j'étais très ambivalent avec ce film.
d'un côté, mon amusement devant l'inextinguible #passionmigrants du cinéma français, puis une curiosité devant combien de fois peut-on raconter la même histoire de gentils migrants et leurs gentils soutiens face aux méchants refractaires et au terrible etat français avant de se dire qu'on commence doucement à avoir fait le tour ?
d'un côté, l'angle comédie tf1 me semblait inédit pour ça, donc je voulais bien voir ça. d'un autre, la citoyenne du monde qui distribue les bons et les mauvais points de l'accueil de migrants dans les terres profondes françaises en écrivant depuis sa maison à los angeles, ça me semblait impossible. mais je me disais que c'était tellement impossible qu'elle avait avait forcément conscience et qu'elle allait l'intégrer dans le film.
je pensais ça parce que, d'un côté, j'ai une sympathie eternelle pour julie delpy, je suis un chien fidèle et la trilogie des before est dans mon adn donc je suivrai ses aventures jusqu'à la fin des temps. d'un autre, elle n'a quand même pas un bon film à son actif.
puis il avait ce titre, à la fois transparent (les vrais barbares ne sont pas ceux que l'on pense...!) et profondément insultant (ça ne se fait pas de traiter les gens de barbares parce qu'ils ne pensent pas la même chose que toi, c'est vrai pour des gens à l'autre bout du monde mais aussi pour les gens à l'autre bout de la france). mais si elle avait voulu faire un film méchant, elle aurait pousser le truc, faire une comédie noire et sale sur la décivilisation, ça aurait pu être tout à faire marrant et offrir un nouvel angle qui sortait des gentils contre les mechants.
mais rien de tout ça, hein. et les premières minutes furent terribles, cette brochette de comédiens copains millionnaires parisiens qui singent (mal) les bouseux, le malaise total. elle semble viser un humour cringe, saf que le truc lui-même est cringe, du coup la gêne est terrible vraiment. j'étais comme ça :
puis l'histoire s'installe. très rapidement, l'argument central (un village croit, enthousiaste, accueillir des réfugiés syriens puis déchante quand ce sont des syriens) montre ses limites. je vois l'attrait : illustrer concrètement le whataboutism favori des militants de gauche il y a 2 ans, sur les différences de traitement des différents groupes. sauf que ça fait, à la limite, un sketch, et pas une histoire. une fois qu'ils sont là, le truc disparait pour être juste la famille syrienne dans le village, point. et par ailleurs, ce n'est pas "le village" qui déchante, c'est le militant d'extreme droite local, sinon globalement tout le monde est charmant.
et on arrive donc au film de migrants tout ce qu'il y a de plus basique, the old oak 2 : la famille dans le village, les gentils les aident, les méchants critiquent, la nourriture réunit tout le monde, quelques malentendus mais au final tout est bien qui finit bien.
reste donc l'angle de la comédie tf1. j'aime sa capacité à tenter différents trucs, elle l'avait déjà avec lolo, et le film n'était pas mauvais et il y avait des passages réussis dans le genre même si on voyait que ce n'était fondamentalement pas son truc. et la question se reposait ici : peut on vraiment faire un film dans un genre que l'on n'aime pas, qui n'est très manifestement pas son terrain naturel...? ici, la réponse est clairement non. il y a des petites blagues, principalement regroupées au début quand elle fait des sketchs sur la situation, puis... plus rien. elle n'a pas de talent pour les situations comiques, ne sait pas créer de personnages comiques en dehors de la caricature, puis tout simplement ça ne l'intéresse pas trop. elle raconte son histoire, point, et le souci c'est qu'elle tire de son emballage comédie mainstream principalement une autorisation accordée à elle-même de faire de la merde. c'est dégueulasse visuellement, la photo lumineuse la plus plate de l'histoire de la création, la flemmardise et l'absence totale de style de la mise en scène, c'est absolument impossible. puis, dans l'écriture, cette décomplexion totale pour aller dans la caricature. ça peut créer des personnages amusants (ça n'est pas le cas ici) mais le problème c'est que comme elle passe 85% de son temps à raconter son histoire sérieusement, ça reste dirigé par ces personnages absurdes. donc les syriens ne sont pas seulement très gentils et dénués de personnalités humaines comme tout migrant du cinéma français qui se respecte, ce sont par ailleurs les phares de la civilisation mondiale : l'un est architecte, l'autre docteur, le troisième artiste, ils sont généreux, drôles, plus progressistes et occidentaux dans l'âme que l'occidental le plus progressiste du 11ème arrondissement. laurent lafitte est un demeuré raciste antisémiste obsédé sexiste puissance 50. julie delpy, elle, joue une prof de gauche, accueillante et soucieuse d'aider le monde entier, qui compense son absence de vie privée par son dévouement absolu à autrui. le personnage est plus étrange, il est totalement caricatural aussi, mais traité sérieusement, elle ne l’épargne pas totalement mais au premier degré : la caricature ici n'a aucune vertu comique, c'est juste que c'est mal écrit. et le récit, globalement déjà vu 39 fois et sans imagination, se termine par un épilogue qu'il est impossible de qualifier autrement que : "grotesque".
bref, ce n'était pas bien et ça ne marche pas, donc à la question initiale : "mais combien de films sur le même sujets avec la même approche peut-on faire à la chaine..." se rajoute une deuxième partie : "... sans qu'aucun ne soit particulièrement réussi ni ne marche ?".
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