Forum de FilmDeCulte

Tu crois ? Non en fait, j'imagine que les deux personnages sont bengalis et l'un vient en aide à l'autre à cause de cette proximité et du fait qu'il se sente isolé (la remarque sur le fait qu'il n'a pas de voisins). La question, c'est que signifie cette identité dans le contexte indien de l'époque, où elle est dénigrée par le capitaliste, adepte de l'autodénigrement.

Voici les répliques mentionnant l'ethnie :

"You won't believe me, Mr. Roy, but on an average, we get at least one Bengali in distress per year."

"I asked my wife if she'd heard of you. She's always reading Bengali magazines."

"It would be easy when we go to Calcutta, but you never let me see Bengali films!"

"You know, Mr. Roy...the Bengalis of this present generation have no moral fiber. And that is reflected
in everything we do."

"Must you really speak this way when we have a Bengali guest? criticize Bengalis to a Bengali, but praise them to others."

Donc le protagoniste se fait accueillir avec la chambre avec baignoire car il est de la même caste ou ethnie, je sais pas, dans une région où ils sont rares.



C'est plus simple que ça, le mec l'a oubliée, la croise par hasard et lui dit égoïstement, viens avec moi, sinon ça veut dire que tu es devenue une chieuse bourgeoise, comme mon pressentiment me l'avait annoncé. Elle a lu l'ultimatum et elle se venge de sa prétention de pseudo-romantique.

En tout cas il a une image de self-made-man imbu de lui-même, mais aussi dépressif, culpabilisé de manière sans doute sincère par le système de caste auquel il doit sa richesse. On peut penser que c'est un transfuge de classe (il fait très nouveau riche et est le personnage le plus solitaire du trio) et qu'il est externe au Bengale, méprisé pour cette raison par sa femme (ou alors le ressort de la relation paraît plus une forme de compassion que de passion érotique). La manière de considérer sa femme comme une trophy woman donne l'impression qu'il est entièrement extérieur à leur milieu.

Sans doute que le système colonial court-circuitait partiellement les castes et favorisait localement une élite économique fragile, contrainte à l'individualisme.
Le personnage transfère dans la bourgeoisie (avec une conscience de soi n' abdiquant jamais et toujours bavarde) la culpabilité et l'avachissement onaniste du marahadjah du Salon de Musique (cela correspond aussi à une opposition névrose / psychose).
Le film renvoie aussi en inversé à la Déesse (la passion érotique individuelle d'un intellectuelle mime la foi naïve du peuple, dans le deux cas l'intérêt réciproque de ce que le personnage idolâtre se révèle une fiction - la croyance et le fait d'investir ube personne ou un concept une valeur circulent toujours dans un seul sens, sont l'inverse d'un rapport- les personnage ne peuvent concevoir le déni d'autrui envers eux-même. Ray filme toujours la foi comme quelque-chose de lui-même que le personnage central perd.
A l'inverse le planteur lui préfère dessiner et afficher les portraits de ses serviteurs que celui, qui serait plus convenu, de sa propre jeube femme (pas anodin car Ray et son père étaient illustrateurs, le spectateur s'identifie au réalisateur du film, mais le vrai réalisateur au bourgeois paumé).

Sinon la fin oui je ne crois pas qu'elle va se suicider, mais le message est malgré tout "plutôt crever que renouer avec toi" (le mec lui propose à la foi une identité rédemptrice de gauche radicale et une vie sans risque, sinon celui de subir ses états d'âmes et son refus de s'engager, et elle lui enfonce la contradiction dans la gueule).
C'est aussi une auto-citation du Monde d'Apu avec le même acteur qui abandonne sa femme mourante dans une gare en lui souhaitant goujatement et idiotement de bonnes vacances dans sa famille - ici la maîtresse arrive dans le plan avec un bruit absurde de locomotive comme pour la venger

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre