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Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l'entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu'une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.

Un très bon film sur la difficulté que peuvent éprouver les victimes d'abus pour s'exprimer, et donc sur l'épreuve que c'est de se libérer d'une emprise. Les agressions et relations toxiques dans le monde du sport est encore un sujet trop tabou et ce film nous ouvre les yeux sur ce problème-là.
L'austérité générale du film fait écho au mutisme de Julie qui semble s'anesthésier dans le refus de choisir entre déni des faits et courage de parler. Cette sécheresse peut rebuter mais le film, savamment écrit, montre comment Julie, petit pas par petit pas, arrivera à sortir du silence, et ça m'a captivé. Il y a également un beau travail sur le son avec ces frappes de raquettes comme autant de cris refoulés, et cette ligne mélodique (composée spécialement pour le film par la divine Caroline Shaw), rare mais précieuse.

4,5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Le pb du film, c'est que son pitch ressemble bcp au film sur le ski non ?

Slalom?
Je trouve les films fort différents.
Dans celui-ci on se concentre essentiellement sur la fille et "l'après", les événements et même le personnage du coach sont invisibilisés à l'écran. Slalom montrait l'emprise.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oui c'est très différent.

J'avais acheté son court-métrage précédent pour Arte qui se passait dans le monde de la gym et qui parlait aussi d'emprise (et son court d'avant était une version courte de Julie se tait), donc le mal être dans le sport c'est vraiment son sujet.

Là force est de constater que le film est vraiment impressionnant. Une mise en scène toute verrouillée, toute en plans fixes et une atmosphère (surtout dans la première partie) mortifère où le sport est représenté non pas comme le lieu de l'épanouissement mais au contraire comme une espèce de bulle (ces gymnases sombres sans fenêtre, tout se passe d'ailleurs quasiment à l'intérieur dans des espaces confinés) d'enfermement et d'aliénation. Il y a un coté presque Haneke dans cette manière de décrire en creux ce que l'on devine aisément. Peu à peu on s'ouvre à l'extérieur, la joie revient par intermittence, le soleil vient (cette belle scène entre amis au bord de la piscine) mais plane sans cesse cette ombre d'un traumatisme bien présent.

Et si le fim se fait un peu théorique et manque de chair émotionnel et que la deuxième partie flotte un peu niveau rythme (il aurait dû durer 10mn de moins), ça reste une première oeuvre d'une sécheresse et d'une maîtrise quasi totale (très belle BO aussi d'ailleurs qui apporte un peu de chaleur). Meilleur découvert d'un cinéaste belge depuis longtemps. Sinon c'est assez marrant de voir les frères Dardenne et Naomi Osaka en producteurs, quel improbable mélange.

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CroqAnimement votre

En revanche l'affiche française est affreuse, elle vend pas le bon film :

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CroqAnimement votre

C'est la même affiche partout.
On comprend tout de suite l'idée (le contraste entre son silence et ce qu'elle vit intérieurement) et je trouve ça vraiment pas mal. Mais en effet c'est pas une image du film, c'est sûr..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je la trouve particulièrement moche.

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CroqAnimement votre

horrible

Oui je me disais que le contraste entre titre et image était bien tenté mais ne fonctionnait pas vraiment. Le problème c'est que l'image d'une tenniswoman qui serre le point c'est trop plan plan pour évoquer la complexité voulue.

Moi aussi.
C'est l'habillage qui est cheap.


Ça c'est plutôt un bon point à mes yeux.

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Polices de caractères pourrie et le titre passe mieux en flamand qu'en français (une seule syllabe qui claque pour le verbe, pas tout à fait la même manière d'appeler ou plutôt désigner quelqu'un par son prénom non plus, les Flamands vont le faire même dans une registre de langue plus soutenu et en présence de la personnne de manière moins ambigüe qu'en français où on passe plus vite à l'interpellation par un "tu") , fallait peut-être pas le traduire littéralement + image qui a aussi un sens plus fort pour les Belges avec les souvenirs de Kim Clijsters et Justine Hénin (et leurs "académies") que pour les Français - Justine / Julie sans doute pas un hasard non plus.
Quoique Justine se tait cela donne bien en français pour d'autres raisons.

Que ce soit dans le court Stephanie ou dans Julie zwijgt, c'est tout autant la difficulté d'être une jeune sportive de haut niveau tout court que les ravages de l'emprise qui est mise en scène.
L'isolement auquel cela amène, les pressions diverses, le stress et l'intensité permanents, la peur de ne plus être au niveau, l'environnement concurrentiel,... C'est tout ce quotidien et les failles et fragilités qu'il peut induire, très bien décrits dans le film, qui permettent à l'emprise de trouver son chemin et qui rend difficile de s'en extraire.
Dans ce cadre, j'ai trouvé fondamentale l'idée de caster de véritables sportifs de haut niveau dans le rôle principal, que ce soit la petite fille gymnaste de Stephanie ou la jeune joueuse de tennis de Julie zwijgt. Il faut qu'on se rende compte matériellement à l'écran qu'elles sont hors du commun et que ça peut constituer un facteur de vulnérabilité supplémentaire, pour que le film fonctionne. D'où aussi la nécessité des longs plans fixes, particulièrement lors des séances d'entraînement.

Je m'attendais à un film où l'emprise de l'agresseur sur sa victime prendrait beaucoup d'espace, aussi j'étais étonnée de constater que c'était plutôt très en filigrane. Pour moi, le centre névralgique, c'est uniquement l'intériorité de Julie, avec le poids de son agression (jamais exposée) sur son mental. Parler et se dévoiler aux yeux de tous, ou se taire et enfouir ce souvenir en soi. Tout le film est axé sur le second postulat, comme le titre l'indique, avec cette émancipation finale et l'entame de la procédure judiciaire suivant la prise de parole ainsi suggérée. Le tennis ne sert que de trame pour dépeindre la force de caractère de Julie.

Ce qui est fort, c'est de ne jamais rentrer dans le vif du sujet principal en s'ancrant dans l'univers du sport. De ponctuer simplement cette vie d'étudiante appliquée et de grande sportive de ses quelques passages à vide, en distillant avec une grande sobriété quelques instants de vérité bien choisis pour comprendre son état psychique, et la réalité de sa relation avec le fameux Vincent. On sent que c'est un film post MeToo, dans la façon dont les personnages appréhendent les violences sexuelles et laissent l'espace aux victimes pour s'exprimer, avec quelques variantes mais toujours dans la bienveillance. Et Julie d'être relativement hors du lot en rejetant toute aide durant la majeure partie du film alors que l'on sent qu'elle est très entourée et soutenue dans cette prise de parole qui n'interviendra que très tard.

Un peu de mal quand même avec la rigidité des cadres (bien que je comprenne l'intention je crois). Et la thématique du tennis un peu barbante quand on aime pas spécialement ça. Et la photo souvent trop terne à mon goût. La BO est assez belle avec ce canon de voix récurrent, elle rythme beaucoup le récit. L'actrice principale est très bien, je n'ai relevé aucun faux pas, et heureusement qu'elle porte aussi bien ce scénario pour faire passer ces 1h37 qui seraient assez pénibles sans son jeu impeccable.