c'est d'avoir sciemment produit un Vermeer qui ne ressemblait pas aux Vermeer authentifiés - il pariait que son faux Vermeer passerait pour un vrai parce qu'il venait confirmer la thèse de plusieurs experts, persuadés qu'avant sa période de peintre de scènes de genre, Vermeer avait eu une période de peintre d'histoires et de tableaux bibliques, à la Caravage (tableaux qu'on prétendait perdus mais dont il restait des traces dans ses toiles plus tardives, disaient-ils).
Vermeer était encore un peintre mal connu, dont l'oeuvre avait des contours flottants. Lors de la rétrospective de 1935, qui l'avait consacré comme un "égal de Rembrandt" (comme disaient les Télérama de l'époque), 6 tableaux sur 15 n'étaient pas de lui. Lol. Ca oblige à rester modeste quand on prétend parler d'art, et à toujours se rappeler à quel point c'est une opération longue et compliquée de fabriquer des "chefs d'oeuvre".

Tout ça pour dire que son faux Vermeer était d'abord une vengeance contre le monde de l'art : Van Meegeren voulait ridiculiser les experts (qui l'avaient éreinté après l'avoir encensé à ses débuts) en les laissant authentifier une toile dont il révélerait ensuite qu'elle était un faux. Il jouait à fond sur la vanité des spécialistes, trop contents de "découvrir" les toiles qui confirmaient leur autorité d'experts. Génie du ressentiment et de la vanité dans le petit monde de l'art; y a vraiment tous les ingrédients d'une comédie (alors que le film indiqué par Z a l'air d'un drame de guerre complètement générique, quel gâchis).

(J'espère que je ne dis pas de bêtises: je m'appuie sur une seule source, "La double vie de Vermeer" de Luigi Guarnieri, une version romancée mais renseignée de l'affaire)